Macbeth

Macbeth


Avec Michael Fassbender, Marion Cotillard, David Thewlis,

Paddy Considine, Jack Reynor, Elizabeth Debicki, Sean Harris


Production Britannique, Française, Américaine

Décorateur de théâtre réputé en Australie, Justin Kurzel a toujours été attentif à l'esthétique des spectacles qu'il met en scène. Son film de fin d'études, Blue Tongue, a été sélectionné dans de nombreux festivals, comme la Semaine de la Critique à Cannes, New York et Melbourne, où il a remporté le prix du meilleur court métrage.

Il signe son premier long métrage
Les crimes de Snowtown, qui décroche le prix du public au festival d'Adelaïde. Le film est présenté dans une quinzaine de festivals du monde entier, dont Toronto et la Semaine de la Critique.


est aussi réalisateur de publicités et de clips. Sa campagne pour The Earth Hour lui a valu le Titanium Award au Cannes Lins, tandis que le spot qu'il a réalisé pour le British Council a remporté le prix de Bronze au Cannes Lions.

Sur son chemin, trois sorcières lui prédisent qu'il deviendra roi.

Comme envoûtés par la prophétie, Macbeth et son épouse montent alors un plan machiavélique pour régner sur le trône, jusqu'à en perdre la raison.

Macbeth

Macbeth est sans doute l'une des oeuvres les plus célèbres de Shakespeare. Depuis sa toute première parution il y a quatre siècles, la pièce a été fréquemment adaptée ou modernisée sur scène, au cinéma ou à la télévision. Le récit tragique de ce général écossais, dévoré par l'ambition et par son destin royal, fascine depuis longtemps comédiens, metteurs en scène et spectateurs. Au cinéma, il a donné lieu à plusieurs adaptations signées notamment Orson Welles en 1948 ou Roman Polanski en 1971.
Face à l'émergence d'une nouvelle génération de grands comédiens anglais de théâtre, de télévision et de cinéma, les producteurs Iain Canning et Emile Sherman, de See-Saw Films, ont estimé que le moment était venu de proposer une nouvelle lecture de la pièce.

Othello) "Des comédiens comme Tom Hiddleston ( et Jude Law (Hamlet et Henri V au théâtre notamment) campent le premier rôle dans des pièces de Shakespeare", note Iain Canning. "Je trouve intéressant de voir cette nouvelle génération se réapproprier le répertoire shakespearien et redécouvrir sa signification."


Le moment était également opportun sur le plan des thèmes abordés dans la pièce : en effet, l'avidité et ses ravages sont plus que jamais d'actualité.

Jack Reynor, qui campe Malcolm, souligne : "L'avidité est un fléau qui peut corrompre des millions de gens et détruire leur vie. Autant dire que l'histoire de Macbeth est particulièrement bouleversante quand on a en tête le climat économique de ces dernières années."

Pour les producteurs, la mondialisation actuelle permettait aussi d'accentuer l'envergure de l'intrigue et de donner au film une dimension moderne. .
"Ce qui m'a semblé très fort dans cette adaptation, c'est l'importance du collectif et l'existence d'un vaste monde dans lequel évoluent nos personnages", souligne "Nous avons davantage mis en évidence le fait que Macbeth et Lady Macbeth habitent un monde, qu'ils en sont le produit et que leurs décisions peuvent le transformer. Nous avons donc adopté un point de vue beaucoup plus moderne et cinématographique."

En revanche, la production tenait particulièrement à préserver la langue de Shakespeare.
"On aurait abouti à un résultat extrêmement différent si on n'avait pas respecté l'usage des vers", reprend le producteur. "Notre défi à consisté à opérer quelques coupes dans la pièce aux endroits les plus pertinents, puis à constituer une équipe capable de faire oublier au spectateur qu'il assiste à une oeuvre classique à la langue archaïque."

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"Nous avons abordé la pièce avec simplicité", précise Michael Fassbender, interprète du rôle-titre. "Nous n'avons jamais cherché à bousculer le texte en vers, ou à le contourner, mais nous avons privilégié la sobriété et la proximité.

D'entrée de jeu, voulait établir un rapport beaucoup plus intime avec le texte que dans les précédentes adaptations, tout en restant fidèle à l'oeuvre. Comme avec n'importe quel scénario, on ne cherche pas à saboter ce texte magnifique, mais à l'utiliser dans le jeu et se l'approprier."

Justin Kurzel souligne : "On a tourné le film en vers, et ce n'est pas la même chose de donner la réplique à un partenaire en face de soi, et de jouer sur scène devant un public. Je crois qu'il se passe quelque chose lorsqu'on a un comédien face à soi et que la caméra s'approche au plus près des acteurs. On ne joue plus pour un large public, mais dans un cadre beaucoup plus intime."

