Le Pont des Espions "Bridge of Spies"

Par Cinealain


Avec Tom Hanks, Mark Rylance, Scott Shepherd,

Amy Ryan, Sebastian Koch, Alan Alda, Austin Stowell,

Au début de la Guerre froide, dans les années 1950, les relations entre les États-Unis et l'URSS sont déjà tendues, mais lorsque le FBI arrête Rudolf Abel , un agent soviétique vivant à New York, la peur et la paranoïa s'intensifient encore davantage. Chargé d'envoyer des messages codés vers la Russie, Abel est interrogé par le FBI, mais il refuse de coopérer et de trahir son pays. Dans l'attente de son procès, il est détenu dans une prison fédérale.

Rudolf Abel n'était pas le vrai nom de l'espion : il s'appelait Vilyam Fisher. À Brooklyn, l'homme qui se faisait appeler Abel menait une existence simple et travaillait comme peintre. Quand il a été arrêté, il n'a pas tenté de cacher son passé. Il a gardé le silence et n'a révélé aucune information sur ses activités aux États-Unis ou sur ses connexions avec Moscou. Le FBI était incroyablement frustré.


Le gouvernement américain, en quête d'un avocat indépendant pour défendre Abel, se tourne vers James Donovan un avocat en droit des assurances de Brooklyn. Cet ancien procureur lors du procès de Nuremberg est très estimé au sein de la communauté juridique pour ses talents de négociateur, mais il n'a que peu d'expérience dans les affaires de cette nature et d'une pareille ampleur, et il ne tient pas à s'impliquer. Défendre une cause aussi impopulaire le placerait sous le feu des projecteurs des médias et exposerait sa famille au regard public et au mépris, et la mettrait même potentiellement en danger.

Fière de ce que fait James, elle n'aime pas l'attention que cela attire sur sa famille et craint que cela ne mette leurs enfants en danger.


James Donovan finit par accepter de représenter Abel au nom des principes de justice et de protection des droits de l'homme fondamentaux, car il veut s'assurer que l'espion sera jugé équitablement, indépendamment de sa nationalité. Tandis qu'il prépare sa stratégie de défense, un lien fondé sur le respect mutuel et la compréhension se tisse peu à peu entre l'avocat et son client.

Donovan est convaincu qu'Abel a agi honorablement, mais quand il découvre quelles techniques ont été utilisées pour enquêter sur Abel et saisir son studio d'art et son appartement, il commence à se demander si l'homme a été arrêté selon les procédures légales. est un type de la CIA convaincu que la première des priorités est de protéger la sécurité nationale, mais Donovan a des principes différents qui reposent davantage sur la Constitution. C'est en quelque sorte le point de vue de la sécurité nationale contre le point de vue constitutionnel.

Donovan admire la force et la loyauté d'Abel et livre un plaidoyer passionné contre sa condamnation à mort, soutenant que ses actions étaient celles d'un bon soldat qui suivait les instructions qui lui avaient été données par son pays.

Quelque temps plus tard, un avion américain U-2 est abattu dans l'espace aérien soviétique au cours d'une mission de reconnaissance, et le pilote, Francis Gary Powers, fait prisonnier. Soumis à l'isolement et à la privation de sommeil, il finit par devoir subir un humiliant procès-spectacle à Moscou.

La CIA, qui nie catégoriquement avoir eu connaissance de la mission, craint que Powers ne soit forcé de livrer des informations classifiées.

Impressionné par l'éloquence de Donovan lors du procès de Rudolf Abel, l'agent Hoffman contacte l'avocat pour le recruter pour une mission de sécurité nationale de la plus haute importance. Animé par l'amour de son pays, par sa foi indéfectible en ses convictions et un courage extraordinaire, James Donovan accepte de se rendre à Berlin pour négocier un échange de prisonniers entre les États-Unis et l'Union soviétique...

En arrivant sur place, Donovan apprend qu'un étudiant américain nommé Frederic Pryor (Will Rogers) , a été arrêté à Berlin-Est alors qu'il tentait de revenir chez lui à l'Ouest. Contre les instructions de la CIA exigeant qu'il se concentre uniquement sur le pilote, Donovan refuse d'abandonner l'un ou l'autre de ces hommes et décide de négocier à la fois pour le soldat et pour l'étudiant...

