[CRITIQUE]: The Big Short - Le Casse du Siècle

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Adam McKay
Acteurs : Ryan Gosling, Brad Pitt, Christian Bale, Steve Carrell,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h10min.
Synopsis :
Wall Street. 2005. Profitant de l’aveuglement généralisé des grosses banques, des medias et du gouvernement, quatre outsiders anticipent l’explosion de la bulle financière et mettent au point… le casse du siècle ! Michael Burry, Mark Baum, Jared Vennett et Ben Rickert : des personnages visionnaires et hors du commun qui vont parier contre les banques … et tenter de rafler la mise !

Critique :
Pur moment de cinéma équilibriste, #TheBigShort est un divertissement intelligent, fataliste mais nécessaire sur fond de crise financière— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) December 10, 2015

On est de ceux à beaucoup aimer Adam McKay par chez nous, grand bonhomme de la comédie barrée US des années 2000 et dont l'amitié sincère avec Will Ferrell aura accouché des péloches les plus drôles de ce dernier (Anchorman et sa suite, Tallageda Nights mais surtout Step Brothers), et sans aucun doute de certains des plus délirants moments de ces derniers années en salles.
Voir donc le bonhomme s'attaquer à un autre genre que celui qu'il maitrise à la perfection, avec en ligne de mire les turpitudes économiques du monde contemporain, avait quelque chose d'alléchant sur le papier.

Ajouter à ça une attaque plus frontale d'un sujet puissant et proprement révoltant, une true story adapté du best-seller enquête de Michael Lewis (derrière les adaptations des excellents Le Stratège et The Blind Side), The Big Short : Inside the Doomsday Machine, qui revient en long, en large et en travers sur la crise des subprimes; le tout avec un casting vedette indécent de talents.
Et le constat est simple, The Big Short - Le Casse du Siècle pouvait non seulement incarner l'un des potentiels trublions des prochains oscars, mais surtout le digne successeur des célébrés Wall Street, Margin Call et le récent et délirant Le Loup de Wall Street - dont le succès a grandement contribué à sa mise en production.
S'attachant sur une poignée d'hommes ayant vu venir l'effondrement de l'économie avant tout le monde en 2005, et qui se sont amusés à jouer, sur plusieurs années, avec la bourse contre le marché immobilier pour parier contre la crise plutôt que de tenter de l'empêcher, et faire ainsi taire les moqueries à leur égard tout en faisant grimper en flèches leurs profits divers; The Big Short est une épopée décomplexée dans les entrailles du monde de la finance et de la crise des subprimes qu'elle décortique avec une ironie et une dérision salutaire.

Aussi décalé et épuré que profondément humain (comment ne pas être touché par l'endettement et même la banqueroute totale de ceux qui ont eu tort de confier leur argent aux manipulateurs de billets vert), le métrage s'amuse de la complexité de son sujet (le système économique et sa quantité de chiffres justement indéchiffrables) voir même du sentiment d'ennui/d'être largué qu'il peut provoquer avec ses allures franchement pédago, en le désamorçant avec un humour des plus insolents.
Une envie de briser les codes qui se retrouve notamment par le biais du " cassage " du quatrième mur, procédé usé aussi bien par le personnage de Ryan Gosling, que par quelques célébrités finement choisies (Selena Gomez ou encore Margot Robbie, qui pousse pour le coup encore un petit peu plus la filiation avec Le Loup...), qui s'expriment face caméra au spectateur.
Péloche aussi inspirée, cool et dynamique qu'elle est scénaristiquement fouillée et solide, Le Casse du Siècle déjoue toutes les attentes en s'apparentant à un immense films à sketchs - à la frontière du documentaire - dans lequel McKay démontre son immense talent de directeur d'acteurs en orchestrant un casting en tout point parfait, qui semble prendre un plaisir non-feint pour donner vie à des personnages over the top et immoraux (du look aux personnalités arrogantes à la limite de l'absurde), formidablement bien croqués et aux envolées sarcastiques autant corrosives que savoureuses.

Au petit jeu des performances caricaturales, si Brad Pitt s'offre une nouvelle fois le beau rôle et que Steve Carrell est plus touchant que jamais, on retiendra bien évidemment la composition géniale de Christian Bale en désinvolte parfait inadapté social, tout autant que celle détestable et vantarde d'un Ryan Gosling plus verbale qu'à l'accoutumée.
Pur moment de cinéma équilibriste, jonglant de manière surprenante et ingénieuse entre humour et tension/huit-clos avec une pertinence remarquable, The Big Short est un divertissement intelligent, fataliste mais nécessaire sur fond de crise financière qui a tout du candidat idéal pour la campagne aux statuettes dorées qui bat actuellement son plein.
Sans aucun doute l'une des séances les plus immanquables de cette riche fin d'année ciné 2015.
Jonathan Chevrier