Comme @JM_Siousarram voit plein de film, il est normal qu’il continue à en parler, même si ça ne vaut pas toujours le coup d’aller les voir. Voilà donc quelques sorties récentes qui méritent ou non le détour.
« Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ». Cette phrase d’Alfred de Musset pourrait être celle qui colle le mieux au cinéma généreux et touche-à-tout de Claude Lelouch. Pour son 42e long métrage de fiction, le réalisateur français Oscarisé pour le scénario d’Un homme et une femme nous convie au « vrai » pays du cinéma. Celui qui produit plus de 800 films par an, dont la plupart sont mâtinés de couleurs et danses chatoyantes, j’ai nommé l’Inde. Très vite, on ressent de manière organique ce pays foisonnant de merveilles et de folies à travers une intro très fictive pour mieux nous projeter dans le réel. Sur les pas d’Antoine, alias Jean Dujardin, compositeur de bandes originales, un homme très bon vivant. Un rôle taillé sur mesure pour son interprète. Pour se situer dans un bon Lelouch, il ne manquait que la dualité amoureuse, ce trio formé autour de l’ambassadeur de France et sa femme, précieux Christophe Lambert et vénéneusement naïve Elsa Zylberstein. Un coup de folie et une envolée lyrique de Francis Lai plus tard, Jean s’évade avec Elsa pour un road trip lancinant, fascinant et ennuyant par moment. C’est aussi ça Lelouch. Tellement de générosité, de spontanéité, de candeur à la fois qu’on en arrive vite à se demander quel est le fil rouge de l’histoire. Une maladie galopante, une quête de spiritualité féconde, un coup de foudre réciproque ou une envie passagère dévorante. Tout ça à la fois et bien plus encore. L’Inde en arrive à être plus digeste par moment. Qu’on aime Lelouch ou pas, on ne peut pas rester de marbre devant ce spectacle total dont on ne sait jamais s’il frôle le génie amoureux ou le ridiculement mièvre. Dans tous les cas, on rigole, on grince des dents, on fait la moue, on sourit ; bref on vit. A l’image de l’Inde.
Suburra, quartier mal famé de Rome va subir un lifting dans quelques semaines. Aux manettes, tout ce qui se trouve de plus gangrené par la corruption : élites politiques, familles mafieuses, gangsters gitans, petites frappes, et ce jusqu’à même évoquer le Vatican. S’il y a bien une chose qu’on ne peut pas reprocher à l’Italie, c’est que le bon côté de tous ces scandales qui éclatent régulièrement dans leur vie publique, sont dues au courage des autorités, ou autres magistrats, qui mettent les mains dans le cambouis contrairement à notre beau pays. L’Italie est tellement riche en affaires de corruption et d’extorsion qu’elle s’en ait fait spécialiste d’un genre à part entière dans son cinéma, en témoigne les récents Gomorra et Romanzo criminale, grandes réussites formelles et narratives. Armé du talentueux Stefano Sollima, fils de, et surtout réalisateur du puissant All cops are bastards, on se retrouve plongé dans un puzzle savamment orchestré sous forme de compte à rebours jusqu’à la démission du gouvernement transalpin. Pour illustrer ce sujet en or, Sollima nous scotche avec une photo spectaculaire qui convoque parfois au trop clinquant, comme cette scène surréaliste de baise d’un député sous crack qui se met à uriner depuis le balcon de sa chambre d’hôtel sous une pluie battante. Scènes violentes graphiques succèdent à des moments intimistes nécessaires sous le rythme soutenu des nappes électroniques de M83. Jouissif. Servi par la crème des comédiens dont Pierfrancesco Favino et Elio Germano, Suburra confirme que le cinéma italien est en bonne forme. Et qu’il demeure le meilleur pour faire le ménage chez lui, même si parfois cela peut paraître trop tape à l’oeil.
Décollage imminent pour le Brésil avec la Bande à Fifi (sauf Reem Kherici qui a promis de libérer son agenda en cas de troisième épisode), vous savez ces joyeux lurons qui firent encore une fois les beaux jours de Canal+. Fort d’un premier Babysitting basé sur une soirée qui dégénère en fête endiablé et sans limite, le tout filmé en found-footage, vous savez ce principe de la caméra subjective retrouvée, Philippe Lacheau réunit à nouveau tout ce beau monde pour un mamie-sitting tropical cette fois. Rien de neuf sous le soleil de Copacana, ou plutôt dans la jungle amazonienne, sous couvert d’un plan drague foireux, la bande va vite se retrouver au milieu de nulle part armé d’une Go Pro et d’une redoutable octogénaire à devoir survivre en milieu hostile. La bande son est costaud, les nanas en bikinis, Julien Arruti nous décroche la mâchoire parfois, Desagnat nous désole, Clavier radote et Fifi cabotine dans ce qui ressemble de plus en plus à un produit commercial estampillé « Anges de la télé-réalité ». Malgré la bonne dose d’humour ultra-référencée et actuelle, et les comiques de situation inspirés, tout reste finalement bien trop sage comparé au premier épisode. On appréciera le message écologique général même si à la fin, on aura eu l’impression d’avoir maté un gigantesque film de vacances entre potes. Dommage car la Bande à Fifi en a à revendre. Vivement leur projet projet sans found-footage.