L’événement cinéphilique du moment !
Proposer une exposition sur Martin Scorsese à la Cinémathèque française, c’est un peu comme proposer un dialogue direct avec le public. Au-delà de l’impact évident de son œuvre, il y a avec le cinéaste une proximité immédiate qui se crée. Pour les connaisseurs comme les novices, Scorsese est avant tout un homme (et non une sorte de dieu inaccessible comme beaucoup de réalisateurs talentueux). Un homme qui se confie, s’exclame et vit au travers de la simplicité de sa passion pour le septième art. C’est donc cette intimité et cette cinéphilie (de l’auteur et de son audience) que cherche à stimuler l’exposition, comme si nous entrions nous-mêmes dans cette grande famille du cinéma qu’il évoque. L’impact de ses parents nous est d’ailleurs montré comme déterminant sur sa carrière dès le début de la visite, dans une volonté d’immortalisation du passé que rend possible son art (et la photographie), et qui l’a toujours passionné.
Car Scorsese a bien compris que le cinéma était l’art de la mémoire, aussi bien pour le moment capturé par la caméra que pour le souvenir du spectateur. Mais cette mémoire a aussi besoin d’être protégée des affres du temps, d’où le mission qu’il s’est donné de conserver le patrimoine cinématographique de tous horizons, jusqu’à ce merveilleux exercice de style qu’est La Clé de la réserve (on n’en dira pas plus pour ne pas spoiler!). Les films nécessitent ce soin, tout comme les outils de leur fabrication, principal attrait de l’exposition qui nous permet de nous émouvoir devant de nombreuses pages de script annotées, de story-boards, de lettres et autres costumes. Néanmoins, Martin Scorsese n’est pas un cinéaste uniquement tourné vers le passé. Au contraire, la visite tend à prouver qu’il a toujours su l’équilibrer avec une grande modernité, principalement au vu de ces multiples inspirations transcendées car digérées à la perfection. C’est ainsi toute la cohérence et la richesse de cette œuvre exemplaire qui nous sautent au visage, l’expression d’un cinéphile devenue elle-même objet de cinéphilie. La boucle est bouclée, tel un dialogue éternel qu’on ne se lasse pas d’entretenir, ne serait-ce que pour lui dire : « Merci ! »
Exposition du 14 octobre 2015 au 14 février 2016.