K-19: Le Piège des Profondeurs

Par Inglourious Cinema @InglouriousCine

En juin 1961, en pleine Guerre froide, dans les eaux de l'Atlantique nord, Alexei Vostrikov, le capitaine du premier sous-marin nucléaire de l'arsenal soviétique, le K-19, découvre que le système de refroidissement du réacteur principal est défaillant. A son bord, des ogives et un moteur à propulsion atomique menacent d'exploser si la température au coeur du réacteur ne baisse pas rapidement. Coupés du monde extérieur et du reste de la flotte russe à cause d'une panne d'antenne, le capitaine Vostrikov et son second Mikhail Polenin doivent surmonter leurs différends pour faire face à la crise et éviter un accident nucléaire. Par ailleurs, si une telle explosion se produisait, les Etats-Unis pourraient croire à une première attaque soviétique et déclencher une guerre totale.

K-19 : Le piège des profondeurs – 18 Septembre 2002 – Réalisé par Kathryn Bigelow
Quant en 1995, le sympathique Tony Scott débarque avec son palpitant U.S.S Alabama ou encore en 2000 avec le U-571 de Jonathan Mostow, l'industrie n'est pas dépourvue de film mettant en scène des sous-marins. Et l'on se demande légitimement qu'elle sera le prochain à s'aventurer sur ce terrain là. Il s'agit de la célèbre Kathryne Bigelow qui avant son immense succès critique pour le tétanisant « Zero Dark Thirty » ou encore son triomphe aux Oscars 2010 pour « Démineurs » avec pas moins de 6 récompenses dont celle du meilleur film, s'attaque à une partie de l'histoire de l'URSS, celle des premiers sous-marins nucléaires dont le maudit « K-19 » !!!
Alors que le monde est depuis quelques années en pleine guerre froide, les deux superpuissances que les USA et l'URSS se lancent dans une course effréné à l'armement. Poussant ainsi toujours plus loin le développement technologique. A la fin des années 50, les dirigeant soviétiques veulent rattraper leur retard vis a vis des USA dans le domaine des sous-marins nucléaires. Le premier de la flotte sera le « K-19 ». La pression est telle que de la conception des plans a la production des différents sous-marins, plusieurs officiers doutent de leur fiabilité ainsi que de leur capacité à être opérationnel pour le combat. Des doutes qui se vérifieront des le début de la construction du « K-19 » en 1957. Le chantier est constamment endeuillé, par divers incident tragiques, une constante malheureuse qui continuera jusqu’au drame de 1961.
A quelques semaines de son inauguration, le K-19 continue ses manœuvres sous le commandements clairvoyant du capitaine Mikhail Polenin. Honoré pour l'instant d’être à la tete de ce nouveau fleuron de la marine soviétique, il a la faveur de ces hommes et ne ménage pas ses efforts pour que le K-19 soit opérationnel.Hélas la proximité qu'il entretient avec ces hommes vas le desservir car si cela s'avère être un plus indéniable en mission, les instances du parti le trouve trop laxiste. Ceux qu'ils ne peuvent tolérer en vue de la mission cruciale que le K-19 va devoir assumer. C'est ainsi que débarque sans ménagement un nouveau commandant, le capitaine Alexei Vostrikov. Un homme approuvé et taillé sur mesure par le parti communiste. Il est intransigeant, dévoué, dur et bien plus idéologue que son tout nouveau commandant en second le capt Polenin. Une arrivé qui est plutôt mal vécu, Polenin voit ses choix remis en cause tandis que l'équipage subit sans discontinus des inspections poussées à l’extrême. Mais Vostrikov n'est là que pour une chose, accomplir sa mission et la mener a son terme quoiqu'il en coûte ! C'est ainsi que l'équipage appareille, dans un climat de tension omniprésent. De plus, pleins de petits accidents ou encore de mauvais présages viennent se rajouter à cela. Et dire qu'ils ne savent pas pour les nombreux problèmes techniques non résolus …
