Du film au livre: hors du temps

DU FILM AU LIVRE: HORS DU TEMPS

Avec: Rachel McAdams ( Welcome back, True Detective), Eric Bana ( Délivre-nous du mal, Closed Circuit), Ron Livingston ( Fort Bliss, The end of the tour), Arliss Howard ( Rubicon, True Blood).

Synopsis Allociné: Clare aime Henry depuis toujours. Elle est convaincue qu'ils sont destinés l'un à l'autre, même si elle ne sait jamais quand ils seront séparés... Henry est en effet un voyageur du temps. Il souffre d'une anomalie génétique très rare qui l'oblige à vivre selon un déroulement du temps différent : il va et vient à travers les années sans le moindre contrôle sur ce phénomène. Même si les voyages d'Henry les séparent sans prévenir, même s'ils ignorent lorsqu'ils se retrouveront, Clare tente désespérément de faire sa vie avec celui qu'elle aime par-dessus tout...

J'avais toujours eu envie de voir ce film sans pour autant en avoir l'occasion comme souvent. Ce n'est que récemment au détour d'un rayonnage de médiathèque que je suis tombée sur le DVD en question. Plus tard, à la maison je découvre qu'il est adapté d'un best seller. Je sais déjà que j'ai envie de le lire et je tente ma chance sur le moteur de recherche de la médiathèque. Par chance, elle l'avait; je note les références de l'ouvrage dans ma liste de livres à lire en me disant que la prochaine tournée, je l'aurai.

C'est donc par le film que j'ai commencé en ayant en tête un homme qui voyage dans le temps. Et que cet homme était Eric Bana et sa belle, Rachel McAdams. Je me suis faite aussi la réflexion que cette dernière avait un penchant pour les histoires d'amour compliquées et temporelles ( Il était temps). Pour ce qui est d'Eric Bana, je me suis dit que ça faisait un bail que je ne l'avais pas vu. Sans doute est-il trop vieux pour un Hollywood toujours à la recherche de sang frais et de nouvelles têtes. Dommage car Eric Bana est un bon acteur voir très bon notamment dans ( Hector team!) et . La faute aussi au désastre du de Spike Lee qui a quelque peu entaché sa carrière. Cela dit, Hollywood a la mémoire qui flanche quand ça l'arrange.

DU FILM AU LIVRE: HORS DU TEMPS

Dans ce film, j'ai donc retrouvé avec grand plaisir Eric Bana. Il a quelque chose au niveau du physique qui me rappelle Clark Gable; le sourire en coin certainement. Pour ne rien gâcher, il est grand, très grand, brun et bibliothécaire: tout pour me plaire en fait. En plus, il est souvent nu ce qui n'enlève rien au charme du Monsieur.Cependant, je suis comme Claire c'est-à-dire que je préfère la version Henry plus âgée avec les tempes grisonnantes. Le Henry plus jeune est volage et disons le honnêtement un peu con. Mais, on se rend vite compte pourquoi et on le pardonne car tout comme Claire, on a confiance en lui.

J'ai trouvé le film dans son ensemble très agréable grâce à un duo parfaitement en symbiose et particulièrement charismatique. L'histoire d'amour de Claire et d'Henry n'a rien d'anodine; elle marque aussi le respect même si rien n'est évident pour les deux protagonistes. Il se dégage d'ailleurs d'eux une force, un courage au delà de toute épreuve qui une fois encore force l'admiration.

En outre, bien que hollywoodisé par rapport au livre, le film ne s'inscrit pas ni dans une narration classique ni dans une romcom. La caméra ne s'arrêtera pas quand Claire et Henry seront ensembles ni sur un somptueux coucher de soleil où les deux amoureux se tiendront la main. Non, pas pour Claire et Henry. La vie donne mais elle reprend aussi; et de ce point de vue là aussi, le film est honnête.

DU FILM AU LIVRE: HORS DU TEMPS

Parfois, le film est trop long parfois pas assez. Il m'a semblé par exemple qu'il n'était pas utile de montrer 50 fois le processus de disparition d'Henry bien que le voir en petite tenue vaut le détour. J'ai trouvé également que l'apprentissage d'Alba avec les différents Henry n'était pas assez présent contrairement au roman.

C'est ce qui est le plus embêtant d'ailleurs quand on lit l'adaptation après avoir vu le film, on ne peut s'empêcher de comparer. Le contraire est aussi valable mais dans tous les cas avec un peu de chance comme ici: les deux œuvres se complètent et se révèlent très instructives.

* * *

Il est évident que le film ne peut pas s'attarder tel qu'un livre de 517 pages le ferait. J'ai trouvé que le roman était plus complet comme d'habitude finalement et c'est assez logique d'ailleurs. La lecture m'a permis également de poser un éclairage différent sur le film. L'auteure a eu l'ingénieuse idée en effet de laisser la parole à la fois à Claire et à Henry comme une sorte de journal intime. On y voit leurs doutes, leurs blessures, leurs joies comme leurs faiblesses sans retenue ou presque là où le film se contenait d'un regard ou d'un geste.

