How to get away with murder ou comment tuer une série à coup de flash-backs incessants

Par Amandine97430

De: Peter Nowalk.

Avec: Viola Davis ( The Help, Get on up), Alfred Enough ( Harry Potter, Broadchuch), Jack Falahee ( Slider, Blood and circumstance), Aja Naomi King ( Black List, Les mots pour lui dire), Matt McGorry ( Elementary, Orange is the new black), Karla Sarza ( The jesuit, Ni repris ni échangé), Charlie Weber ( Dr House, Mords-moi sans hésitation), Liza Weil ( Gilmore Girl, Urgences).

Synopsis Allociné: Annalise Keating possède toutes les qualités requises chez un professeur de droit pénal. Brillante, passionnée, créative et charismatique, elle symbolise également tout ce à quoi on ne s’attend pas : sexy, imprévisible et dangereuse. Que ce soit lors d’un procès ou dans une salle de classe, Annalise est impitoyable. Avocate de la défense, elle représente les criminels, des plus violents jusqu’à ceux suspectés de simple fraude. Son objectif est de faire presque tout ce qui lui est possible pour gagner leur liberté. De plus, chaque année, Annalise sélectionne un groupe d’élèves, qui se révèlent être les plus intelligents et les plus prometteurs, à venir travailler dans son cabinet. Car apprendre auprès d’Annalise est l’occasion d’une vie, celle qui peut tout changer pour ces étudiants, et cela pour toujours. C’est exactement ce qui se produit lorsqu’ils se retrouvent impliqués dans un assassinat qui fera vibrer toute l’université…

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Avec Shonda Rhimes, c’est pile ou face, quitte ou double. Y a jamais d’entre deux. Prenons l’exemple de Grey’s Anatomy; je n’ai pas attendu qu’elle tue Dr Mamour pour me rendre compte combien la série était mauvaise. Elle l’a été bien avant d’ailleurs juste après nous avoir offert un des moments les plus intenses de la série enfin pour ma part: la mort de Denny avec en fond sonore l’inoubliable Chasing cars du groupe Snow Patrol.

Le problème avec la showrunner c’est qu’à un moment, son équipe et elle donnent trop dans le drama, drame proche des télénovelas même. Par ailleurs, ils ne savent pas aimer les personnages qui font tout l’intérêt et nous font aimer la série. C’est peut-être le jeu mais à force de jouer et de tirer sur la corde sensible, il en résulte une certaine cacophonie, toujours plus de nouveaux personnages toujours moins charismatiques et crédibles. Des drames encore et en veux-tu en voilà tous plus incroyables les uns que les autres et ce, toujours en fin de saison pour garantir le retour des fans à la saison suivante. Oui, Grey’s Anatomy a une  mécanique bien huilée; elle offre sans doute ce qu’on attend d’elle mais au bout du compte a-t-elle encore quelque chose de valable à offrir et à nous raconter?

Il n’empêche qu’entre-temps, TeamShondaRhimes est capable de nous offrir une série comme Scandal. Et là, on se dit qu’il y a de l’espoir même si la série n’est pas exempt de défauts et qu’elle est à des années lumière de ce que les Underwood nous offre. Pourtant, dés les premiers épisodes, j’ai été dingue des gladiators en costard. Et de, Olivia et Fitz bien sûr.

Et puis, arrive Murder. Tout le monde s’accorde à dire que la série est géniale proposant un suspens du tonnerre. Évidemment, l’espoir était grand et l’attente d’autant; je me dis qu’on aura droit à un show de qualité.

Et, alors? Eh ben, je n’ai pas accroché. Certes, ça se laisse regarder mais les failles sont nombreuses. A commencer par des flashback incessants qui cassent le rythme général de la série toute entière n’apportant strictement rien si ce n’est tuer le peu de suspens présent.

A la fin de la première saison, j’étais lassée de voir la cheerleader propulsé dans les airs par ses camarades, du feu de joie sous tous les angles et surtout, de Mickaela pleurant dans les bois. Le summum a été de nous ressortir tous les flashback réunis en un seul épisode et vu, cette fois-ci dans l’ordre.  L’épisode le plus inutile de la saison; du remplissage pur et simple!