"On a le sentiment que Lady Macbeth est un peu distante des autres femmes de cette communauté à laquelle elle appartient, comme si elle avait d'autres priorités qu'elles. Cela donne davantage de densité au rôle, et si on y ajoute la prestation stupéfiante de Marion Cotillard, l'approche du personnage est totalement nouvelle." constate la production.

Jack Reynor en convient : explique que la comédienne a beaucoup travaillé pour se familiariser à la langue de Shakespeare, malgré la barrière de la langue. "C'est parfaitement logique qu'elle ait gardé son accent d'origine, et cela apporte une dimension nouvelle au projet. Elle est d'une force peu commune et, à certains moments du film, c'est elle qui prend le pouvoir. C'est un honneur d'avoir partagé l'affiche avec elle." "C'était un formidable effort de sa part car la versification anglaise lui était totalement étrangère. Quand je l'ai contactée - et Michael et moi avions vraiment envie qu'elle participe au film, elle ne pensait pas qu'elle aurait un jour une telle opportunité et, du coup, elle n'a pas pu refuser."

lcolm. Sans formation théâtrale classique, l'acteur était séduit par l'équipe déjà constituée : "Je connaissais Michael avant le tournage et je m'entendais très bien avec lui. Au départ, j'ai donc sauté sur l'occasion de travailler avec lui. Par la suite, j'ai appris que Justin Kurzel allait réaliser le film, et il se trouve que j'avais vu Les Crimes de Snowtown. Je m'étais dit que c'était une représentation extrêmement sombre, mais captivante, de cette région du monde et de la société australienne. J'étais donc certain que, sur le plan esthétique, il s'en sortirait très bien. "

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a été intéressé par l'évolution de Malcolm tout au long du film. "C'est un jeune homme qui cherche à devenir un homme et à faire face à ses responsabilités. C'était intéressant de garder en tête l'idée qu'à la mort de son père, il s'effondre et redevient un petit garçon vulnérable, et que dans le même temps, il doit ensuite se ressaisir et s'endurcir pour assumer ses responsabilités."

a particulièrement apprécié de donner la réplique à David Thewlis, qui incarne Duncan. "La toute première fois que je suis allé au cinéma, c'était pour un film avec David. C'était extraordinaire de me trouver sur le même plateau que lui. Il a campé Duncan comme un homme timide et un roi peu sûr de lui. On éprouve de la compassion pour lui, on pleure sur son sort, car son seul crime est de ne pas être aussi fort que l'était son père."
Iain Canning ajoute : "En général, pour Duncan, on a tendance à choisir un acteur beaucoup plus âgé que . De notre côté, on voulait trouver un comédien qui représente un défi physique et psychologique à Macbeth, mais qui soit son contemporain. David s'est imposé dans le rôle de Duncan car il lui apporte un mélange de force et de fragilité, donnant au personnage une vraie densité qu'on ne voit pas souvent."

Si Lady Macbeth est écossaise, la présence de Marion Cotillard apportait une dimension supplémentaire au film. "C'est ce qui nous a permis d'avoir un personnage central qui possède une part de mystère", constate Ian Canning.

"Je ne pouvais pas laisser passer la chance d'interpréter ce personnage en anglais, renchérit la comédienne. Nous avons tous travaillé la langue avec Neil Swain qui, bien plus qu'un répétiteur, est surtout un spécialiste de Shakespeare. Avec lui, nous nous sommes immergés dans l'univers shakespearien, et il ne s'agissait donc pas seulement de trouver le bon accent, le rythme et l'énergie nécessaires."
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"J'étais sûre qu'un jour je jouerais Lady Macbeth, souligne l'actrice qui a une proximité rare avec l'Écosse et la pièce. Mais je pensais que je le ferais en français et sur scène. Quand on m'a proposé ce projet, j'ai été surprise, pour ne pas dire autre chose."

"On a dû faire un gros effort, car Shakespeare peut être difficile à comprendre, même pour des Anglais," déclare l'actrice.

"Mais cela a suscité une énergie qui nous a galvanisés tout au long du tournage."


