L’Hôtel du Nord est avant tout une histoire d’amour, de celle qui fait mal, plus qu’un lieu où les habitués y ont élu domicile. Un jeune couple décide d’en finir par amour, pour être heureux, mourront ensemble, de toute manière, nous n’avons plus rien à perdre. Et puis un autre, atypique, mal-assorti.
Des « gueules » et des personnages populaires, pour deux couples emblématiques délivrant deux messages de l’amour bien différents. Tout d’abord le couple Annabella – Jean-Pierre Aumont : elle, est une amoureuse éperdue, au romantisme à fleur de peau, prête à s’abandonner cœur et âme pour l’homme qu’elle aime. Elle croit en l’Amour véritable. Lui est un lâche amoureux qui n’assume pas toutes ses décisions, balancé entre ses craintes et sa volonté de laisser celle qu’il aime s’envoler pour la rendre heureuse. Quand les hommes comprendront qu’une femme amoureuse est une femme déterminée, prête à souffrir et à se battre pour son homme, ils auront compris bien des choses.
Et puis il y a le duo Arletty – Louis Jouvet, deux figures charismatiques indomptables. C’est une fille de joie qui s’est amourachée d’un homme libre. Elle cache sa naïveté romantique sous son caractère et sa désinvolture de femme forte, qui ne souhaite pas se laisser piéger par l’amour et surtout dompter par celui-ci. Et pourtant. Lui est à l’image de Raymonde, il ne veut pas s’accrocher et surtout, il ne veut pas tomber dans le panneau des bons sentiments. Il va où bon lui semble, tel un grand solitaire. Et pourtant.
L’amour y est synonyme de patience et de contradictions, tantôt figure de grand romantisme, tantôt de dureté et d’émotions enfouies, entouré par les seconds couteaux qui proposent d’autres facettes de celui-ci : fidèle sur la longévité ou infidèle, apportant un aspect comique et bon vivant.
Hôtel du Nord, ce sont des femmes qui aiment et des hommes qui se perdent en aimant, des femmes qui savent ce qu’elles veulent et qui ne lâchent rien et des hommes qui ont parfois du mal à assumer leur sensibilité. C’est un film fort et dramatique par ses émotions brutes livrées au spectateur par des acteurs brillants : la tendresse, la mélancolie, les éclats de colère, les déceptions. Des va-et-vient amoureux sous l’œil protecteur des seconds rôles bienveillants de cet hôtel. Pour ma part, ces couples ont tous une certaine naïveté dans leur façon d’aimer, que ce soit en espérant, en ayant de vaines croyances ou qu’en se leurrant.
La restauration n’est pas époustouflante, l’image est certes plus claire et nettoyée, un léger grain subsiste. Cela dit, l’édition Blu-Ray fera le bonheur des cinéphiles.
- Présentation du film par Serge Toubiana (4 minutes) : Quelques minutes qui retrace la genèse du film, l’écriture initiale du scénario et la place du personnage d’Annabella dans le film face à Arletty.
- Bande-annonce originale
Sorti en Blu-Ray depuis le 04 novembre 2015.