Suite à l'assassinat du président John F. Kennedy, le procureur de la Nouvelle Orléans, Jim Garrison remet en cause le rapport du commissaire Warren. Ce dernier avait clôturé l'affaire en trouvant le parfait coupable, Lee Harvey Oswald. Pourtant avant d’être abattu par un tireur isolé, le suspect avait toujours nié sa culpabilité. Pour Garrisson, il est impossible que l’homme ait agi seul. Persuadé qu'un complot se trame, Garrison explore des pistes occultées et comprend vite que la CIA, le FBI et le Pentagone ont joué un rôle déterminant dans cette affaire. Prêt à tout pour faire éclater la vérité au grand jour, le procureur devient très vite l'homme à abattre..
J.F.K – 29 Janvier 1992 – Réalisé par Oliver Stone
Avec seulement quatre films découverts sur dix-neuf que compte la filmographie de Oliver Stone, je ne peux me considérer comme un connaisseur de son travail, toutefois il m'a suffit de cela pour l'apprécier. Et même si je n'ai pas aimé « World Trade Center », que « Tueurs Nés » m'a laissé indifférent, ou encore qu'il m'a fallu deux visions pour saisir toute la subtilité de « Alexandre », je lui suis reconnaissant à jamais pour le film dont je vais parler maintenant, l'impeccable « J.F.K » !!! Et que cela soit en version longue ou cinéma, il reste un monument intemporel du cinéma américaine de ces 24 dernières années.
John Fitzgerald Kennedy, surnommé affectueusement « Jack » est né le 29 Mai 1917 dans une banlieue huppée de Boston. Second d'une famille nombreuse avec pas moins de 8 frères et sœurs. Il reçoit une bonne éducation ou il fréquente les meilleurs établissements. Ecole privée, London School of Economics, Princeton ou encore Harvard dans laquelle il étudie l'économie, l'histoire et la politique américaine. En 1941 Kennedy veut s'enroler dans l'armée mais il est recalé à cause de ses problèmes de dos. Dans un premier temps il sera mobilisé à l'arrière, il sert par la suite sur plusieurs navires de la marine américaine et deviendra même commandant d'un bâtiment. Démobilisé en 45 quelques mois avant la capitulation du Japon, il rentre au pays bardé de plusieurs décorations dont la fameuse Purple Heart. Par la suite il s'engage en politique sous la bannière du parti Démocrate ou il mène une carrière brillante, qui le verra grimper les échelons avec une aisance remarquable. Il se fait élire deux fois à la Chambre des représentants, il est élu sénateur du Massachusetts en 1953 puis est réélu en 1958 et ensuite il se présente à la présidence en 1960 ou il devient à l'age de 43 ans, le plus jeune et le 35 ème président des États-Unis d'Amérique.
Un mandat qui fera de lui, l'un des présidents les plus populaires aux USA, de par son style, son charisme et sa jeunesse. Kennedy aura milité contre la ségrégation raciale et contre les mesures discriminatoires qui étaient encore en place dans certains états. Puis pour la conquête de l'espace avec le programme Apollo. Mais d'un autre coté en pleine guerre froide, il s'engage encore plus au Vietnam, il subit le débarquement raté de « La baie des cochons » et doit faire face à l'une des crises les plus graves de cette période, celle des missiles de Cuba.
A l'aube de son parcours pour la présidentielle en 65, J.F.K est un président populaire dont la politique est attaquée de toutes parts par des ennemis farouches, la droite réactionnaires, la CIA, les anti-castristes ou encore Fidel Castro. Et lors de son voyage à Dallas le 22 Novembre 1963, J.F.K est abattu lorsque le cortège traverse Dealey Plaza. Un drame pour la nation qui sera très vite résolu en arrêtant un certain Lee Harvey Oswald. Une vérité qui ne sera pas acceptée par tous. Le plus sceptique d'entre eux étant le district Attorney de la Nouvelle Orléans Jim Garrison. L'histoire d'un homme que le film s'attelle à raconter ….
