John truby : les 7 etapes cles d’une histoire (2)

A lire :
JOHN TRUBY : LES 7 ETAPES CLES D’UNE HISTOIRE (1)

Nous avons commencé à voir précédemment les 7 étapes indispensables d’une structure commune aux bonnes histoires. Continuons l’étude des étapes.

2) Le désir

La première étape consistait à définir une faiblesse et un besoin chez votre personnage. Vous devez maintenant lui donner un désir. Votre personnage devrait avoir quelque chose dont il veut absolument dans votre histoire. Ce quelque chose devient son objectif, son désir incoercible.

C’est souvent lorsque le désir est clair dans l’esprit d’un lecteur que celui-ci commence vraiment à s’intéresser à l’histoire. Ce désir du personnage principal est comme une ligne directrice pour le lecteur. A partir du moment où ce dernier a compris quel était le désir qui animait le héros, un lien s’est créé entre lui et le héros.
Cette force que constitue le désir maintient en place tous les éléments dramatiques de l’histoire.

Le désir est intimement lié au besoin. C’est le besoin qui crée le désir. Sans un besoin préalablement établi (dès la première étape), il n’y a point de désir et donc pas d’histoire parce que l’histoire se résume en fait à combler un besoin. Le comblement du besoin consiste donc en la complétion de l’objectif.

Le désir et le besoin ne sont pas à confondre. Il s’agit bien de deux éléments dramatiques distincts même si l’un (le désir) dépends entièrement de l’autre (le besoin).
Comme ces deux éléments sont indispensables pour débuter votre histoire, il y a tout intérêt à bien comprendre leur fonction et savoir les mettre en place.

Nous avons vu précédemment que le personnage doit surmonter une faiblesse qui le paralyse d’une manière ou d’une autre pour avancer. Cette faiblesse génère un besoin (sommairement, celui d’avancer).
Le désir, quant à lui, corresponds à un objectif qui est extérieur au personnage. Il veut quelque chose et à partir du moment où son désir est clairement établi, le personnage avancera dans une direction précise et il prendra les décisions pour atteindre cet objectif.

Par rapport au lecteur, le besoin montre comment doit changer le personnage pour avoir une vie meilleure, pour être simplement quelqu’un de meilleur. C’est en fait la clef de toute l’histoire mais elle doit rester sous la surface, cachée.
Le désir est partagé par le personnage et le lecteur. Il reste vivace et entier tout au long des rebondissements et des tribulations du héros. On le perçoit encore si l’histoire se lance dans quelques digressions par rapport à son sujet mais le désir, quant à lui, se maintient. Il est comme un fil conducteur, cependant, ce n’est pas son accomplissement qui mène à la révélation du personnage sur lui-même, à rencontrer sa vraie nature : ceci est la fonction du besoin.
Le désir permet au lecteur de comprendre de quoi parle l’histoire. Et alors que le désir est généré par le besoin, le désir autorise le besoin à se mettre au jour et d’être connu du lecteur. C’est par le désir que le besoin prend de la substance et se concrétise dans l’esprit du lecteur.

Il faut sauver le soldat Ryan
Besoin : Malgré ses peurs psychologiques et morales, John Miller doit accomplir sa tâche.
Désir : Retrouver le soldat Ryan et le ramener en vie.

Le Verdict
Besoin : Frank doit retrouver le respect de lui-même (besoin psychologique) et apprendre à agir avec équité envers les autres (besoin moral)
Désir : Gagner le procès

Gardez à l’esprit que le désir est ce que veut votre héros dans l’histoire que vous contez. S’il lui arrive au cours de l’histoire de faire part d’autres désirs, ceux-là concernent sa vie (telle que vous lui avez inventée) et non pas son objectif dans l’histoire.

Vous l’avez compris, le désir est ce qui permet au lecteur de prendre le rythme de votre histoire, d’accompagner votre héros tout au long de l’aventure. Il est alors tentant de vouloir commencer son histoire avec le désir sans passer par l’étape de la découverte de la faiblesse et du besoin du personnage (protagoniste ou autre).

La faille dans la personnalité de votre personnage et son besoin sont les fondations de votre histoire. Ils sont les éléments dramatiques qui vont rendre possible la métamorphose de votre héros à la fin de votre histoire. Ces éléments sont ce qui font de votre histoire une histoire personnelle et pleine de sens. Et surtout, ils sont ce dont le lecteur a besoin pour apprécier ce que vous lui racontez.

