[CRITIQUE] : The Beast

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Hans Herbots
Acteurs : Geert Van Rampelberg, Ina Geerts, Johan Van Assche,...
Distributeur : KMBO
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Belge.
Durée : 2h07min.
Synopsis :
Flic brillant, Nick Cafmeyer est hanté par un lourd secret : la disparition jamais élucidée de son jeune frère. Un jour sa supérieure décide de lui confier une affaire similaire. Nick se plonge alors corps et âme dans l’enquête. S’ensuit une véritable chasse à l’homme. Pour que justice soit faite, Nick est prêt à tout...

Critique :
#TheBeast ou un excellent polar noir étouffant et choquant, une plongée brutale et sans concession dans la noirceur de l'âme humaine— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 3 Décembre 2015

Force est d'avouer que depuis le merveilleux Bullhead de Michael Roskam, le polar belge a connu a net regain de forme mais surtout un regard bien plus appuyé de la part de cinéphiles n'ayant d'yeux jusqu'alors que pour les thrillers made in US (Fincher Forever), voir la vague déferlante du Scandinoir qui noie le septième art européen depuis le triomphe de la trilogie Millenium.
Pas un mal, quand on sait que le cinéma de nos chers voisins nous a offert plus d'une pépite dans nos salles obscures ces dernières années.
Adaptation du best-seller L'Homme du Soir de Hayder, The Beast - passé par le très select festival du film policier de Beaune -, signé Hans Herbots (The Spiral), s'efforce donc de confirmer ce nouveau virage avec une hargne et une envie de bien faire plus que louable.

L'histoire du film, c'est celle d'un flic, Nick Cafmeyer, un inspecteur expérimenté suivant une carrière sans histoire, jusqu’au jour où on lui confie une enquête sur un couple séquestré pendant plusieurs jours et dont l’enfant a disparu.
Cette histoire réveille chez Nick un souvenir traumatisant, remontant à ses huit ans, celui de la disparition, non élucidée, de son frère et dont le principal suspect - un pédophile -, semble rôder à nouveau.
Commence dès lors, une traque sans répit pour le retrouver...
Délocalisant l'intrigue originale de Londres à Anvers, Hans Herbots profite du maigre budget qui lui est alloué pour rendre encore plus lugubre et étouffante l'atmosphère très sombre de son thriller monstrueux, angoissant et choquant (le film n'usurpe pas son accroche de " Thriller choc de la fin d'année "), qui met en lumière la noirceur de l'âme humaine sans la moindre concession.

Pur policier urbain, référencé (on pense autant à Se7en qu'à Dragon Rouge, sans oublier la filiation évidente au polar scandinave) et reprenant visiblement au pied de la lettre tous les codes du genre avec une assiduité folle, The Beast immerge le spectateur dans l'horreur de la pédophilie et du rapt d'enfants, un double sujet perturbant dont la violence, jamais masqué (on est quand même assez loin du torture porn), est constamment légitimé par une intrigue solide dans sa relecture du mythe du croc-mitaine.
Pesant, nihiliste et douloureusement brutal, le long métrage d'Herbots, sous ses atours de polar hautement classique, est une plongée déstabilisante et implacable en enfer porté par une sublime photographie, un rythmé haletant et un casting impeccable (le convaincant et tout en rage Geert Van Rempelberg en tête).
Bref, un pur thriller macabre, prenant et captivant dont la puissance évocatrice ne laisse pas indemne, et dont il serait bien maladroit de se priver au moment de sa sortie en salles, pile poil avant le début de la nouvelle année...
Jonathan Chevrier