Sorti en 1985, Les Goonies est devenu au fil des ans un objet culte. A tel point que trente ans après sa sortie il n'a pas fini d'attirer les curieux à Astoria, charmante ville côtière de l'Oregon, au grand dam de la propriétaire de la maison où se passe l'action. En 2005, à l'occasion des vingt ans du film culte, Sandi Preston décide de recouvrir de bâches bleues la façade de sa maison, excédée par le flot de badauds qui s'abat tous les jours sous ses fenêtres. Dans les journées les plus chargées c'est environ un millier de personnes qui peuvent défiler devant la demeure. Et le phénomène atteint une telle ampleur qu'il agace aussi le voisinage. Il arrive que les visiteurs cinéphiles bloquent la route en raison de leur nombre trop élevé. Et lorsque la foule se retire, c'est une véritable pollution qui pointe le bout de son nez : mégots, sachets de gâteaux et de bonbons, bouteilles de bière. Autant d'ordures qui stagnent dans le jardin de Sandi Preston mais également dans le quartier. Voilà de quoi donner du travail supplémentaire aux services municipaux de la ville et taper sur les nerfs de la propriétaire. Pour parer aux visites intempestives, elle a donc décidé de mettre en garde les visiteurs sur le caractère impromptu de leurs visites mais également de demander à l'office du tourisme d'Astoria de ne plus encourager ce type de tourisme depuis l'été 2015. Moralité : avant de craquer pour une maison, toujours vérifier qu'elle n'a pas joué le premier rôle dans un film.
#4. La propriété des Warren
C'est une leçon durement apprise par un couple de retraités en 2013 avec la sortie de The Conjuring : les dossiers Warren. Depuis Norma Southcliff et son mari, propriétaires de la bâtisse qui a inspiré le film, vivent dans l'angoisse. Le film d'horreur de James Wan relate l'enquête des époux Warren, sorte de pourfendeurs du paranormal, venus en aide à la famille Perron, alors occupants de la maison d'Harrisville dans les années 70. Norma affirme au Woonsocket Call, une gazette locale, que l'histoire l'a d'abord fait rire. Elle poursuit : " Depuis tout ce temps, je n'ai jamais croisé un fantôme ! " Malheureusement la sexagénaire est vite passé des rires aux larmes lorsque des gens se sont mis à téléphoner et débarquer chez elle. Les visiteurs ont de quoi être indésirables puisqu'ils se permettent de rentrer dans l'enceinte de la propriété à deux heures du matin pour prendre des photos. Et Norma de s'inquiéter du profil un peu particulier de ces derniers qu'elle imagine très bien allumer des bougies pour convoquer les esprits dans son salon, à lire les conversations de fans sur des forums consacrés au film. Évidement, l'habitante n'a reçu aucun soutien de la part de l'équipe de production du film. Bien au contraire, s'ils l'ont contactée c'est pour lui proposer d'apparaître dans une émission sur les maisons hantées tournée dans le cadre de la promotion du film. Merci les mecs ! Suite logique, les propriétaires ont décidé d'attaquer la Warner en justice. Moralité, suite : avant de craquer pour une maison, toujours vérifier qu'elle ne donnera pas lieu à un film non plus...
#3. La plage de Phi Phi Lee
Après les répercussions humaines et psychologiques, voici venir les répercussions écologiques. Parce qu'un film, malgré son caractère un peu extraordinaire, c'est semblable à une entreprise éphémère qui vient poser ses valises pour un bon moment. Les tournages laissent forcément une empreinte de leur passage, peu importe les efforts de la production pour la minimiser. C'est tout le débat autour du tournage de de Danny Boyle qui a eu lieu sur l'île thaïlandaise de Koh Phi Phi. Comme si l'île n'était pas assez idyllique, l'équipe de production a choisi d'y aller au bulldozer et de refaçonner le paysage. Ils ont également abattu quelques cocotiers, arraché de la végétation et ratissé quelques dunes pour donner la sensation d'une plage plus large et toujours plus paradisiaque. On rapporte que de nombreuses ordures et autres déchets jonchaient les alentours. La production est parvenue à mettre de côté un fond pour le nettoyage et la restauration du site mais leurs tentatives ont été jugées insuffisantes. Certains éléments du paysages ont été irrémédiablement détériorés et il se murmure que les déchets éliminés des lieux sont revenus aussi vite, portés par le vent. C'est tout naturellement que des poursuites ont été menées et ont traînées jusqu'en 2006 où la court suprême thaïlandaise a réclamé quelques 100 millions de bahts aux accusés pour les dommages causés. Une affaire d'autant plus sordide qu'on connaît l'impact négatif d'un tourisme de masse en Thaïlande. A trop chercher la perfection des décors et de l'image on peut se perdre dans d'énormes aberrations.
