Après trois courts métrages, dont deux avaient déjà pour thème de suivre un collégien nommé Benoît, 13 ans et Aglaé, Rudi Rosenberg signe son premier long métrage. Loin des désastreux Les profs et autres comédies bas du front à la grammaire scatophile, Le nouveau, adopte un style intimiste qui pourra séduire la génération Y par son empathie bienveillante. Nous l’avons vu en avant-première ce dimanche 13 décembre alors qu’il sortira le 23 décembre 2015.
Benoît (Rephael Ghrenassia) est nouveau dans son collège. Il est chahuté par une bande de jeunes premiers menés par Charles (Eytan Chiche). Peu à peu, il trouve ses marques en se constituant une bande d’amis originaux, Joshua (Joshua Raccah) l’apprenti geek, Constantin (Guillaume Cloud Roussel) l’intello et Aglaée, une jeune fille handicapée (Géraldine Martineau). Avec Johanna (Johanna Lindstedt), une immigrée suédoise, il connaît ses premiers émois amoureux.
Rudi Rosenberg semble avant tout avoir voulu livrer un portrait touchant d’un adolescent en prise avec la réalité de son âge. Il a eu l’intelligence de ne pas en faire le sujet d’une comédie bête et méchante dans laquelle s’engouffre généralement, tête baissée, les réalisateurs visant un jeune public. Ici, les jeunes gens sont tous mis en valeurs, et même s’ils correspondent tous à des stéréotypes, ceux-ci ne sont pas utilisés à la seule fin idiote de se moquer. Rosenberg évite ce regard de meute envers le bouc émissaire que tant de production aime promouvoir malheureusement. Pour autant, il ne verse pas non plus dans le drame social, trouvant un équilibre assez juste dans sa narration. Souvent tendre, parfois drôle, quelques fois triste, Le nouveau saisit l’importance de ces instants de jeunesse sans prendre les spectateurs en otage d’un rire gras ni d’une dramatisation excessive. En somme, il livre une belle tranche de vie avec ses moments de joie et ses moments de peines que la troupe de jeunes acteurs réussit à faire vivre avec beaucoup de sincérité.
On a tous connu, ou l’on a été, ce garçon timide et renfermé que la vindicte populaire livre à la bêtise du groupe, parfois avec l’acceptation de l’administration, souvent avec son indifférence. Le processus de bouc-émissaire est une manière de rendre le groupe soudé et cohérent. S’il est fréquent dans diverses strates de notre société, certains populistes moyenâgeux en font leur fond de commerce national. L’institution scolaire n’échappe malheureusement pas à cette règle navrante. Ceux qui ne résolvent pas à la facilité en sont les premières victimes. Le nouveau agira comme un baume au cœur de ces jeunes un peu à part, mis à l’écart, en montrant, premièrement, que leur originalité peux constituer une force et deuxièmement qu’il vaut mieux la cultiver, cette différence, plutôt que de s’adjoindre l’obligation de tenter de rentrer dans le moule. La joyeuse bande de Benoît prouve que le bonheur se trouve ailleurs que dans le conformisme béât aux normes. D’autant plus que celle-ci peuvent vite devenir malsaines.
Avec Le nouveau, vous rirez de bon cœur devant les images d’Épinal de ces soirées ratées mais inoubliable tout autant que vous serez certainement émus de la justesse du propos. D’une certaine manière, Le nouveau nous a rappelé l’esprit des adaptations de Pagnol par Yves Robert. Rosenberg y livre une version intemporelle de l’enfance faite d’expérimentations, de découvertes et nécessairement de déceptions.
Boeringer Rémy
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