"Justin instaure une vraie complicité sur le plateau, et chacun a envie de lui faire confiance. Il est époustouflant dans le travail, et je suis convaincu que tous ceux qui ont participé à l'aventure lui font une confiance totale. C'était effrayant. Mais sans ce type de difficulté, cela n'en aurait sans doute pas valu la peine, et j'ai adoré relever ce défi. C'était formidable de pouvoir jouer en vers avec ces partenaires, qui n'avaient pas reçu de formation shakespearienne classique." in

En revanche, le texte en vers met en valeur l'une des grandes forces de Shakespeare : la langue comme outil de manipulation. Et dans
Macbeth , la manipulation est permanente : "Quand on voit Michael avec Marion, ou Michael et Paddy Considine, on a le sentiment d'être dans Les Affranchis, car ces personnages cherchent à manipuler leur interlocuteur de manière intelligente et sournoise", explique le réalisateur.

Il y a là un sous-texte qui reste dans le non-dit, et ce qui est captivant dans , c'est que la tension souterraine se manifeste sans artifice.

Tandis que les scénaristes s'attelaient à l'adaptation de la pièce, les producteurs ont cherché l'interprète de
Macbeth , choix déterminant pour l'ensemble du tournage.

"Après Shame, on avait vraiment envie de retravailler avec Michael Fassbender," indique "Alors qu'on travaillait sur l'adaptation, on s'est dit qu'on lui enverrait à tout hasard le scénario. Mais plus on y pensait, plus on se rendait compte qu'il était le seul correspondant à nos attentes."

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De son côté, , qui s'est imposé rapidement comme l'un des comédiens les plus doués de sa génération, a aussitôt décelé le potentiel de cette nouvelle adaptation.
"C'était captivant de bout en bout, note-t-il. C'est un texte extraordinaire et ce genre d'occasion ne se présente qu'une fois. Du coup, j'ai tâché de me préparer de mon mieux et de soulever toutes les questions que je pouvais me poser afin de ne rien laisser au hasard"

estime que donne une véritable humanité au personnage : "Son interprétation n'a rien de théâtral : on cerne parfaitement l'état d'esprit de cet homme. Ce qui est sidérant, c'est qu'on voit sa folie prendre corps. On sait qu'on ne peut rien faire pour lui et qu'on ne peut pas l'aider, si bien qu'on assiste aux événements en train de se dérouler - ce qui peut surprendre dans une pièce que chacun connaît assez bien. Elle recèle encore de surprises et d'émotions."

Une fois engagé dans l'aventure, il a fallu trouver un réalisateur à la hauteur du comédien et capable d'apporter une dimension nouvelle au texte. La présence de au casting a suscité de nombreuses convoitises.
"Avec Michael dans la distribution, beaucoup de réalisateurs se sont portés candidats", indique la production.

. a réussi à faire exister un monde qui s'appuie sur son expérience du théâtre et qui offre un éclairage authentique sur l'époque médiévale Mais le film se déroule dans un univers proche du Far West, comme un western. C'est un monde difficile, où les habitants tentent de survivre, et je pense que Macbeth choisit la voie du meurtre pour avoir une vie meilleure dans un monde hostile"

a mis au point cet univers grâce à ses recherches, en se focalisant notamment sur la véritable histoire du monarque. Mais c'est en découvrant
"À quoi ressemblait cette époque ? Était-elle particulièrement violente ? Cela m'a beaucoup fait penser à un western, et l'atmosphère m'a semblé beaucoup plus effrayante que dans les adaptations antérieures de la pièce." Macbeth sous les traits d'un guerrier que le réalisateur a eu envie de participer au projet. "Le spectre de la guerre plane sur les personnages et ce film m'offrait donc l'opportunité de transposer ce climat de manière cinématographique. Comment Macbeth se comporte-t-il en temps de guerre ? Est-il un produit de la guerre ? En quoi cela influence-t-il son ambition de devenir roi ? C'était passionnant de voir un personnage tenter de substituer à son traumatisme, et à sa peine, son obsession pour les liens du sang." note le réalisateur.

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La présence de a achevé de convaincre "Je ne me serais pas engagé sans Michael. Je l'ai rencontré après avoir terminé mon premier film : c'est l'un des meilleurs acteurs de sa génération, et de très loin, si bien que j'avais envie de travailler avec lui pour ses qualités humaines et artistiques. Dès que j'ai appris qu'il avait donné son accord, je n'ai pas hésité une seconde à m'embarquer dans l'aventure." confie-t-il.