L’autre défaut manifeste de cette série c’est de voir les mêmes événements vécus par les différents personnages. Oui, on ne voit pas la même chose mais à peu près si. C’est d’ailleurs, une des raisons qui m’a fait lâcher The Affair. Je sais que ce procédé et les flashbacks sont à la mode mais c’est épuisant de toujours voir la même chose. D’autant que cette forme de narration est redondante surtout ici puisque la série regorge de personnages. En parlant de ces derniers, j’insisterai peu sur leur antipathie à part Connor ( son histoire avec Oliver est un gros plus pour l’ensemble de la série) et Wes. Les autres m’ont paru caricaturaux, faux et insupportables comme Mickaela pour ne citer qu’elle. Concernant l’inoubliable Paris, Bonnie aurait dû prendre un peu d’elle tant elle parait effacée ici.

Vient le délicat sujet de la prestation de Viola Davis; celle qui lui a valu un Emmy Award  dernièrement face notamment à Robin Wight et Claire Danes. Au delà du symbole, parlons de la performance. Autant j’ai été bluffée par le jeu de l’actrice dans La couleur des sentiments autant là je l’ai trouvé dans l’excès. Trop dans la surenchère à la fois dans son jeu et dans l’apparence de son personnage. Ce dernier point s’explique sans doute par son besoin d’effacer toute trace de ses origines modestes; et au contraire, d’afficher sa réussite. Mais encore une fois, ça fait trop.

Ce qui m’a dérangé également c’est la personnalité d’Annalise Keating. Tantôt manipulatrice tantôt fragile tantôt séductrice tantôt autoritaire. Y a jamais de demi mesure avec elle; et on a l’impression qu’elle enfile les traits de caractère comme on enfile un vêtement: facilement, facilement remplaçable par un autre…etc. Qui est-elle derrière le masque qu’elle affiche? On n’en sait rien tant la psychologie est balayée à coup de flashbacks et d’intrigues secondaires mineures et inutiles.

Comme avec le reste des personnages, on n’arrive pas à s’attacher à elle. On reste indifférent à ce qui se passe, on assiste de loin à leurs aventures parce que notre intérêt n’est jamais ravivé, parce qu’on est jamais séduit. Il n’y a pas de continuité dans la qualité mais beaucoup de relâchement et de négligence.

Tout à l’heure, je parlais justement du rythme; revenons-en. Quand j’ai regardé la série, je n’avais pas en tête le nombre d’épisodes. J’ai été surprise de constater qu’après la mort de XY, ça continuait.  Cet épisode dans sa construction ressemblait davantage à une fin de saison. De plus, je trouve délicat d’amener une mort en début ou milieu de saison; à ce jour, seul POI a réussi cet exploit alors que la tâche était terriblement ardue vu la victime en question.

Pour en revenir à la série du jour, cela nous aurait offert un cliffhanger du tonnerre nous tenant ainsi en haleine jusqu’à la saison prochaine. Au lieu de ça, ça continue avec de nouveaux personnages ( une fois encore ça sonne comme une nouvelle saison) qui donnent l’impression d’arriver comme un cheveu sous la soupe et de deux, de ne servir que de faire valoir à l’impressionnante Annalise Keating et de son  prétendu sens moral.

Concernant le final, je n’ai pas été transporté ni transfiguré. Regarder la fin de la saison 3 de Castle ou encore la fin de la saison 1 de Lost; et là, vous pourrez dire qu’il y a un suspens de dingue. Ici, cela ressemble plutôt à un pétard mouillé tant on a tourné le spectateur en bourrique. On a droit aux énièmes répétitions, pleurnicheries et incohérences qui ont ponctué toute cette saison 1.

Selon moi, Murder n’est pas une série pour durer dans le temps; mais quand on voit une série comme Flashfoward et le potentiel qu’elle avait s’arrêter alors que d’autres non je me dis que tout est possible. En revanche, je ne crains ni pour Law§Order ni pour The Good Wife car le droit ne m’a jamais autant plu que  » dans le système pénal américain … » et grâce à la brillante Alicia Florrick.

7 SUR 20