Depuis l'année passée, nous nous rendons au Festival International du Film d'Amiens. Un festival qui couvre une large palette de formats cinématographiques, du documentaire au long-métrage, qu'il soit en compétition ou dans le cadre d'un hommage, en passant par le court-métrage. Les genres y sont également très nombreux grâce aux nombreux hommages et aux artistes qui y viennent présenter les films sur lesquels ils ont travaillé. Cette année, moins de films présents à cause (entre autres...) d'un budget amoindri, mais un programme très alléchant tout de même. Et c'est avec le grand John Landis et la projection en version restauré du film The Blues Brothers qu'a débuté cette 35e édition du FIFAM. Deux anniversaires en un puisque le film The Blues Brothers ressortira pour ses 35 ans dans une copie numérique et restaurée dans les cinémas français le 18 novembre.
Ouverte au public par le biais du site du cinéma Gaumont, multiplexe dans lequel se déroulait la projection, mais également aux étudiants et spectateurs détenteurs d'une carte d'abonnement (carte licorne), la cérémonie d'ouverture, suivie de la projection du film fut une véritable pagaille. Certains avaient payé leur place 10€, tarif très élevé pour une séance comme celle-ci, n'ont pu entrer dans la salle principale. Une seconde salle, uniquement dédiée à la projection du film avec une courte présentation par John Landis, fût ouverte pour l'occasion, pour contenter tout le monde...ou presque. Les personnes accréditées presse n'avaient pas été informées qu'il fallait réserver pour accéder à la cérémonie d'ouverture et à la projection du film. Ce qui n'est pas dû à l'erreur d'une personne en particulier, mais bien à un problème d'organisation en interne puisque personne ne savait quoi dire. Certains étaient au courant qu'il fallait réserver une place, d'autres non. Véritablement un "gros bordel".
Après une bonne heure d'attente, nous avons pu accéder à la salle, grâce à certains organisateurs qui ont bien repris en mains les choses à partir du moment où des spectateurs étaient déjà dans la salle. On regrettera cependant cette pagaille et les refus de faire entrer certaines personnes dans la salle première, sachant qu'il restait entre trente et cinquante places dans celle-ci. La cérémonie d'ouverture fut simple et efficace. On en retiendra des vidéos de présentations du festival aux montages bien étudiés afin de faire retranscrire en quelques plans l'essence du cinéma proposé par le réalisateur ou directeur de la photographie en question, ainsi que la remise de la Licorne d'Honneur à John Landis par son ami Costa-Gavras qui lui fît une surprise. John Landis est un réalisateur naturel. S'il a envie de passer un coup de gueule ou de cœur il ne s'en prive pas. Avec sa voix qui porte et son charisme, difficile de ne pas l'écouter attentivement. Lors de l'arrivée de son ami Costa-Gavras, c'est avant tout la surprise qu'il exclama et non de l'émotion. Le réalisateur américain acheva son discours par quelques mots sur le film qui allait nous être projeté quelques minutes après : The Blues Brothers. Une cérémonie d'ouverture sous le signe de la musique, puisque durant sa carrière, John Landis a réalisé plusieurs clips musicaux et notamment celui de Thriller. Un clip que nous avons pu (re)découvrir sur grand écran et dans sa version longue. Un véritable court-métrage horrifique dans la pleine lignée des films réalisés par John Landis au court de sa carrière. Un moment sympathique, malgré un retard cumulé de une heure et trente minutes.
Un moment sympathique comme je l'ai dit, et je me permets une nouvelle fois d'utiliser la première personne, car cette soirée fut malheureusement en partie gâchée. En parallèle à cette soirée d'ouverture dédiée au cinéma et au partage autour d'une même passion ont eu lieu des évènements tragiques à Paris. Notre grand attachement aux réseaux sociaux fait que nous avons appris pendant la cérémonie d'ouverture et avant le lancement de la projection du film The Blues Brothers, qu'avaient lieux des évènements tragiques à Paris. Une soirée et une projection donc en partie gâchée à cause de ça. Comment réussir à danser, rire et sourire lorsqu'on sait ce qui se déroule non loin de chez soi, là où vivent hommes et femmes que l'on connaisse ou non ? Je n'ai malheureusement pas de réponse à cette question.
Les évènements, l'heure à laquelle a été lancée la projection (plus de 23 heures), sont des éléments qui font qu'il est difficile d'apprécier comme il se doit le film. Cependant au delà de sa bande-sonore démentielle, de ces moments cultes et de sa démesure jubilatoire lors les scènes de course-poursuite, The Blues Brothers est un film auquel le temps ne rend pas hommage. On garde en souvenir les grands moments, les scènes musicales, mais on oubli les divers problèmes de montage, les fondus enchaînés pas de très bon goût, ainsi que le rythme global du film qui est loin d'être exceptionnel. Au delà des moments de musiques subsistent beaucoup de scènes au rythme paradoxalement lent et mou, dont l'intérêt est d'amorcer la scène musicale suivante. Des scènes nécessaires à l'histoire, mais qui cassent littéralement le rythme du long-métrage. The Blues Brothers est et restera toujours pour l'hommage rendu au Blues, un grand divertissement, mais ne restera pas pour autant un grand film. Comme quoi, un simple et bon divertissement peut rester dans les mémoires.
La cérémonie d'ouverture et le film d'ouverture de cette 35 ème édition du Festival International du Film d'Amiens qui s'annonçait comme festive, est maintenant finie. Que nous réserve demain ?