Notes de production relevés dans le dossier de presse.

Au cours de son exceptionnelle carrière, Steven Spielberg, le réalisateur aux trois Oscars, a souvent abordé des événements historiques phares. Passionné d'histoire, il possède une solide connaissance de la Guerre froide qui remonte à son enfance, lorsque son père lui parlait de la profonde animosité et de la méfiance qui régnaient entre Américains et Russes à l'époque. Des histoires dont il se souvient encore : "Mon père s'est rendu en Russie pendant la Guerre froide pour un voyage professionnel, juste après que Francis Gary Powers a été abattu. Lui et trois collègues de General Electric faisaient la queue : les Russes avaient exposé la combinaison de pilote de Powers, son casque et les restes de son U-2 pour que tous les Russes puissent venir voir ce qu'avait fait l'Amérique. Il en avait peut-être encore pour une heure de queue lorsque deux officiers militaires russes sont venus vers eux et ont demandé à voir leur passeport. Quand ils ont vu qu'ils étaient Américains, ils les ont fait sortir de la file et passer devant tout le monde. Ce n'était pas pour leur être agréable : une fois qu'ils se sont retrouvés devant les objets exposés, un des Russes a pointé du doigt les restes de l'avion, puis mon père et ses collègues, en disant : "Regardez ce que votre pays fait au nôtre ! ". Il a répété cette phrase plusieurs fois, très en colère, avant de leur rendre leur passeport. "Je n'ai jamais oublié cette histoire, ajoute Spielberg, et à travers elle, je n'ai jamais oublié non plus ce qui est arrivé à Francis Gary Powers."

Après la Seconde Guerre mondiale, les deux superpuissances que sont les États-Unis et l'URSS se sont engagées dans la Guerre froide, une guerre qui ne repose pas sur des combats armés, mais sur des renseignements. Les mots sont alors l'arme ultime. C'est une époque où la propagande anticommuniste, les courts métrages éducatifs comme Duck and Cover expliquant aux enfants quoi faire en cas d'attaque nucléaire, et le traitement sensationnaliste adopté par les médias pour couvrir des événements comme le procès des époux Rosenberg, accusés d'espionnage, nourrissent la haine à travers toute l'Amérique. Une haine née de la peur de l'inconnu. Personne ne se sent en sécurité, et il est particulièrement dangereux de faire les gros titres des journaux pour avoir pris la défense d'un espion russe...

C'est une note de bas de page dans une biographie de John F. Kennedy, concernant un avocat américain que le Président avait envoyé à Cuba négocier la libération de 1 113 prisonniers qui a éveillé la curiosité de Matt Charman, un jeune dramaturge et scénariste de télévision britannique. Celui-ci a mené quelques recherches autour de ce nom dont il ignorait tout : James Donovan. Il a alors découvert qu'il s'agissait d'un avocat de Brooklyn spécialiste des litiges en assurances et très réputé dans son domaine. Mais c'est une affaire bien antérieure que Matt Charman a trouvée plus intéressante encore :

Donovan avait défendu un agent soviétique accusé d'espionnage pendant la Guerre froide, et même s'il s'était spécialisé dans le droit des assurances et n'avait pas exercé au pénal depuis longtemps, c'est à lui qu'avait été confiée la négociation de l'un des échanges de prisonniers les plus explosifs de l'histoire.

Matt Charman ne savait rien des rouages internes de l'industrie cinématographique américaine, mais il prit l'avion pour Hollywood dans l'espoir de convaincre un studio de faire un film inspiré par la remarquable histoire vraie de Donovan. Bien que le rôle de Donovan dans la Guerre froide soit resté très confidentiel, l'histoire de cet idéaliste naviguant dans les eaux troubles de la sécurité nationale et des intrigues politiques a captivé les dirigeants de DreamWorks Pictures, à qui Charman a proposé l'histoire.

Chez DreamWorks, la productrice Kristie Macosko Krieger, qui avait été coproductrice de Lincoln, se souvient d'avoir été littéralement soufflée par le sujet : "Rares sont les gens qui connaissent l'histoire de James Donovan et savent ce qu'il a accompli à l'époque, mais il était évident que c'était un sujet en or pour Steven Spielberg."
Le producteur Marc Platt, qui a notamment contribué à Into the Woods: Promenons-nous dans les bois, Drive et le prochain The girl on the train, connaissait l'histoire de Donovan et savait aussi que Steven Spielberg s'intéressait à la Guerre froide - et à l'histoire en général.

