Crosswind- A la croisée des vents

Par Dukefleed
Un film? Non. Des tableaux vivants
1941, des dizaines de milliers de patriotes des provinces Baltes et leurs familles sont raflés, séparés (hommes- femmes et enfants), mis dans des wagons à bestiaux et envoyés en Sibérie dans des camps de travail. Staline nous rappelle cruellement un autre dictateur. La moitié survivront et ne seront libérés que plusieurs années après sa mort… après une quinzaine d’années de détention et travaux forcés.Un énième film sur la cruauté des dictateurs… Que nenni, le jeune réalisateur estonien de 28 ans Martti Heldesigne réalise une œuvre à part dans l’histoire du septième art. Un vrai souci artistique est au cœur d’un dispositif audacieux sublimé par un magnifique noir et blanc. Comment renouveler un sujet maintes fois traités ? Comme la caméra sur le dos d’un Kapo dans « Le fils de Saul » (sorti aussi cette année) ou en créant de véritables tableaux dans les lesquels la caméra du réalisateur se ballade comme dans « Crosswind ». Tous les acteurs sont statiques, les seules traces de vie sont un battement de cil par-là, un léger tremblement de main par-ci, une étole agitée par le vent ; la caméra nous dévoilant petit à petit toute la complexité d’une scène. L’objectif est de faire travailler mentalement le spectateur par immersion. Les seuls textes sont ceux de lavoix-off citant des extraits de lettres d’une survivante destinés à son mari ; car le support narratif est une correspondance à sens unique… ou presque. Pas de mouvement, mis à part la caméra, çà peut paraitre abscons ; mais l’émotion est bien au rendez-vous. Un seul bémol, le renfort de la musique parfois gâche l’émotion ; le silence aurait bien souvent suffit à exprimer l’horreur.Un film à voir absolument pour les cinéphiles tant l’invention cinématographique déployée est hors norme. NB : Ma compagne ne souhaitant pas regarder ce film était sur une autre activité et lorgnait par intermittence vers l’écran… elle s’est vite faite happée et était devant l’écran bien attentive dès 10’ de film.
Sorti en 2015
Note: 18/20