L'Oiseau Au Plumage de Cristal (Le chef d'oeuvre de Dario Argento ?)

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Genre: horreur, épouvante, giallo (interdit aux - 12 ans)
Année: 1970
Durée: 1h38

L'histoire : Témoin d'une tentative de meurtre dans une galerie d'art, un journaliste s'improvise détective et recherche l'identité du mystérieux agresseur.  

La critique :

La carrière cinématographique de Dario Argento, réalisateur et scénariste italien, débute de façon assez timorée en 1967. En 1969, Sergio Leone fait appel à ses services et à ceux de Bernardo Bertolucci pour écrire le script de Il était une fois dans l'Ouest. Pour Dario Argento, c'est une révélation. Il décide de passer derrière la caméra. Qu'à cela ne tienne, quelques temps plus tard, le cinéaste souhaite réaliser son tout premier film, et en l'occurrence son premier giallo. Son nom ?
L'Oiseau au plumage de cristal qui est aussi l'adaptation d'un roman, The Screaming Mimi, de Frederic Brown. Hélas, Dario Argento ne trouve pas les financements nécessaires. Avec l'aide de son père, il crée la Société de Production SEDA (Salvatore E Dario Argento).

Contre toute attente, le long-métrage obtient les faveurs d'une presse unanimement panégyrique. Sorti en 1970, L'Oiseau au plumage de cristal est aussi le premier volet d'une trilogie, suivi par le Chat à neuf queues et Quatre mouches de velours gris. Le giallo devient le nouveau genre de prédilection de Dario Argento. Très vite, le succès de ses trois premiers films dépassent les frontières transalpines.
Le style à la fois gothique et macabre d'Argento influence de nombreux cinéastes, entre autres, Alfred Hichcock lui-même. Peu à peu, l'élève devient l'oracle, la figure d'admiration et la nouvelle référence de ses propres maîtres. La distribution du long-métrage réunit Tony Musante, Suzy Kendall, Enrico Maria Salerno et Eva Renzy. Attention, SPOILERS !

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Sam Dalmas est un écrivain américain vivant à Rome avec sa petite amie Julia, mannequin. La nuit précédant son retour aux États-Unis, il est témoin de l'agression d'une femme par un mystérieux individu vêtu d'un imperméable noir. Essayant de lui porter secours, il est piégé entre les deux portes automatiques d'une galerie d'art et ne peut qu'observer pendant que l'assaillant s'enfuit.
La femme, 
Monica Ranieri, épouse du patron de la galerie, survit à l'attaque, mais la police confisque le passeport de Sam pour l'empêcher de quitter le pays, pensant qu'il pourrait être un important témoin. Sam est alors hanté par ce qu'il a vu cette nuit-là, persuadé qu'un élément important lui échappe. Lui et son amie deviennent les nouvelles cibles du mystérieux agresseur.

Sam se transforme alors en détective. Il mène sa propre enquête pour découvrir la véritable identité de ce tueur psychopathe et énigmatique. Premier film pour Dario Argento et un premier coup de maître ! Déjà, il y a ce titre à la fois poétique et mélancolique, donc L'Oiseau au plumage de Cristal. Avec son tout premier long-métrage, Dario Argento impose son propre style et ce qui va devenir sa marque de fabrique tout au long des années 1970 : un meurtre qui se déroule généralement dans un endroit cossu, une ou des victimes qui entretiennent toujours un rapport exigu avec le maniaque de service, une enquête volontairement labyrinthique... Tels sont (entre autres) les ingrédients disséminés par le cinéaste.
Ensuite, le scénario du film s'inspire d'un vrai tueur en série qui aurait sévi dans la ville de Florence. Voilà une anecdote qui va terrifier les spectateurs dans les salles !

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A cela, s'ajoute une façon très particulière de filmer l'espace et plus précisément le meurtre. C'est la clé de voûte du film. Au grand dam de Sam Dalmas (l'excellent Tony Musante), il est le seul témoin de la tentative d'assassinat d'une femme par un mystérieux individu vêtu de noir. Pourtant, dans la description de cette séquence, il manque une pièce importante au puzzle, quelque chose qui échappe à Sam lui-même, cette fameuse tesselle, cet objet permettant de reconstituer dans son intégralité cette scène d'une violence inouïe.
L'objet est un élément déterminant dans la construction du scénario alambiqué et fuligineux du film. A ce morceau de puzzle énigmatique, s'ajoutent des décors somptueux, de couleur d'albâtre, sorte d'immaculée conception, hélas contrariés par les meurtres et l'opinel rougeoyant du mystérieux assassin.
Parallèlement, l'enquête de la police piétine.

Le tueur s'empresse de menacer l'écrivain. La vie de Sam est en danger. C'est donc avec un ton comminatoire et sarcastique que le maniaque évoque la mort prochaine de la fiancée du cacographe. Quant au serial killer de service, sa personnalité est volontairement obombrée de brumes et de mystères. En l'occurrence, cette sorte de croquemitaine démoniaque, au passé douloureux, est la nouvelle figure du mal incarné. Dario Argento confère à ce tueur en série une aura très particulière avec une facette à la fois schizoïde, paranoïde et hystérique.
Bref, difficile d'en dire davantage sans révéler les grandes lignes d'un scénario souvent sibyllin. Peu après sa sortie au cinéma, L'Oiseau au plumage de cristal devient la nouvelle référence du genre. Le film est considéré comme le "giallo" par excellence. Un film qui fait l'objet de toutes les convoitises et qui suscite l'admiration de Lamberto Bava, un autre parangon de suspense et de terreur.

Note : 17/20