D'ailleurs, c'est après la découverte par des Crimes de Snowtown - et avant même que l'idée de confier la réalisation du film à ne soit évoquée - que l'acteur a demandé à son agent d'organiser un rendez-vous. "J'ai immédiatement eu envie de travailler avec lui. En me fiant à ce que je percevais chez lui sur un plan personnel et à nos conversations, j'ai compris qu'on allait s'entendre. Tout est parti de là, et l'amitié et l'estime que je lui porte, à titre professionnel et personnel, n'ont fait que croître. Sa compréhension subtile du texte et la précision de son regard m'ont guidé à chaque pas "

Le film a été tourné en sept semaines - soit 36 jours pour être précis - et intégralement en décors extérieurs, sauf pendant six jours. note "L'authenticité était un objectif prioritaire pour le réalisateur, qui tenait à créer un monde parfaitement crédible et cohérent, et il en parlait d'ailleurs comme d'un univers de western" Laura Hastings-Smith. L'aridité du monde de Macbeth fait du paysage un personnage à part entière et, du coup, il était essentiel de tourner au coeur de ce paysage. souligne : "On a délibérément choisi de tourner le film en extérieurs, et cela nous a posé beaucoup de difficultés, mais a ancré l'histoire dans la réalité et a établi un lien entre le cadre naturel, les dialogues et le jeu des comédiens, et c'est ce qu'on ressent dans le film. Cela donne un côté réaliste et concret à l'ensemble, ce qui est inédit dans un film en vers."

Le tournage a présenté de nombreux défis, et notamment parce qu'il a fallu tourner en extérieurs en plein hiver. "À un moment donné, on a eu l'impression d'être jugé par William Shakespeare en personne. Soit il soutenait de temps en temps notre démarche, et il faisait en sorte qu'on ait la météo adéquate pour les scènes de tempête - et il se trouve qu'on tournait ces scènes au moment où la Grande-Bretagne subissait les pires conditions climatiques de son histoire. Soit, il voulait tout simplement qu'on interrompe le tournage !",

Selon Laura Hastings-Smith, c'est Michael Fassbender qui, en se plaçant en tête, a aidé ses partenaires et les techniciens à affronter les conditions climatiques difficiles. "Il s'implique tellement dans ce qu'il fait, il est d'une telle force physique et tellement focalisé sur son personnage, qu'il était un vrai chef pour nous tous". On se disait que si Michael y arrivait, on pouvait y arriver nous aussi."

D'ailleurs, tous les comédiens ont fait face aux difficultés climatiques sans jamais se plaindre : "Marion a dû tourner des scènes hallucinantes, pieds nus dans la lande et sous la grêle. Elle est, elle aussi, une grande professionnelle. Je crois que c'est parce qu'ils croyaient au film, et qu'ils croyaient en Justin - qui ne les a jamais lâchés - qu'on a obtenu ce qu'on voulait."
Marion Cotillard ajoute : "Lorsqu'on est porté par l'énergie d'un grand réalisateur et par la force de l'histoire, on ressent la magie de son dispositif et on trouve l'énergie de faire ce qu'il nous demande, même s'il faut supporter le froid et des conditions parfois difficiles."

"Cela a créé des liens entre nous. Quand on voit son chef-décorateur passer par-dessus la caméra à cause du vent, ou lorsque Marion Cotillard disparaît dans un marécage en marchant, cela rapproche les comédiens et les techniciens." confie le réalisateur.

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déclare : "Tout ce qu'on distinguait des techniciens, c'étaient leurs orbites qui perçaient la grisaille - des hommes qui travaillent dans ce métier depuis 25 ans et qui affrontent les pires conditions météo qui soient."

On se pince et on se dit, "C'est délirant et dingue", ajoute Kurzel. "Mais je pense qu'on ressentira les efforts fournis par les comédiens et, espérons-le, le rôle déterminant que joue le paysage dans la psychose de Macbeth"

"La vie n'est qu'une ombre qui passe ..."

Justin Kurzel livre avec ce Macbeth une réalisation particulièrement noire et angoissante. Si certaines séquences sont trop longues et inutiles, d'autres, au contraire, restent totalement déroutantes, voire envoûtantes. La photographie d'Adam Arkapaw y est pour beaucoup. Elle tout simplement remarquable.

Le réalisateur plonge au plus profond de la noirceur et de la dérive sanguinaire de ce couple assoiffé de pouvoir. "Le moment était également opportun sur le plan des thèmes abordés dans la pièce : en effet, l'avidité et ses ravages sont plus que jamais d'actualité." Déclare la production.

Le film nous entraîne dans un puits sans fond avec une rage omniprésente, destructrice et d'une violence inouïe.

La direction d'acteurs est remarquable.

Les comédiens donnent le maximum. David Thewlis, Jack Reynor, Paddy Considine sont les principaux protagonistes aux côtés desquels Michael Fassbender et Marion Cotillard, habités par leurs personnages, sont véritablement pris au piège des ambitions de ce couple meurtrier qu'ils incarnent à l'écran.