Cependant, cette avalanche de mots de pensée trouve aussi ses limites au bout de 400 pages. Pas tant que cela ne soit inintéressant mais parfois répétitif. Mais ce qui m'a le plus dérangé finalement sur le long terme c'est le fait que Henry et Claire voient tout ce qui les entoure à travers les yeux d'artiste. Le moindre objet vu est quelque chose de puissant, décrit comme tel. Quoi de plus normal en même temps puisque l'auteure est peintre et a enseigné les arts.

Mais la leçon la plus rude, c`est la solitude de Claire. En rentrant, je la trouve parfois irritée ; j`ai rompu le fil de ses pensées, en brisant le silence rêveur de sa journée. Parfois l`expression de son visage m`évoque une porte fermée. Elle se retranche dans la chambre de son esprit pour y faire du tricot ou je ne sais quoi. J`ai découvert que Claire aime être seule.

Ce n'est pas que ça ne m'atteint pas cette capacité à voir le beau dans tout mais cela a tendance à surcharger le récit parfois à tord parfois à bon escient. Je crois que les passages qui m'ont le plus plu sont ceux dans le pré. La romancière décrit le paysage, les personnages comme un tableau vivant. Un tableau qui marque une naissance, une rencontre. Celle de Claire et de Henry.

Mais, dans cette beauté il y a de la gravité . Celle de la nature humaine et de la vie tout simplement. On y voit bien plus les sacrifices de Claire, sa souffrance: d'adolescence puis de femme. Une femme qui a attendue toute sa vie l'homme qu'elle aime. Elle qui avait tant recherché l'amour de l'autre, sa sécurité qu'elle peinait à trouver au sein de sa propre famille. Famille totalement occultée dans le film dois-je préciser. Et pourtant, cette partie du roman a une grande importance car il a forgé, conditionné le futur de Claire.

Il en va de même pour Henry et son père même si ce dernier est présent dans le film. Mme Kim n'y est pas elle et pourtant, elle est une mère de substitution pour le jeune homme. Par ailleurs, le travail d'Henry occupe aussi une place importante dans le récit; ses collègues également. Ce qui d'une certaine façon montre toute la difficulté de sa mission et son désir d'être quelqu'un comme les autres. Il est sans cesse tiraillé ou plutôt contrait de par ses capacités à être malgré tout quelqu'un de différent. Quelqu'un qui l'éloigne sans cesse de Claire, qui la blesse involontairement.

C'est difficile d'être abandonnée ainsi. J'attends Henry sans savoir où il est, en me demandant s'il va bien. C'est difficile d'être celle qui reste.
Je m'occupe. Le temps passe plus vite de cette façon.
Je me couche seule et me réveille seule aussi. Je me balade. Je travaille et ne m'arrête pas avant d'être fatiguée. Je regarde le vent jouer avec les détritus qui ont été ensevelis sous la neige tout l'hiver. Les choses paraissent simples jusqu'à ce qu'on commence à les analyser. Pourquoi l'amour est-il magnifié par l'absence ?
[...] Pourquoi est-il parti là où je ne peux le suivre ?

Ici, Henry m'a paru aussi pas mal injuste envers Claire presque exigeant dans sa volonté à vouloir que cette dernière reste vierge jusqu'à ce qu'ils se rencontrent au moment voulu. Tandis que lui dans un monde parallèle s'amusait quitte à briser le cœur d'Ingrid. Volontairement ou/et non, il a hanté la vie de Claire lui laissant finalement peu d'alternatives à part celui de l'aimer lui plus qu'un autre. Ceci dit, mon propos est à nuancer car à un moment donné, Claire fait bien un choix celui de choisir Henry malgré tout ce qu'elle savait ou plutôt à cause de ce qu'elle savait justement. Mais, il n'empêche que quelque part Henry est un vrai macho; et véritable tête à claque surtout la version jeune.

Néanmoins, je l'ai trouvé moins dur avec Alba et la version de lui enfant. Peut-être aussi parce qu'il est arrivé à un âge où il a acquéri un certaine sagesse et expérience. Il se sent aussi investi d'une mission celle de préparer au mieux ses deux protégés à ce qui les attend. Étant lui même passé par là, il a peur pour eux. Peur de ce qui pourrait arriver comme de ce qui ne pourrait pas arriver.

Le temps n'est rien est une histoire complexe qui mêle amour, drame et fantastique d'un même concert. La question du voyage dans le temps reste pour moi une énigme malgré les explications d'Henry et du médecin. A certains moments aussi, j'étais perdue ne sachant plus où on en était et quel Henry parlait. Ce dernier dit à un moment que futur, passé et présent se confondent et se déroulent en même temps. Et ce, avec à chaque fois une version d'Henry différente. Chaque Henry peut aller à la rencontre de l'autre époque en sachant parfois ce qui se sera et sans pour autant pouvoir changer quoique ce soit. Terrifiant non?

DU FILM AU LIVRE: HORS DU TEMPS

VERDICT:

Conseil: voir le film avec de lire le roman.