Il pensait donc que le sujet ne pouvait manquer d'éveiller son intérêt. "En tant que cinéaste, précise-t-il, Steven s'est penché sur des figures clés, des symboles, et il est capable de recréer le passé au cinéma avec un talent extraordinaire. Il était le réalisateur idéal pour porter cette histoire à l'écran". Kristie Macosko Krieger et Marc Platt avaient tous deux raison : le cinéaste a tout de suite été séduit. Mais si l'histoire oscille entre drame juridique, thriller et fresque historique, c'est le personnage central de James Donovan qui l'a le plus fasciné. L'histoire d'un avocat respecté menant une vie de famille bien rangée dans les années 50, qui se voit confier une mission dangereuse qu'il va accomplir en écoutant d'abord son instinct et ses principes, avait à ses yeux un potentiel cinématographique énorme.

Steven Spielberg précise : "J'ai grandi dans les années 50 et 60, et j'étais parfaitement conscient de la peur que suscitaient la bombe atomique et l'Union soviétique. Mais je n'ai rien su de l'échange de Rudolf Abel contre Francis Gary Powers. J'avais entendu parler de Powers parce que tout le monde savait qu'un avion espion U-2 avait été abattu et que le pilote avait été jugé lors d'un procès public. Cela s'arrêtait là. Je n'ai pas réalisé qu'il s'est passé autre chose après qu'il a été capturé, cet échange secret de ce pilote espion américain contre un espion soviétique. C'est toute cette partie méconnue de l'histoire qui m'a attiré."

Matt Charman est retourné à Londres pour commencer à écrire. Six semaines plus tard, il livrait un scénario habilement construit qui poussait à la réflexion et orchestrait un suspense haletant entre des histoires multiples.

Steven Spielberg commente : "Matt a réussi remarquablement à relier l'histoire de Powers avec l'histoire d'Abel et de Donovan."

C'est en effet une juxtaposition habile et essentielle parce que techniquement, Powers faisait la même chose qu'Abel quand celui-ci avait été arrêté - sauf qu'il agissait depuis un avion. Et Matt Charman savait qu'il aurait besoin dans la construction du scénario de faire en sorte que chaque histoire fasse écho aux autres. Marc Platt déclare : "Matt a écrit un formidable scénario, et une fois celui-ci terminé, nous avons soumis son travail aux frères Coen, parce que nous pensions que le ton de leurs films à la fois réaliste et incisif correspondait parfaitement à ce que nous recherchions pour cette histoire."
Les frères Coen, ont été enthousiasmés par l'histoire et ont retravaillé le scénario de Matt Charman en se plongeant dans la façon de parler de l'époque et en incorporant au personnage de Donovan la personnalité de Tom Hanks. Ils ont intégré d'une main experte cette expérience remarquable dans une histoire forte qui capte l'essence même de cet homme.

Steven Spielberg commente : "Joel et Ethan ont le don de nous plonger profondément dans l'âme et le coeur des personnages. Ils ont apporté à l'histoire une certaine ironie et une touche d'humour absurde - non pas à travers le ton cocasse ou décalé que peuvent parfois adopter certains films, mais dans le sens où la vie elle-même est absurde. Ils ont un formidable talent pour observer le genre humain, comme nous le savons à travers leurs précédents films, tous exceptionnels, et ils ont su apporter cette qualité au Pont des Espions ."

L'un des thèmes que les frères Coen ont tissé dans la trame du scénario a particulièrement touché le réalisateur : l'idée qu'un espion ressemble à Monsieur Tout-le-monde. Il explique : du chef monteur triplement oscarisé du chef décorateur oscarisé "Ce n'est pas une histoire classique et stéréotypée qui se joue entre espions tantôt dans l'ombre, tantôt dans la lumière, mais une histoire d'espions que l'on ne remarque absolument pas. Jamais, au grand jamais, on ne se douterait qu'ils oeuvrent contre la sécurité nationale. Entre Matt Charman et Joel et Ethan Coen, j'étais entre les mains de trois extraordinaires conteurs." Une fois la version définitive du scénario au point, le projet s'est monté très vite. Une équipe technique hors pair a été rassemblée, composée du directeur de la photographie deux fois oscarisé Michael Kahn, et du compositeur Adam Stockhausen ; de la chef costumière Kasia Walicka Maimone. Thomas Newman, cité douze fois aux Oscars. Mais également Janusz Kaminski ;

