Genre: science-fiction
Année: 1951
Durée: 1h28
L'histoire : Une soucoupe volante atterrit sur Terre. Alors qu'on les croyait hostiles, les extraterrestres sont en fait porteurs d'un message de paix pour l'humanité.
La critique :
Robert Wise. Un nom célèbre dans le cinéma hollywoodien. Eclectique, Robert Wise ne s'est jamais confiné dans un genre particulier. Le réalisateur apprécie à la fois l'épouvante, le fantastique, la comédie musicale et la science-fiction. Le cinéaste a donc signé de nombreux classiques et/ou films cultes : Le récupérateur de cadavres, West Side Story, Star Trek le film, La Maison du Diable, La mélodie du bonheur et La canonnière du Yang-Tse. Vient également s'ajouter Le Jour où la Terre s'arrêta, sorti en 1951.
A juste titre, le long-métrage est souvent considéré comme la toute première oeuvre d'envergure du cinéma de science-fiction américain. Surtout, le film de Robert Wise annonce toute une floppée de productions de SF et d'anticipation avec pour sujet d'inquiétude le contexte de la Guerre Froide, prélude à une probable Troisième Guerre Mondiale.
Au moment de sa sortie, le film laisse les spectateurs pantois. Il produit aussi une impression prégnante sur les critiques et la presse cinéma qui encensent les qualités esthétiques du long-métrage. Mais pas seulement. L'air de rien, Le Jour où la Terre s'Arrêta est une oeuvre éminemment complexe qui nécessite plusieurs niveaux d'analyse. Ce n'est pas un hasard sur le film a connu un remake homonyme (et médiocre), réalisé par les soins de Scott Derrickson en 2008.
La distribution du film réunit Michael Rennie, Patricia Neal, Hugh Marlowe et Sam Jaffe. Michael Rennie interprète l'alien anthropomorphe de service. Il est la vedette du film. Malgré lui, et tout au long de sa carrière, son nom sera toujours associé à celui de Klatuu.
Par la suite, l'acteur multipliera surtout les rôles secondaires dans des téléfilms et des séries télévisés. En outre, Michael Rennie tient ici le rôle de sa carrière. Attention, SPOILERS ! Lors d’une journée d’été ordinaire, une soucoupe volante traverse les cieux américains et se pose à Washington. La population, prise de panique, ne sait comment réagir face à cet évènement.
Deux êtres sortent du vaisseau : Gort, un robot à l’allure redoutable, et Klaatu, un extra terrestre aux apparences de terrien. Ce dernier essaie d’entrer en relation avec les hommes qui, se sentant menacés, finissent par le blesser. Emmené à l’hôpital, Klaatu rencontre des responsables politiques avec qui il tente de discuter du danger du surarmement. Se heurtant à un mur d’incompréhension, il décide de fuir et de transmettre son message au monde entier.
Le Jour où la Terre s'Arrêta fait partie de ces films de science-fiction pessimistes qui véhiculent un message à la fois politique et pacifique. Rappelons qu'à l'époque, les Etats-Unis et l'U.R.S.S. se sont engagés dans une course à l'armement. La tension monte entre les deux nations. Les Américains vivent dans la peur et la paranoïa d'une nouvelle guerre nucléaire.
Peu à peu, la chasse aux espions communistes s'engage sur leur territoire. En l'occurrence, la Société des Nations (SDN), devenue l'Organisation des Nations Unies (ONU) en 1945, se transfigure ici en Société pour la Paix Interstellaire, voire Universelle. Tel est le message porté par notre étrange visiteur. Accompagné d'un robot, lui aussi énigmatique, Klatuu se fond dans la population humaine.
Activement recherché par la police et l'armée, l'extra-terrestre s'accointe et sympathise avec un jeune impubère. Mais Klatuu ne vient pas seulement avertir les Terriens. Il cherche à rencontrer les grands dirigeants politiques de notre monde. Dans un premier temps, ses intentions ne sont pas vraiment pacifiques. A ses yeux, l'espèce humaine ne mérite pas d'être sauvée.
C'est donc avec un ton comminatoire qu'il s'adresse à son nouvel ami scientifique. Hélas, une réunion entre les divers réprésentants du monde semble impossible à organiser. Sceptiques, les politiques s'interrogent sur les réelles intentions de Klatuu. Sa civilisation serait-elle capable d'anéantir notre planète ? L'alien ne tarde pas à délivrer la réponse.
Très vite, c'est la panique générale puisque le monde entier est privé d'électricité pendant plusieurs heures. Un avertissement sans conséquence mais destiné à montrer toute la puissance d'un Klatuu bien déterminé à marteler et à imposer son message. Peu importe que les Terriens s'entretuent. Mais désormais, leur technologie menace la paix stellaire et même universelle.
Comme une évidence. Tous ces années de progrès, de technologies diverses et de sciences n'ont servi qu'à nous néantiser. Plusieurs milliers d'années après l'Homo Sapiens, l'Homme est toujours est un être archaïque qui obéit principalement à ses pulsions morbides. Parallèlement, le personnage de Klatuu fait penser à une sorte de Messie ou de prophète prêchant la bonne parole.
En ce sens, Le Jour où la Terre s'arrêta pourrait s'apparenter à une allégorie chrétienne. Le sort de Klatuu n'est pas sans rappeler celui de Jésus-Christ. Une fois sur Terre, l'extra-terrestre est promptement abattu. Pourtant, il revient à la vie, les balles n'ayant aucun effet (ou presque) sur lui. Sur notre planète, Klatuu prend le nom de Carpenter, en français "Charpentier", soit la profession de Jésus-Christ.
Enfin, lorsqu'il comprend que les hommes sont incapables de discerner son message pacifiste, il décide de retourner vers les cieux. Bref, à sa manière, le film contient de nombreux symboles religieux. Néanmoins, à aucun moment, Robert Wise ne cherche à complexifier son récit. D'ailleurs, le scénario du film est assez simpliste et laconique. Le réalisateur va directement à l'essentiel, ce qui explique la courte durée du film (à peine une heure et demi).
Robert Wise ne s'embarrasse pas spécialement avec la psychologie de ses protagonistes. Par exemple, le personnage de Klatuu n'est pas spécialement attachant. Probe et d'une placidité exemplaire, l'extra-terrestre se contente d'asséner son message. Il reste parfaitement insensible aux yeux doux et énamourés d'une jeune femme qui le protége. Ensuite, aucune histoire parallèle ne vient troubler ou ponctuer le récit. Néanmoins, la mise en scène de Robert Wise, à la fois sobre et efficace, permet de créer une tension de tous les instants. C'est probablement pour cette raison que cette version est toujours aussi fascinante.
Cependant, il faut bien l'admettre : le film a tout de même bien souffert du poids des années. Déjà parce que la Guerre Froide n'est plus d'actualité depuis longtemps.
Enfin, les effets spéciaux, en particulier le robot du film, prêtent évidemment à sourire. Toutefois, force est de constater que le message porté par Klatuu, lui, n'a pas vieilli...
Note : 16.5/20
Alice In Oliver