Les années 80 ont le vent en poupe. Il semblerait que cet automne, les cheveux crêpés, shorts mi-longs et maquillages bigarrés aient inspirés les scénaristes. Il y a The Goldbergs sur ABC, Wicked City sur la même chaîne (annulée au bout de trois épisodes), la résurrection de Wet Hot American Summer sur Netflix, et puis enfin, depuis début Octobre, Red Oaks sur Amazon. La comédie des créateurs Joe Gangemi ( Hysteria ) et Gregory Jacobs (qui a un impressionnant CV) est profondément inspirée par leurs expériences de jeunesse, et par quelques films se déroulant à la même période : depuis le long métrage de Wet Hot American Summer au très oublié Party Camp . On ne peut s'empêcher de penser à Dirty Dancing en voyant ce pilote, ne serait-ce qu'à cause de la présence de Jennifer Grey qui joue la mère du protagoniste, mais aussi parce que Red Oaks explore des thèmes similaires : le passage à l'âge adulte, les questions existentielles, la vie professionnelle et bien sûr, comme dans toute comédie américaine qui se respecte: le sexe.
Vous aimerez :
L'ambiance. Nostalgiques des années 80, réjouissez-vous ! Toute l'équipe de production s'est donné un mal fou pour faire revivre cette époque mal(heureusement ?) révolue. Les costumes et coupes de cheveux sont impeccables, on joue avec une image colorée en diable et la musique vous donnera envie de vous replonger dans vos classiques.
Craig Roberts. Le jeune acteur de vingt-quatre ans aux faux-airs de Dustin Hoffman a déjà une belle carrière derrière lui. Il était dans le remake de 21 Jump Street en 2014 (enfin, la suite du remake 22 Jump Street pour être exact) et s'est même offert un rôle dans la série de la BBC Becoming Human . Son interprétation de David est sans bavure, et il oscille allègrement entre l'égarement le plus total quand à ce qu'il doit faire de sa vie, et l'énergie infatigable du jeune idéaliste.
Le cœur. Red Oaks n'est pas une série forcément originale et ses personnages font figure d'énième variation sur des thèmes vieux comme le monde. On a le copain un peu en surpoids qui passe son temps à fumer, les belles nanas qui se dénudent pour un oui pour un non, le vieil homme jaloux de son territoire, la fille riche hors de portée du héros, etc, etc. Mais le fait est que tout ce petit monde est écrit avec beaucoup d'amour et d'affection, de nuances et de sensibilité, ce qui fait qu'on a vraiment l'impression d'avoir affaire à des êtres humains plutôt qu'à des archétypes.
Vous n'aimerez peut-être pas :
La lourdeur. Si les personnages sont attachants, on ne peut pas dire que le script soit toujours extrêmement subtil. C'est même parfois assez lourd dans sa recherche du rire gras et il arrive que les acteurs soient dirigés de manière assez puérile. La faute à la réalisation assez inégale, en dépit d'un montage qui tient bien la route.
Le romantisme. On ne parle pas du sens littéraire du mot, mais il est évident que les créateurs de la série ont une certaine faiblesse pour l'époque. Si vous n'avez pas grandi dans les années 80, ou été élevé aux films de cette période, il y a de grandes chances que la magie n'opère pas.
Le manque d'originalité. Si vous voulez du nouveau, de l'inédit, du " jamais vu avant ", vous êtes mal parti. Le script joue sur le connu, et si c'est là une partie de son charme, cela peut aussi vous fatiguer très vite. D'autant plus que le rythme est lent, contemplatif, et vous laisse avec l'impression distincte que le temps s'écoulait assez poussivement il y a trente ans.
Dans l'ensemble, Red Oaks est une jolie petite comédie sans trop de prétention, portée par une distribution d'acteurs talentueux et sympathiques, qui ne propulsera pas Amazon dans la cour des grands (ils ont plus de chance d'accomplir ça avec Transparent) mais qui ne devrait pas avoir trop de mal à trouver son public.
Crédits: Amazon