La chef costumière commente : "Notre travail consistait à donner de la réalité à ces scènes. Nous avons étudié le cas du moindre figurant parce que pour représenter efficacement une foule, il faut un mélange de styles. Quand vous devez vêtir toute une foule qui représente par exemple l'effervescence des rues de New York, la collaboration du costumier commence avec le directeur de casting des figurants, parce qu'il est bien plus facile d'habiller les figurants quand ils ont des visages qui correspondent à ce que la scène doit rendre. "
La chef costumière a également dû s'assurer que les couleurs des costumes correspondent à celles de l'époque. Dans les scènes tournées à New York, les habits sont beaucoup plus colorés, tels un symbole de la société capitaliste américaine florissante des années 50. On y voit les femmes porter du vert, du bordeaux et du jaune, tandis que les costumes des hommes sont marron, gris ou bleu marine. À Berlin, en revanche, les couleurs sont rares et discrètes, lorsqu'il y en a, car presque tout est noir et/ou gris, à l'image de l'atmosphère lugubre de la ville à cette époque.
Kasia Walicka Maimone reprend : "Adam et moi avons déterminé l'équilibre des couleurs afin que l'ensemble fonctionne en cohérence et soit efficace dans la représentation de l'époque. Nous avons intégré le plus de choses possibles en provenance du style de l'époque, avons déterminé ce qui était nécessaire pour chaque plan particulier du film, puis avons construit ces réalités pour qu'elles soient suffisamment évocatrices de la période, sans pour autant prendre l'ascendant sur l'action."

Kristie Macosko Krieger commente :
"L'authenticité est essentielle aux yeux de Steven Spielberg. Nous avons rassemblé autour de lui une équipe d'artistes et de techniciens exceptionnels, certains avec qui il avait déjà travaillé, et d'autres pour qui c'est une première."

C'est au jeune Matt Charman, scénariste d'un grand nombre de séries britanniques, que revient le grand mérite. Celui de s'inspirer de la vie d'un homme et d'avoir su en tirer un scénario fouillé, et passionnant. James Donovan. Un de ces hommes "de l'ombre" dont le talent le propulsera dans les méandres de diverses discussions et tractations diplomatiques.

Après la version définitive du scénario, coécrite avec les frères Cohen, une équipe d'exception accompagne le réalisateur. Très appliquée, peut-être trop, l'ensemble de l'équipe technique n'en est pas moins d'une très grande qualité. Janusz Kaminski, un fidèle de Steven Spielberg, le compositeur Thomas Newman, Adam Stochausen comme chef décorateur, ou encore la chef costumière Kasia Walicka-Maimone. Leur travail respectif est fouillé jusqu'à l'extrême. Presque asphyxiant tant l'ensemble se veut réaliste.

"J'ai grandi dans les années 50 et 60, et j'étais parfaitement conscient de la peur que suscitaient la bombe atomique et l'Union soviétique." a déclaré Steven Spielberg. Dans la première partie de ce film il démontre parfaitement cette hantise qui virait à la paranoïa pour un grand nombre d'américains. S'en suivra une série d'évènements cruciaux qui permettront au réalisateur de livrer un film passionnant de bout en bout.

L'ensemble du casting est remarquable. Tom Hanks, habité par son personnage, est le héros parfait et inspiré. Intraitable dans ses convictions profondes, en dépit d'ordres contraires, il ira jusqu'au bout de son engagement, et bien au-delà, avec une certaine humilité. Dés les premières images du film l'excellent Mark Rylance, le pinceau à la main, reproduit son portrait sur la toile qui lui fait face. Un détail qui semble anodin, tout autant que quantité d'autres qui viendront ponctuer toute la durée de ce long-métrage.

Ils sont la marque d'un certain génie quand un homme comme Steven Spielberg trouve dans un excellent scénario toute l'inspiration nécessaire pour réaliser un grand film.