Hugh Grant, la coqueluche de ses dames, revient cette année dans une comédie à peine romantique, qui sortira directement en DVD et Blu-ray le 2 décembre 2015 chez Metropolitan Filmexport. Réalisé par Marc Lawrence II, Les mots pour lui dire signe la quatrième collaboration entre l’acteur et le réalisateur après L’Amour sans préavis, Le Come-back et Où sont passés les Morgan ? Intitulé The Rewrite outre-atlantique est le film typique dont la traduction française est une arnaque marketing. Il s’agit ici de faire croire au public à une comédie romantique où l’on retrouverait l’acteur de Coup de foudre à Notting Hill, le long métrage étant en fait un sous-produit du Cercle des poètes disparus dont les mots nous manques pour décrire la prétention d’un telle parenté.
Keith Michaels, un scénariste ayant connu un succès retentissant puis qui a ensuite vécu une véritable traversée du désert, rejeté par Hollywood, se voit proposer un poste de professeur d’écriture, dans une université, par son agente Ellen (Caroline Aaron). Dragueur invétéré, misogyne maladif, il sympathise avec deux étudiantes, Holly (Marisa Tomei), mère au foyer ayant repris ses études et Karen (Bella Heathcote), jeune fille en pâmoison devant le scénariste oscarisé.
Comme nous l’avons déjà dit en introduction de ce papier, Les mots pour lui dire laissera entendre à ceux qui serait tentés de l’acquérir qu’il vont visionner une comédie romantique. Il n’en est rien bien que la structure même du récit laisse l’envisager. Durant presque deux heures, l’attente en devenant insupportable, on guettera qu’il se passe enfin quelque chose de signifiant dans la relation entre Keith et l’une des deux femmes qui l’accompagnent. A la première histoire, on ne croira pas une seconde. Pour la deuxième nous ne ferons qu’espérer pour être inévitablement déçu. Hugh Grant restera malheureusement cantonné à ce rôle fade de misogyne apathique. La maigre tentative de donner à ce choix scénaristique de la consistance, en l’opposant à la professeure de littérature anglaise féministe, Mary Wheldon (Allison Janney, la voix de Madge Nelson dans Les minions) échoue en la caractérisant comme une vieille femme frigide.
Terriblement prétentieuse, l’œuvre de Marc Lawrence II fait constamment dans l’autosatisfaction en citant un tas de films célèbres auxquels il tente maladroitement de s’assimiler. Le plus important d’entre eux est Le cercle des poètes disparus dont Keith Michaels annonce qu’il va s’inspirer pour donner ses cours après avoir pris amorcer un changement d’état d’esprit. Seul aspect intéressant du récit, le héros reconsidère la vision très beauf qu’il pouvait avoir de l’art d’enseigner qu’il ne considérait d’ailleurs pas comme un art mais plutôt comme de la masturbation intellectuelle. Seul problème mais de taille, l’aspect bidochon de Keith est comme un boulet aux prétentions des scénaristes de Les mots pour lui dire. On est bien loin, très loin des envolés lyriques et poétique de John Keating (Robin Williams) dans le chef d’œuvre de Peter Weir, de sa saine révolte. A vrai dire, le chemin parcouru par Keith est quasiment nul et pour le spectateur l’impression d’avoir fait du surplace devient aussi prégnante que celle d’avoir été baladé dans le néant lorsque surgit le générique.
Pour une fois, on comprend mieux pourquoi Les mots pour lui dire, ni comédie ni drame ni romance mais authentique production tiède et sans intérêt, n’a pas eu la chance d’une distribution en salle.
Boeringer Rémy
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