J’aime ces petits films discrets, qui souffrent de préjugés (malheureusement) à cause de leur titre, casting ou leur provenance, et qui regorgent de bonnes choses, tel un fruit sucré et juteux. J’avais regardé la bande-annonce, faut dire qu’avec un titre qui invite autant à la beauté, ma curiosité avait été titillée.
Le Goût des merveilles est un conte moderne où la différence n’est pas synonyme de handicap, elle est même érigée comme un atout, il suffit juste de la percevoir comme telle. Un vent de fraîcheur qui pousse les autres à voir le monde différemment, à s’arrêter sur les détails et à appréhender la vie comme la nature sait si bien nous l’offrir tous les jours. Pourquoi se divertir avec des technologies quand dehors un spectacle nous est offert gratuitement ? Vous me direz, encore faut-il avoir l’environnement pour et c’est vrai que le film offre des paysages de campagne absolument exquis : les vergers, les fleurs des champs, les arbres, la maison. Des décors naturels (la Drôme provençale) retranscrits à l’image par l’œil d’Eric Besnard, le réalisateur, qui pose une caméra délicate sur un plan de travail fariné, une maison dont on imagine le parquet qui craque, des champs qui feraient presque ressortir l’odeur des fleurs. Il nous invite à nous allonger dans l’herbe juste pour regarder et respirer.
Le Goût des merveilles ou le goût des choses simples : le film de Besnard déborde de sincérité, de naïveté, d’honnêteté, de simplicité, de sensibilité à travers le personnage de Pierre. Atteint du syndrome d’Asperger, Pierre, enfermé dans sa bulle pour se protéger de son hyper-sensibilité, n’a pas de filtre avec autrui. Il ne connaît pas le mensonge, s’arrête sur les détails que le monde a à offrir et que nous oublions de regarder, et n’a pas la perception du second degré (entre autres). Benjamin Lavernhe l’incarne avec énormément de tendresse et de justesse. C’est d’autant surprenant, car j’avais découvert cet acteur dans Radiostars dans un rôle aux antipodes de celui-ci, et j’ai appris par là même qu’il faisait partie de la Comédie Française. On comprend mieux pourquoi avec ce personnage. Il en fait passer tant avec si peu. Il m’a terriblement touchée. Et puis, il y a Virginie Efira, qui fait ressortir à Louise aussi bien de la force que de la fragilité. Une beauté naturelle à l’image de celle dont elle s’occupe, fraîche et délicate.
Le Goût des merveilles est un film qui parle de différences sans l’air de rien, une ode à la nature, à la beauté, à l’amour et au bonheur simple. Un film qui fait du bien, qui donne une grande bouffée d’air et qui, peut-être, vous permettra de ré-ouvrir les yeux.
Sortie en salles le 16 décembre 2015.
PS : Merci à L. de l’agence Déjà, qui a tout compris.
Le Goût des merveilles (2015) N/A|N/A 7.2Rating: 7.2 / 10 from 5 users Au cœur de la Drôme provençale, Louise élève seule ses deux enfants et tente de préserver l’exploitation familiale. Un soir, elle manque d’écraser un inconnu au comportement singulier. Cet homme se révèle vite différent de la plupart des gens. Et sa capacité d’émerveillement pourrait bien changer la vie de Louise et de sa famille. Director: Éric BesnardActors: Virginie Efira, Benjamin Lavernhe, Lucie Fagedet