L'Inspecteur Ne Renonce Jamais (Un shérif à San Francisco)

Par Olivier Walmacq

Genre: policier, action (interdit aux - 12 ans)
Année: 1976
Durée: 1h36

L'histoire : Si la police de San Francisco ne remet pas immédiatement 200 000 dollars à un homme qui vient de commettre un crime, il recommencera au rythme d'un assassinat par jour. L'inspecteur Harry Callahan est sur ses talons.  

La critique :

James Fargo est surtout connu pour avoir produit Les Dents de la Mer en 1975. Dès 1976, il décide de se lancer dans la réalisation avec L'Inspecteur Ne Renonce Jamais, le troisième chapitre de la saga, après L'Inspecteur Harry et Magnum Force. A l'origine, c'est Clint Eastwood, alias Harry Callahan, qui devait réaliser ce troisième chapitre.
Mais l'acteur est déjà impliqué sur le tournage de Josey Wales hors-la-loi. Il décide alors de passer le relais à James Fargo. Le cinéaste et l'acteur se connaissent bien. Ils ont déjà tourné ensemble dans La Sanction. Ils se retrouveront par ailleurs dans Doux, dur et dingue en 1978. Le scénario de L'Inspecteur ne renonce jamais subit de nombreuses retouches et modifications.

A la base, le script initial est écrit par deux étudiants en cinéma de San Francisco, Gail Morgan Hickman et S.W. Schurr. Fans invétérés des deux premiers films, ils s'inspirent du kidnapping d'une certaine Patricia Hearst pour le scénario. Ils rencontrent Clint Eastwood qui apprécie l'histoire. Néanmoins, l'acteur a quelques réticences. Certaines parties du script nécessitent des rectifications.
Qu'à cela ne tienne, Clint Eastwood retravaille à nouveau le scénario. Le titre original de ce troisième volet, The Enforcer, est un hommage appuyé au film La Femme à Abattre, avec Humphrey Bogart, sorti en 1951. Hormis Clint Eastwood, L'Inspecteur ne renonce jamais réunit Tyne Daly, Harry Guardino, Bradford Dillman et John Mitchum.

Autant le dire tout de suite. On tient là le dernier chapitre valable de la saga. Par la suite, la franchise s'enlisera soit dans le rape and revenge (Le retour de l'inspecteur Harry), un genre très en vogue dans les années 1970 et 1980, soit dans le navet quasi intégral (La dernière Cible). Attention, SPOILERS ! En 1976 à San Francisco, l’inspecteur Harry considéré comme trop violent par ses supérieurs, est muté de la Brigade criminelle au Service du personnel.
Or un Front de Libération du Peuple, équipé d’armes de guerre et dirigé parBobby (un psychopathe radié des forces spéciales pendant la guerre du Viêt-Nam) menace la ville. A la suite de l’assassinat, par ce groupe, de son co-équipier Di Giorgio, on adjoint à Harry une inspectrice inexpérimentée : Kate.

Ils enquêtent dans le milieu des activistes politiques ou même religieux. Ils sont sur la bonne piste lorsque les autorités arrêtent l’indicateur de Harry : celui-ci s’en prend publiquement au maire et est radié. Lorsque ce dernier est enlevé et le prix de sa rançon fixé, Harry est à nouveau chargé de l’enquête : elle le mène des quartiers chauds au pénitencier désaffecté d’Alcatraz.
Kate a tenu à l’accompagner et s’y fait tuer. Harry extermine les ravisseurs et libère le maire, tandis qu’un hélicoptère arrive avec l’argent de la rançon. Au moment de sa sortie, L'Inspecteur ne renonce jamais est presque unanimement conspué et brocardé par les critiques et la presse cinéma. Pourtant, quelques années après sa sortie, le film est réévalué par ses mêmes contempteurs.

A l'origine, ce troisième volet devait s'intituler Moving Target pour finalement se transmuter en The Enforcer, soit littéralement "celui qui donne à une loi ou à une règle sa force en l’appliquant, qui la fait respecter, au besoin par la contrainte". Un titre qui résume parfaitement l'essence même de ce troisième chapitre. Au moins L'Inspecteur ne renonce jamais a le mérite de se démarquer de ses prédécesseurs. A contre courant de Magnum Force, le film signe paradoxalement un retour aux origines, celles du premier opus, avec cette ambiance sombre, nihiliste et anxiogène.
Cette fois-ci, Harry Callahan doit affronter un groupe d'activistes révolutionnaires aux méthodes expéditives et radicales. A l'inverse, il doit toujours mener la justice et faire respecter la loi auprès de criminels ordinaires dans un San Francisco transformé en jungle urbaine.

Sur ce dernier point, L'Inspecteur ne renonce jamais n'est pas sans rappeler le premier volet. Néanmoins, le film se distingue de son modèle par son scénario, plus complexe qu'il n'y paraît. Dans cette nouvelle enquête, Harry est affublé d'une équipière aussi maladroite qu'inexpérimentée, Kate (l'excellente Tyle Daly). Egal à lui-même, l'inspecteur fulmine et agonit sa partenaire de remarques machistes et d'acrimonies dont il a le secret.
A ce sujet, James Fargo lui-même verse dans la caricature anti-féministe. Dans un premier temps, Kate multiplie les bourdes. Mais ensuite, les rôles s'inversent. Contre toute attente, la jeune femme policière devient la nouvelle protectrice d'Harry Callahan.  

Dans ce troisième chapitre, l'inspecteur joue les shérifs de service. Toujours méprisé par ses supérieurs, Harry Callahan fait fi de l'autorité et du maire de la ville. Toutefois, son portrait interroge. S'il respecte sa nouvelle coéquipière, celle-ci devra néanmoins se sacrifier pour obtenir le respect et la reconnaissance de notre cher l'inpecteur. Si James Fargo se montre plutôt compétent derrière la caméra, le réalisateur ne possède pas le même génie de la mise en scène que ses augustes prédécesseurs.
Ensuite, James Fargo nous gratifie parfois de séquences absconces à l'humour graveleux et inutile. A l'image de cette scène se déroulant dans une morgue et se terminant sous les rires et les quolibets. Mais ne soyons pas trop sévères. Ce troisième film de la série contient encore de nombreuses séquences surprenantes, parfois assez violentes, voire dramatiques, notamment la conclusion finale.
Bref, L'Inspecteur Ne Renonce Jamais marque bel et bien l'aboutissement de la saga. 

Note : 14/20

 Alice In Oliver