Une chose qui peut surprendre si l'on ne connaît pas les derniers films de Kathryn Bigelow, c'est le peu d'action présent ! Car à contrario des films de Scott ou de Mostow à la même époque (Ou presque …), le récit se concentre sur l'homme ainsi que sur l'équipage en tant qu'entité. Écrit par Louis Nowra et Christopher Kyle, leur scénario s'appuie en partie sur la collaboration des survivants du K-19 qui ont participé a la production du film ainsi que sur un respect minutieux de l'histoire en tant que tel. Selon le souhait de certains survivants leurs noms ont été changé mais aussi des faits qui sont présentés autrement. Quelques changement éparses qui ne parasite en rien le portrait de ces hommes qui se tissent au long des drames qu'ils connaissent sur cette mission à bord du K-19.
Et comme j'ai pu constater dans « Démineurs » et « Zero Dark Thirty » Kathryn Bigelow prend son temps pour bien développer son intrigue ainsi que ses personnages. Le résultat est un film au tempo assez lent, ou les tranches de vie à l’intérieur du K19 succèdent aux manœuvres incessantes qui eux même précédent les drames. Un ensemble parfaitement géré et rythmé qui sert à dresser l'image d'une URSS certes communiste mais qui présente des facettes multiples ; Vostrikov l'archétype du militaire soviétique jusqu'au boutiste, Polenin le militaire « humain », Ratchenko la jeune garde embrigadé et idéaliste puis il y a Pavel, le « sans-grande » qui fait avec sérieux son travail ! Si cela semble manichéen, cela permet cependant de faire deux choses ! L'antagonisme Vostrikov/Polenin sert de ressort narratif et ensuite cela permet de développer les personnages en instaurant de la nuance avec beaucoup de soin. Réunissant ainsi progressivement les personnages au même plan !
Kathryn Bigelow fait ainsi correspondre cela aux événements que subit le k-19 ! Les éléments (Personnages) se resserrent au fur et a mesure que celui ci flanche (K-19), faisant tomber les barrières et les grades ! Un effondrement hautement « symbolique » de l'U.R.S.S qui révèle toutes les contradictions d'un modèle basé sur l'idéologie communiste. Car du commandant au simple matelot, ils ne sont qu'un rouage de l'U.R.S.S, un individu quelconque dans la masse, remplaçable et corvéable à souhait occultant l'individu. La réalisatrice leur donne une vie, des aspirations, des envies et un cœur, ce qui est un brin naif mais qui s'avère primordial pour casser la froideur et l’étroitesse d'un sous-marin nucléaires. Et au détour d'une scène de fin hivernale, le mur est tombé à Berlin, l'URSS n'est plus, les survivants se réunissent et fêtent enfin leurs morts, leurs amis, leurs frères, des anonymes pendant trente ans qui retrouvent enfin un visage …
Un fond qui se mêlent à merveille à l'action du film. Et la réalisatrice ne se perd jamais dans les dédales fait d'acier de se cercueil ambulant. Du début à la fin, c'est d'une très grande précision tant de par son rythme subtil qui sait accélérer quand il faut que par son montage adéquat qui ne casse jamais la continuité de l'histoire et de l'action ! Un beau travail de montage signé Walter Murch auquel on peut rajouter la belle partition de Klaus Badelt qui sait rendre au mieux la tension, ou l'émotion présente à l'écran. Précis dans ses cadres ainsi que dans la composition de chaque image, c'est un film qui est aussi très beau, mis en lumière par Jeff Cronenweth, le chef-op des derniers David Fincher dont l'acclamé « Gone Girl » ! Un plaisir pour les rétines qui appuis aussi le contraste entre la froideur dogmatique de l'URSS et la chaleur qui se dégagera peu a peu d'un équipage aux abois et humains ! Et pour les incarner, on trouve au casting, deux acteurs de poids. Tout d'abord il y a Harrison Ford qui joue Vostrikov et l'imposant Liam Neeson dans le rôle du capt Polenin; deux sensibilité différentes qui se glisse au mieux dans les pas de leurs rôles respectifs, avec force et talent. Deux têtes d'affiches auxquelles s'ajoutent le talent de Peter Sarsgaard ainsi que la touchante dévotion de Christian Camargo … 
Splendide Drame ou les malheurs révèlent les hommes !