[CRITIQUE] : Macbeth

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Justin Kurzel
Acteurs : Michael Fassbender, Marion Cotillard, Jack Reynor, David Thewlis, Paddy Considine, Sean Harris,...
Distributeur : Studio Canal
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité :  Britannique, Français, Américain.
Durée : 1h53min.
Synopsis :
11ème siècle : Ecosse. Macbeth, chef des armées, sort victorieux de la guerre qui fait rage dans tout le pays. Sur son chemin, trois sorcières lui prédisent qu’il deviendra roi. Comme envoûtés par la prophétie, Macbeth et son épouse montent alors un plan machiavélique pour régner sur le trône, jusqu’à en perdre la raison.



Critique :
Avec #Macbeth, Justin Kurzel signe une tragédie captivante et viscérale doublée d'une relecture appliquée de l’œuvre sombre de W.Shakespeare— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) November 18, 2015

Que William Shakespeare inspire et influence encore aujourd'hui aussi bien la littérature que le septième art, démontre non seulement la puissance évocatrice de l’œuvre du bonhomme, mais surtout l'universalité d'histoires toutes plus populaires et acclamées les unes que les autres depuis de nombreux siècles.
Rien de bien étonnant donc à ce que de multiples cinéastes s'essayent à adapter son fier ouvrage, la méthode ayant même permis à Baz Luhrman, Al Pacino et Kenneth Branagh de s'affirmer en tant que réalisateurs à part entière, à Leo DiCaprio (Roméo + Juliette) de pleinement exploser ou encore à Mel Gibson (Hamlet) et Laurence Olivier (Othello, Henry V et Richard III) de s'offrir l'un de leur meilleur rôle.

Le dernier en date, Justin Kurzel, dont la côte à vraisemblablement grimper en flèche outre-Atlantique (il met actuellement en boite l'attendu Assassin's Creed, toujours avec Michael Fassbender et Marion Cotillard), s'attaque au gros morceau Macbeth, symbole tragique du rise & fall de l'homme déjà adapté par les inestimables Roman Polanski, Akira Kurozawa et Orson Wells.
Pas un petit pari en soit, tant la figure sanguinaire qu'incarne le tyrannique chef de guerre (re)débarque à une époque ou les personnages torturés et charismatiques médiévales trouvent leur salut sur le petit et non plus écran - syndrome Game of Thrones.
Reste que le metteur en scène australien découvert grâce au très bon Les Crimes de Snowtown, à un argument de poids pour rallier tout le monde à sa cause, le génial Michael Fassbender, qui transforme chaque rôle qu'il joue en or massif et dont l'association au phrasé si unique de Shakespeare ainsi qu'à la beauté de Marion Cotillard (plus éblouissante que jamais hors de nos frontières), ne peut qu'offrir un moment de cinéma immanquable.

Ce qu'est indiscutablement cette version 2015, adaptation aussi noire et moderne que prenante incarnant une véritable descente aux enfers dans les hautes terres belles à en crever d’Écosse, dans laquelle Fassbender trouve une nouvelle performance extrême et monstrueuse à rajouter à sa filmographie.
Retranscription au pied de la lettre de l’œuvre du dramaturge anglais, qui sied à merveille à la radicalité du cinéma d'un Kurzel poussant à son paroxysme son penchant à enfermer ses personnages dans leurs derniers retranchements, émotionnellement puissant, épique comme rarement; dans Macbeth, le sang se mêle à la boue et aux larmes dans un balai de chair et de désolation méchamment furieux et chaotique ou les personnages tout comme le spectateur, ne peut sortir pleinement indemne.
Légitime de bout en bout (jusque dans le verbe très british de tous ses interprètes), esthétiquement renversant (sublime photographie d'Adam " True Detective " Arkapaw, et le score de Jed Kurzel est joliment écrasant), porté par une mise en scène inspiré (dès l'introduction hallucinante, Kurzel annonce la couleur avec une multiplication de plans larges) et sophistiqué (le travail impressionnant sur les couleurs); le second long métrage du réalisateur australien transpire de tous les pores la proposition de cinéma intense et primitive.

Dans ce cauchemar radical et macabre sur pellicule, au milieu de seconds couteaux absolument parfait (les précieux David Thewlis, Paddy Considine et Sean Harris), Michael Fassbender est follement iconique et bestial dans la peau de Macbeth, dont la quête avide de pouvoir mènera indubitablement à sa perte.
Charismatique à souhait en leader machiavélique, paranoïaque et déterminé, il éclabousse l'écran de sa prestance à tel point qu'il écraserait presque la prestation plus timide de Marion Cotillard, pourtant convaincante en Lady Macbeth, tour à tour séduisante et hystérique.
Proche du Guerrier Silencieux -Valhalla Rising de Nicolas Winding Refn (plus enivrant et mystique, dont l'aura majestueuse ne subit pas les multiples visions), Justin Kurzel signe avec Macbeth une tragédie captivante et viscérale doublée d'une relecture appliquée.
L'un des meilleurs films de cette fin d'année ciné 2015, et possiblement (les Weinstein sont à la prod) l'un des des favoris aux prochains oscars...
Jonathan Chevrier