Les Dents de la Mer 4 : La Revanche (Cette fois-ci, c'est personnel !)

Par Olivier Walmacq

genre: action
année: 1987
durée: 1h35

L'histoire : Ellen, la femme du chef Brody, décide de suivre son fils aux caraïbes, un spécialiste de la faune sous-marine. Malheureusement, un grand requin blanc va encore semer la terreur. Cette fois, Ellen va surmonter ses peurs, et montrer au monstre de quel bois elle se chauffe.

La critique :

Rappelons un peu les faits. En 1975, Steven Spielberg invente une nouvelle forme de terreur dans le cinéma d'horreur : le requin blanc mangeur d'hommes. Immense succès à sa sortie, Les Dents de la Mer (Jaws de son titre original) devient la nouvelle référence et est salué par les critiques et la presse cinéma. Toujours imité mais jamais égalé. Les producteurs tiennent la nouvelle poule aux yeux d'or.
Trois ans plus tard, Les Dents de la Mer 2e Partie est réalisé par les soins de Jeannot Szwarc. Série B de facture plutôt honnête, ce second chapitre n'apporte pas grand-chose au film de Steven Spielberg, mais s'inscrit dans la continuité de son prédécesseur. Ensuite, les choses se gâtent sérieusement avec la sortie des Dents de la Mer 3 (John Alves, 1983).

Hormis sa projection en 3D, le film se montre peu inventif via une histoire de parc aquatique voué à la l'horreur et à la déflagration. Avec Les Dents de la Mer 3, la saga commence à tourner au ridicule, à l'image de ce plongeur qui tient une grenade du bout de la main, aidé par un de ses comparses qui désamorce la bombe, provoquant l'explosion du requin.
Mais peu importe, le public répond toujours présent et la franchise continue de rapporter un joli pactole aux producteurs mercantiles. En 1987, Les Dents de la Mer 4 : la Revanche, réalisé par Joseph Sargent, signe le glas définitif d'une saga chevrottante et redondante. La distribution du film réunit Lorraine Garry, Lance Guest, Michael Caine, Mario Van Peebles et Judith Barsi.

Quant à Roy Scheider, il apparaît à travers plusieurs flash-back reprenant les séquences des deux premiers épisodes. Autant le dire tout de suite : on tient là le pire chapitre de la saga, et de loin ! A tel point que Les dents de la Mer 4 atteint les plus hauts sommets de la bêtise et de la nanardise. Déjà, il y a ce casting de bras cassés. Michael Caine accepte de participer au tournage pour se construire une nouvelle demeure. Par la suite, il reconnaîtra n'avoir jamais vu le film dans son intégralité.
Lorraine Garry, veuve éplorée, surjoue son personnage de mère ultra protectrice. Et puis, il y a Mario Van Peebles, cet has-been qui multipliera les séries B complètement "nazebroques" tout au long de sa carrière. Attention, SPOILERS ! 
Des années après l'attaque du grand blanc, Ellen, désormais veuve du chef Brody, réside toujours à Amity avec son fils Sean qui a repris le commandement de la brigade.

Mais Sean est bientôt déchiqueté sur son bateau par un énorme requin. Horrifiée et désemparée, Ellen fuit Amity pour rejoindre son second fils Mike, marié, père d'une petite fille, et préparant un doctorat ès sciences aux Bahamas avec son ami Jake. Sur place, elle fait la connaissance d'Hoagie, baroudeur et pilote d'avion blasé, avec lequel elle se lie d'amitié. 
Mais le requin « suit » Ellen à travers le globe et se retrouve à rôder dans les eaux des Bermudes, s'en prenant au bateau de Mike et manquant de peu de le tuer. Ellen, connectée au prédateur par une relation « psychique », sent alors que ce dernier cherche à prendre sa revanche sur les Brody et qu'il ne s'en ira que lorsque les derniers représentants de la famille seront morts.

Résumons un peu le scénario du film. Le fils Brody, Sean, est dévoré par un gros requin blanc au bout de cinq minutes de pellicule. Quant au père de la famille, Martin Brody (Roy Scheider), on apprend qu'il est décédé. Visiblement d'une crise cardiaque... Mais le film entretient le doute sur les véritables raisons de sa mort. Il semblerait que ce soit aussi un requin qui ait odieusement assassiné le patriarche... Et pire encore, ce serait le même requin qui aurait avalé et déchiqueté Sean.
Ellen Brody (Lorraine Garry) le sait : ce requin affamé, aux dents acérés et à l'appétit aiguisé et pantagruélique, en veut à toute sa famille. Autrement dit, cette fois-ci, c'est PERSONNEL ! Dans les trois précédents volets, la famille Brody a toujours décimé des squales. C'en est trop !

Les requins doivent prendre leur revanche ! Le pire, dans tout ça, c'est que je n'exagère en rien mon propos. Tel est le scénario ubuesque et amphigourique des Dents de la Mer 4, Ellen Brody allant jusqu'à entretenir une relation télépathique avec le requin en carton ! Non mais franchement, comment les scénaristes peuvent-ils nous pondre de telles insanités ?
En outre, Joseph Sargent ne recule devant aucune excentricité. A cela, s'ajoute le jeu emporté et hystérique de Lorraine Garry qui en fait des tonnes. Quant à Michael Caine, il est clairement en vacances et se contrefout de son rôle d'aventurier et pilote d'avion à ses heures perdues. Entre deux, le film se focalise sur l'histoire d'amitié entre Mike et son nouveau pote, joué par un Mario Van Peebles peu concerné par son personnage. D'ailleurs, ce dernier multiplie tous les clichés du black cool, rigolo et sympa : Mario Van Peebles multiplie les blagues potaches pour mieux cacher son rôle de faire-valoir.

Mais le requin dans tout ça ? Autant le dire tout de suite : il est particulièrement discret dans cet épisode. Un peu trop peut-être, mais on comprend mieux pourquoi. Le squale est visiblement confectionné avec du plastique, ce qui est hélas visible à l'écran et rend notre chère créature peu crédible lors de ses rarissimes attaques. Néanmoins, chacune de ses apparitions, toujours plus fantasques et idiotes les unes que les autres, justifient à elles seules le visionnage des Dents de la Mer 4.
Le sommet du ridicule intervient lorsque l'énorme poisson s'en prend à Mario Van Peebles. Pourtant dévoré par le squale, celui-ci revient étrangement à la vie, à peine blessé par les crocs aiguisés du requin en mousse. Bref, dans son genre, Les Dents de la Mer 4 tient toutes ses promesses en matière de bêtise et de nanardise involontaire. Ultime chapitre de la saga (et heureusement !), le film sera néanmoins suivi par Jaws 5, alias Cruel Jaws, de Bruno Mattéi (1995), mais qui n'appartient pas à la série.

Côte : Nanar

 Alice In Oliver