Une vie marquée par son combat pour démonter les vérités sur la mort de J.F.K que Jim Garrison couchera sur papier des années plus tard avec le journaliste Zachary Sklar ! Le livre qui s'intitule « On the Trail of the Assassins » est édité en 1988. L'éditrice du livre fait alors parvenir un exemplaire à Oliver Stone qui après l'avoir lu, achètera les droits pour 250 000 dollars. Un achat qu'il payera de sa poche et qui sera la base de son travail pour le film. Il achètera aussi par la suite les droits du livre de Jim Marrs « Crossfire ; The Plot That Killed Kennedy » et collaborera a son tour avec Zachary Sklar pour écrire le script de J.F.K !
Et vu le fait traité, la complexité de l'affaire, du contexte et de la difficulté a trier le vrai du faux, le scénario de JFK est une merveille du début à la fin ! Oliver Stone maîtrise son sujet qu'il aborde avec beaucoup de sérieux.
Un aspect presque didactique ou l'on distingue quatre parties ! En premier lieu l'assassinat vu par les écrans de tv jusqu'à l'arrestation de Oswald; ensuite il y a la vérification de la thèse officielle de la commission Warren par l’équipe de Garrison ; par la suite c'est au tour du procureur Garrison d'émettre sa théorie en l'étayant au mieux et enfin le climax du film « Le Procès ». Un enchaînement d'une logique implacable qui ne souffre d'aucune contestation, vu que le film ne fait qu'analyser ce qui est factuel et même quand Garrison échafaude sa plaidoirie finale, cela ne découle que des faits. A partir de ça libre à nous d'y adhérer ou non.
C'est clairement ce qui est fascinant dans le film ! Car d'un coté, on peut se placer en retrait et rester un simple spectateur ou alors s'interroger de la même façon que le procureur Garrison sur ce que l'on découvre peu a peu. Oliver Stone implique ainsi le spectateur en le plaçant au niveau des investigations, nous plongeant de facto dans cette enchevêtrement d'images diverses et variées qui brouillent les frontières entre fiction et réalité. Hypnotisé par une enquête qui nous dépasse, on ne continue que pousser par une irrésistible envie de savoir la vérité ! Jusqu'à un procès d'une grande intensité qui ne résoudra rien mais qui sera la réaffirmation d'un idéal fait de liberté, de justice et de vérité cher a Garrison et bien évidemment à Oliver Stone.
Son scénario ne serait rien sans le talent qu'il injecte pour le réaliser ! Car au delà d'une écriture brillante et savamment documenté, c'est aussi mise en scène avec beaucoup de précision et de goût ! Le montage du film signé par Joe Hutshing et Pietro Scalia est excellent du début à la fin, les plans s’enchaînent à merveille sans qu'on ne le ressente. Ce qui donne au final du rythme ainsi que de la vie a cette splendide reconstitution de l'Amérique des années 60, admirablement détaillée. Et les décors signés Victor Kempster ou encore les costumes de Marlene Stewart finissent de nous transporter dans cette époque là ; tandis que le travail du chef-opérateur Robert Richardson fait aussi des merveilles pour rendre à la fois les couleurs de l'époque et l'aspect irréel de certaines séquences. Quant à la bande originale, ce n'est autre que l'illustre John Williams qui la signe, apportant la touche supplémentaire d'ampleur et de lyrisme a cette immense fresque.
Le casting du film quant à lui est d'une grande qualité, entre Tommy Lee Jones, Gary Oldman, Michael Rooker, Joe Pesci, Sissy Spacek, Jack Lemmon, Donald Sutherland ou encore Kevin Bacon, c'est solide et vraiment très bon ! Mais si je n'avais qu'a en prendre un, c'est bien évidemment Kevin Costner dans le rôle de Garrison. Un rôle qu'il s'approprie, qu'il porte avec courage, force et détermination. Jamais dans l’excès, il donne corps aux idées qu'il porte et le dernier acte au combien intense, entre détermination et émotion, signe l'apothéose d'un film au combien réussi.
Une oeuvre magistrale sur l'un des plus grands mystères de ce siècle porté par un Kevin Costner incorruptible.