Quel plaisir de voir une aussi bonne comédie, j’ai… Attendez. On me dit dans l’oreillette que Taj Mahal est un drame. Je vous assure qu’il y a méprise, le Taj Mahal de Nicolas Saada est une comédie et ça en est dramatique, je le conçois. Sur le papier (et la bande-annonce), le film était vendeur : inspiré des attentats de Bombay en 2008, on m’a vendu du rythme, du suspense, du rongeage d’ongles. Tu parles ! La grosse blague ! Taj Mahal est une vaste escroquerie, que dis-je ?! Un gros raté et pourtant, il avait du potentiel.
D’ailleurs autant commencer par le potentiel, ça va être rapide. Un sujet grave, réel, qui nous aurait garder en haleine pendant 1h30, d’autant que les sons étaient très travaillés : j’ai cru aux coups de feu, aux bombes, aux gens qui crient. Bon, le seul truc, c’est que je n’ai pas du tout cru au reste, et une atmosphère sonore n’est pas suffisante pour réussir un film. Ça se saurait !
Passons aux choses sérieuses. Je remonte mes manches. Je commence par quoi ?! Je vais y aller crescendo. La bande originale qui, pour le coup, porte très mal son nom. Elle a rien d’original, elle est moche, aléatoire, à mi-chemin entre le téléfilm érotique avec un brin de Derrick, elle fait mal aux oreilles, elle ne colle pas aux images. Un grand flou artistique, enfin… artistique… Je me comprends. La réalisation : Bonjour, je tente des plans inspirés de grands films, mais qui ne s’harmonisent pas avec mon film. Fondus au noir, images parallèles et multitude de plans inutiles (et il y en a) s’enchaînent… mal. Le réalisateur se paie le luxe non pas d’une fin, mais d’au moins trois fins (je ne les ai pas comptées), rallongeant par la même notre supplice : « ah c’est fini ! Ah non. Ah voilà. Ah non, toujours pas ! Fini ? Non pas encore » et toujours avec subtilité : fin 1 – fondu au noir – fin 2 – fondu – fin 3 – fondu. Une réalisation particulièrement riche et soutenue, faisant ressortir un suspense insoutenable… Non je rigole ! Visite guidée de l’Inde, prenons des photos, baladons-nous, on a compris que la minette se faisait chier s’embêtait dans ce palace. La vie est dure.
J’en arrive au clou du spectacle, l’essence même du comique du film : le jeu et la direction d’acteurs. J’allais dire, qu’est-ce qui s’est passé ? Bah rien justement ! Le pire, c’est que le film est traitre, l’introduction n’est pas trop mal, les balades à Bombay passent dans la mise en place, Stacy Martin est sous cannabis aussi expressive qu’un mollusque et les parents mènent leur petite vie. Soit. Normalement, au moment des attaques, on devrait la voir paniquer un peu. Pas vraiment. Réflexe de base, elle appelle son père : « papa qu’est-ce qui se passe ? » (moi j’aurais limite crié de trouille au téléphone) et le papa détendu du string : « bon, ne t’inquiète pas, l’hôtel est attaqué ». Ah merde ! Quand même ! Mais c’est grave ? Non parce que je ne voudrais pas vous stresser non plus. Cela nous a valu une première surprise, certainement une petite erreur d’interprétation. Penses-tu ! Tout du long ! Je vais vous la faire courte, car je ne suis pas en train d’écrire mon prochain spectacle : « ma chérie reste dans la salle de bains et appelle Pierre. Pierre m’a dit d’aller dans le placard ! Mais non, retourne dans la salle de bains ! Et rappelle Pierre. Non mais faut que tu sortes ! Allô papa, je vais tenter de sortir, Pierre me l’a dit. Non surtout pas, reste aux chiottes dans la salle de bains ».
Je vous passe les réflexes : aller chercher son chargeur de Nokia 3310 à quatre pattes et retourner se cacher en courant (c’est vrai que marcher devenait un peu redondant niveau action), regarder les terroristes défoncer sa porte en restant allongée au milieu de la pièce – NB : penser à aller se cacher à un moment donné.
Taj Mahal a une bande-annonce qui m’avait emballée pour au final un rendu complètement raté. L’hôtel prend feu et le film s’envole en fumée.
Sortie en salles le 02 décembre 2015.
Taj Mahal (2015) 91 min|Drama 5.2Rating: 5.2 / 10 from 27 users N/A Director: Nicolas SaadaCreator: Nicolas Saada
Actors: Stacy Martin, Louis-Do de Lencquesaing, Gina McKee