#2. La grotte de Devetashka
Continuons dans le scandale écologique avec la grotte Devetashka, située en Bulgarie et dans laquelle a été tournée une scène du film . La production du film d'action est aussi couillu que son casting (où figurent entre autres Sylvester Stallone, Jason Statham, Jet Li, Chuck Norris) puisqu'elle n'a pas hésité à éradiquer quelques milliers de chauves-souris pour les besoins d'une scène musclée. Avant le tournage, en Février 2012 les chercheurs ont recensé quelques 30 000 chauves-souris abritées dans la grotte. Après le passage des équipes de tournage, il ne restait désormais plus que quelques 8 000 spécimens. Les chercheurs expliquent qu'au moment du tournage, les chauves-souris entraient en phase d'hibernation. Une période où elles requièrent un grand calme. Et Antonia Hubancheva, œuvrant au centre de recherche sur la protection des chauves-souris, d'expliquer : " Imaginez que vous voulez dormir et que Stallone et ses amis décident d'organiser une petite sauterie dans votre chambre. Vous faites une nuit blanche [...] pendant des mois jusqu'à ce que vous vous retrouviez vidé de toute votre énergie et sans provisions pour passer l'hiver. " Et l'équipe n'y est pas allé de mains mortes puisque sont en cause des explosions, tirs d'artificiers et autres activités polluantes tant sur le plan physique que sonore. Par la suite, la justice bulgare a fait remarquer que le permis de tourner n'étant pas en règle. Après les faits, Sylvester Stallone aurait été condamné à verser 6630$ en réparation du mal causé, sous l'impulsion de différentes associations écologistes. Une situation qui nous confirme que The Expendables 2 est un gros nanard capitaliste qui écrase tout sur son passage.
#1. Le desert de Mad Max Fury Road
2015 marquait le retour du héros Mad Max et de son réalisateur survitaminé George Miller. Un retour majoritairement loué par les cinéphiles et la critique. Au moment où sortait Mad Max : Fury Road on ignorait pourtant que le tournage avait causé un désastre écologique dans le désert du Namib fin 2012. Si le film de George Miller est impressionnant c'est qu'il a déployé des moyens faramineux pour tourner son spectaculaire thriller d'action apocalyptique. Ainsi les écologistes et professionnels du tourisme de la région ont dénoncé les conditions de tournage de la superproduction hollywoodienne. Tommy Collard rapporte que les guides touristiques ont été empêché de promener leurs visiteurs dans les zones utilisées lors du tournage. Il fait également constater la création de gigantesques pistes dans des lieux jusqu'alors totalement vierges. La faune et la flore ont également pâti des aventures de Mad Max : des spécimens de gecko, lézards et caméléons mais également des cactus ont été tué. L'équipe du film est même accusée d'avoir camouflé les dégâts infligés à l'environnement en ayant tiré du sable et supprimées la végétation atteinte. Là encore le permis et les autorisations de tournages sont mis en cause. On les accuse de ne pas être assez précis pour encadrer un tournage aussi dense. Plus étonnant dans cette histoire, c'est que l'équipe de production a trouvé un allié incroyable : le NFC (la Namibia Film Commission). Celle-ci s'est offert un encart dans un magazine pour réfuter les accusations. Une autre situation qui nous montre que, comme disait Voltaire, quand il s'agit d'argent tout le monde est de la même religion...