Avec une ressortie remasterisée dans un joli coffret bluray blindé de bonus, le King Kong original mérite bien un culte du dimanche spécialement dédié !
L’histoire est désormais connue de tous, une équipe de tournage s’aventure sur une île perdue et la seule femme est capturée par un gorille géant qui la sauvera des dinosaures. Le gorille sera ensuite amené à New-York où il se s’échappera, créant la panique à dans les rues avnt de monter avec sa dulcinée en haut de l’Empire State Building où il sera abattu. Une histoire aujourd’hui complètement culte et toujours aussi passionnante évoquant de nombreuses choses, et c’était encore plus le cas à l’époque de la sortie du film en 1933.
Bien entendu, en plus de l’histoire et des idées de réalisation de Cooper et Schoedsack qui ont réussi à créer une jungle étonnante à l’atmosphère particulière et à conférer à l’histoire entre Ann Darrow et Kong une vraie tendresse, une part énorme de la réussite du film est due au talent de Willis O’Brien. Celui qui avait fait sensation avec ses dinosaures sur le Monde Perdu mais venait de voir son grand projet Création relégué aux oubliette confère à la marionnette de Kong une véritable personnalité. Ainsi, en plus de combats impressionnant avec les dinosaures, le gorille pouvait, avec des trucages inédits, vraiment intéragir avec les personnages et porter une forte part émotionnelle du film, aussi bien que les acteurs. Son travail est tellement exceptionnel qu’il influencera de nombreux spécialistes des effets visuels et réalisateurs comme Ray Harryhausen et Peter Jackson.
Mais comme nous le mentionnons au dessus, le film évoque beaucoup de thèmes différents, le premier étant déjà posé par son contexte post-crise de 29, avec des personnages qui doivent lutter pour survire. Ann Darrow représente ainsi ce peuple qui doit accepter toute proposition de travail pour subvenir à ses besoins. Et ce contexte est aussi celui de l’évolution de New-York alors que la ville connait un véritable essor dans la construction de gratte-ciel. A l’origine, ce devait d’ailleurs être le Chrysler Building qui devait être la star du film, avant que sa hauteur ne soit dépassée par le célèbre Empire State. Ainsi, le film se déroule dans un contexte vraiment réaliste et d’actualité pour y intégrer une figure exotique, préhistorique et romantique.
Romantique car l’histoire qui uni Kong et Ann est bien celle de la Belle et la Bête, deux être différents qui vont développer une tendresse l’un pour l’autre. Mais cette tragique histoire se finira évidemment très mal pour la Bête et donnera un autre éclairage sur la nature humaine lorsque Carl Denham, réalisateur avide de succès et qui a tenté de maîtriser la bête sans succès (figure de l’homme cherchant à domestiquer toute les forces de la nature, cherchant à dominer le monde du haut de ses buildings d’acier), déclare que ce ne sont pas les avions mais la Belle qui a tué la Bête, rejetant d’un côté la faute sur la figure de la femme sensible et objet de toutes les attentions et d’un autre sur la faiblesse de l’homme primitif (kong) maintenant remplacé par celui qui a évolué et qui a construit ces immeubles géants prenant la place de la nature.
Le film est ainsi, sous couvert d’une trame simple et fantastique, le vecteur de nombreux messages passionnants à étudier, surtout en les remettant dans le contexte de l’époque et tout autant aujourd’hui. Et King Kong remporte immédiatement un grand succès, devenant alors l’un des grands symboles de New York (et donnant un supplément d’âme à l’Empire State Building) et une figure incontournable du bestiaire du cinéma fantastique, tout en étant une révolution pour les effets visuels, inspirant de nombreux cinéastes et créateurs. Ce n’est pas pour rien que Kong est ensuite apparu dans de nombreux autres films (y compris face au monstre japonais Godzilla) et a fait l’objet de 2 remake dont celui de Peter Jackson particulièrement respectueux et réussi.