L'Hermine (2015) de Christian Vincent

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Christian Vincent retrouve son acteur Fabrice Luchini 25 ans après "La Discrète" (1990) pour un film beaucoup plus naturaliste que la comédie politico-culinaire "Les Saveurs du palais" (2012). Luchini quant à lui, joue dans ce film qui se trouve être un des rares films qui ne soit pas une comédie ; en effet il s'agit seulement du second film avec "Dans la maison" (2012) de François Ozon, qui ne soit pas un film pour faire rire le spectateur. Bien lui en a pris puisque "L'Hermine" s'est fait remarquer lors de la 72ème Mostra de Venise présidée par le réalisateur Alfonso Cuaron qui a remis le prix d'interprétation à l'acteur. Christian Vincent e eu idée du film avec son producteur Matthieu Tarot, ce dernier étant fasciné par le milieu judiciaire. On en vient donc à un scénario qui n'a finalement pas grand chose à voir avec les spitchs diffusés sur les différents sites cinéma (dont Allociné, Senscritique, Vodkaster... etc...)... Soit un président de Cour d'Assise redouté et solitaire se retrouve un peu destabilisé quand la femme qu'il a aimé se retrouve dans son jury pendant un procès difficile... Mais l'idylle est aussi complexe qu'immature et le procès aussi difficile que commun avec un juge dont l'austérité n'a d'égal que son tribunal. Le juge se nomme Racine, référence évidente au théâtre dont le tribunal est effectivement un ersatz étonnant avec la scène faisant face au public, les tragédies qui hantent ses coulisses.

Note :

Le juge Racine est interprété par un Fabrice Luchini impérial, aussi dur qu'émouvant, tout en sobriété mais toujours maitre du verbe dans un lieu où les dialogues sont particulièrement soignés et mettent en évidence les différences sociales jusqu'au jury. Un jury symptomatique de la diversité et symboliquement impose le panel qui représente notre République (qu'on le veuille ou non !). Des seconds rôles bien présents mais qui ne s'imposent pas à l'histoire comme la chômeuse jouée par Corinne Masiero révélée par "The Duke of Burgundy" (2014) de Peter Strickland. Le seul vrai soucis reste l'origine de cette romance, lorsqu'on apprend la source de cet amour on a du mal à y croire, le juge fait alors montre d'une immaturité qui va en contradiction avec sa fonction. Ensuite l'idylle reste assez secondaire tant le scénario se focalise sur le procès et son tribunal, le déroulement des séances, on n'est pas loin alors d'un docu-fiction sur ce sujet. Mais mine de rien l'"innocence" du juge finit par occuper une place certaine et nourrit le procès subrepticement. Finalement il s'agit avant tout de solitude, Racine est alors juste un homme qui se raccroche à la femme qui s'est si bien occupé de lui à un moment où il est un peu perdu et mal aimé. Et, comme le dit Christian Vincent le dit, il a choisi de tuorner dans un Palais de Justice parce qu'il s'agit d'un lieu "Louise Wimmer" (2012) de Cyril Mennegun. Mais celle qui compte dans le jury reste évidemment Ditte interprétée par l'actrice danoise Sidse Babett Knudsen, magnifique actrice peu connue chez nous mais qu'on a vu dans "After the wedding" (2006) de Suzanne Bier avec Mads Mikkelsen et dernièrement dans "où toutes les paraoles se croisent, où toutes les cultures cohabitent et où toutes les classes sociales se frottent. Le contraire de l'entre soi." ... Il manque sans doute les nuances (cohabitent souvent mal gré, l'horreur de certain fait, un lieu où les différences sociales sont aussi exacerbées) mais le scénario (aussi signé par le réalisateur) reste très intéressant, ne s'attarde pas au risque d'être trop explicatif voir trop pédagogique, et sous couvert d'un théâtre judiciaire il impose doucement mais sûrement un joli message d'espoir et d'optimisme sur une denrière scène simple et émouvante. Un joli film.