3) L’adversaire

L’antagoniste est généralement pensé comme celui par qui le malheur arrive. C’est un peu réducteur comme perspective.
Vous devriez plutôt le considérer sur le plan de sa fonction dans l’histoire.

A lire :
ARCHETYPES de MELANIE ANNE PHILLIPS

Un véritable adversaire ne se contente pas d’empêcher le héros d’atteindre son but mais il est aussi et surtout en compétition avec lui.
Ainsi, l’antagoniste est lié au désir du protagoniste. C’est seulement en étant rivaux pour le même objectif que le méchant de votre histoire et votre héros pourront entrer en conflit direct. Si vous leur donnez deux buts différents, ils auront certainement des difficultés pour les réussir mais il y a peu de probabilités qu’ils se rencontrent et vous n’aurez pas d’histoire à raconter.
Imaginez deux hommes voulant la même femme (ou deux femmes attirées par le même homme) et vous comprendrez ce que l’on cherche à vous dire.

Le principe est que le protagoniste et l’antagoniste ont deux points de vue opposés sur la réalité des choses. Et ils veulent tous deux appliquer leur propre réalité aux choses. Evidemment, ces deux perspectives ne sont pas compatibles et il naît un conflit.

A lire :
WILLIAM INDICK : DU CONFLIT – PART 1
WILLIAM INDICK : DU CONFLIT – PART 2
WILLIAM INDICK : DU CONFLIT – PART 3
WILLIAM INDICK : DU CONFLIT – PART 4

Pour déterminer le bon opposant, basez-vous sur l’objectif de votre héros. Le personnage qui a le plus besoin de l’empêcher de réussir cet objectif sera son antagoniste.
Il faut que le conflit soit intense. Toute superficialité dans son traitement sera vu comme un manque de crédibilité ou d’enjeu. La tension dramatique, le suspense, les enjeux : tout est lié dans un sens ou l’autre au conflit.

A lire :
L’ANTAGONISTE – PART 1
L’ANTAGONISTE – PART 2
L’ANTAGONISTE – PART 3

Le Parrain
Le premier adversaire de Michael est Sollozzo. Mais celui-ci n’est qu’un sidekick (un sbire, si vous préférez) au service d’un pouvoir plus puissant et qui se cache derrière lui. Ce pouvoir est incarné par Barzini.
Ce que veut Barzini est de détruire les Corleone. Michael et Barzini sont donc en compétition pour la survie de la famille Corleone.

Chinatown
C’est un code des histoires de flics : un unique adversaire qui reste caché  du héros (l’ironie veut que le lecteur le connaisse cependant) jusque dans le climax.
L’adversaire déclaré de Gittes est le puissant Noah Cross.
Que veut Cross ? Prendre le contrôle de Los Angeles en complotant sur l’eau.
Que veut Gittes ? Rien à voir avec ce que désire Cross.

Sur quoi Cross et Gittes peuvent-ils bien s’opposer ?
Sur une question de vérité. En quelle vérité doit-on croire ?
Cross veut que l’on reconnaisse que Hollis s’est noyé accidentellement et que la fille d’Evelyn est sa petite fille.
Gittes veut faire éclater que Cross a tué Hollis et que ce  malade a violé sa propre fille.

4) Le plan

Le héros doit vaincre un adversaire pour pouvoir accomplir sa mission. Pour cela, il lui faut un plan (comme dans la vie réelle, comme quoi, parfois, la fiction rejoint la réalité).
Ainsi, le plan est lié à la fois au désir du protagoniste mais aussi à celui de l’antagoniste. Il doit donc œuvrer à la défaite de l’adversaire qui barre la route vers l’objectif.
Maintenant, tout dépends de votre histoire ou du genre que vous avez choisi si le plan doit être complexe et demander alors des lignes de dialogue supplémentaires pour qu’il soit clair dans l’esprit du lecteur ou bien si un vague plan est suffisant sans nuire cette fois à la bonne marche de votre histoire.
Dans Hamlet, par exemple, le plan est de monter une pièce de théatre qui va reproduire le meurtre du père d’Hamlet et d’observer les réactions du roi actuel pour prouver sa culpabilité.

A lire :
JOHN TRUBY : LES 7 ETAPES CLES D’UNE HISTOIRE (1)