Synopsis : "Cinq histoires, cinq ambiances graphiques différentes, grâce auxquelles les artistes ont exprimé au mieux la complexité et la noirceur de l'univers d'Edgar Allan Poe."
Après avoir travaillé pendant près de neuf années au service de Walt Disney Studios, Raul Garcia changea radicalement de style. Il intégra la société Kandor Graphics en tant ni plus, ni moins que directeur de la création. Contrairement à Walt Disney ou encore Paramount Pictures, Kandor Graphics n'est pas une société connue du grand public. Ils ont officié majoritairement sur des courts-métrages. Courts-métrages espagnols en tous genres qui jusqu'à aujourd'hui étaient majoritairement inconnus. Aujourd'hui et grâce au recueil Extraordinary Tales, les Français vont découvrir une de leurs productions, mais pas que. Extraordinary Tales regroupe 5 courts-métrages réalisés par Raul Garcia qui ont pour point commun d'être des adaptations d'histoires écrites par Edgar Allan Poe. Romancier, nouvelliste et j'en passe des meilleurs, du XIXe siècle, Edgar Allan Poe pour son attirance envers le thème de la mort et le fantastique. Ses histoires en ont inspirés plus d'un et encore cette année, un réalisateur du nom de Guillermo del Toro, sortait un magnifique film qui rendait parfaitement hommage à ce qui faisait et fait toujours le charme d'un écrit signé Edgar Allan Poe. Cette fois, c'est l'animation qui s'accapare de cinq de ses nouvelles. Pari audacieux, mais réussi ?
Disponible uniquement en DVD au prix unique de lancement de 14.99€, Extraordinary Tales n'est pas un film qui aurait pu être projeté au cinéma. Il n'aurait su trouver son public. Cependant, chaque un des courts-métrages a été projeté à l'occasion de divers festivals de cinéma. C'est le format idéal pour concourir et pour être présenter au plus grand nombre. La Chute de la Maison Usher, court-métrage qui ouvre avec brio le bal des contes extraordinaires, avait été présélectionné pour concourir aux Oscars en 2013 dans la catégorie meilleur court-métrage d'animation. Rien que ça. Un prix aurait pu aisément lui être attribué. Ouvrir avec La Chute de la Maison Usher est une bonne, tout comme une mauvaise nouvelle. Sombre à souhait, hypnotique par sa direction artistique méticuleuse rendant à merveille hommage à l'aspect fantaisiste et lugubre de l'histoire et conté par Christopher Lee. La Chute de la Maison Usher est une petite merveille de 16 minutes, à la mise en scène suffisamment bien élaborée pour offrir à ses personnages une aura toute particulière. Le rapprochement avec Dracula est tout trouvé, surtout lorsque le narrateur et doubleur d'un des personnages est son acteur emblématique.
Commencer par un tel court-métrage met en jambe le spectateur. Il décuple suffisamment son envie pour progresser dans ce recueil, dont la narration est construite à partir d'un sixième court-métrage entrecoupé par les autres films. C'est le film, qui raconte et fait le lien entre tous les autres films. Une façon très intelligente de faire parler Edgar Allan Poe au travers d'un corps de chat. Une projection de l'auteur qui parle de ses œuvres, de ses passions et de son attrait pour la mort. Des séquences de dialogues et questionnements qui vont rapidement devenir l'attrait premier de ce Extraordinary Tales. Les courts-métrages s'enchaînent et ne se ressemblent pas. Ils ont chacun leur propre style d'animation et style artistique. Des changements radicaux qui évitent toute redondance et donnent envie de découvrir de quoi sera fait le prochain film. Sauf qu'une direction artistique ne fait pas tout. Les films sont inégaux. Souvent bien rythmés et toujours visuellements magnifiques, chacun dans leur registre si particulier, mais rarement intéressants au point d'hypnotiser le spectateur. Le visuel prend le pas sur l'histoire, lorsque l'un des points n'est pas au service de l'autre.
Là où un court-métrage comme La Chute de la Maison Usher réussi à offrir une cohérence parfaite entre le visuel et l'histoire, Le Cœur Révélateur pour ne citer que lui, ne le réussit pas totalement. Le noir et blanc, qui rappel notamment le travail de Frank Miller sur Sin City, retranscrit parfaitement la folie consumériste des personnages. Elle se suffit à elle-même. L'image parle d'elle-même et n'a pas besoin d'une narration parallèle. Extraordinary Tales s'avère être un conte dans lequel on va lire à livre ouvert. Plusieurs contes vont nous être illustrés et contés par un narrateur à la voix forte et charismatique. On reprochera donc au réalisateur Raul Garcia d'avoir été trop gourmand, d'en avoir fait trop. En accumulant une narration avec voix off, des dialogues, ainsi qu'un style visuel riche, certains courts-métrages vont en partir. Des films d'animation beaucoup trop riches, mais qui n'en seront pas indigestes pour autant. Et ce n'est pas non plus une généralité. Ce défaut n'est présent que sur trois des cinq cours-métrages animés que l'on vous laissera découvrir plus en détail par vous-même !
En Conclusion :
Des courts-métrages torturés, sombres et emplis de fantaisies. Extraordinary Tales est un recueil de cinq courts-métrages qui retranscrivent avec intelligence ce que reflète l'écriture du romancier Edgar Allan Poe. Cependant, là où certains sont parfaitement cohérents entre leur narration et le style visuel adopté, d'autres vont voir leur visuel prendre le pas sur la narration et/ou inversement. Élément qui est avant tout remarquable, car l'on enchaîne les films sans prendre le temps de digestion nécessaire pour avoir un recul suffisant pour voir le suivant. À recommander avant tout aux amateurs de fantastique, de l'auteur Edgar Allan Poe, ça va de soi, et à ceux qui cherchent un cinéma d'animation autre que celui proposé au cinéma. Une véritable recherche artistique dans chacun des courts-métrages avec un mélange 2D/3D du plus bel effet pour certains des films.