[CRITIQUE] : Joy

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : David O. Russell
Acteurs : Jennifer Lawrence, Robert De Niro, Edgar Ramirez, Bradley Cooper,...
Distributeur : Twentieth Century Fox France
Budget : -
Genre : Biopic, Comédie, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h03min.
Synopsis :
Inspiré d'une histoire vraie, Joy décrit le fascinant et émouvant parcours, sur 40 ans, d'une femme farouchement déterminée à réussir, en dépit de son excentrique et dysfonctionnelle famille, et à fonder un empire d’un milliard de dollars. Au-delà de la femme d’exception, Joy incarne le rêve américain dans cette comédie dramatique, mêlant portrait de famille, trahisons, déraison et sentiments.

Critique :
#Joy ou un regard tendre et plaisant sur une mère-courage déterminée, mais victime de sa trop grande ambition thématique.J-Law est impériale— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 15 Décembre 2015

Via les ébouriffants Fighter et Happiness Therapy - et dans une moindre mesure American Bluff -, force est d'admettre que l'excellent metteur en scène David O. Russell s'est payé un retour en grande pompe dans l'univers du septième art ricain, qu'il avait abandonné après le sympathique J'adore Huckabees.
Pas un mal pour les cinéphiles que nous sommes vu le talent du bonhomme, surtout que la qualité de ses péloches s'est vu salement améliorée par ces nombreuses années d'absences.
Fort d'un côté bankable non-négligeable pour perdurer dans la jungle Hollywoodienne - ses films dépassent largement les 100 millions de recettes -, le David avait donc les mains libres pour cornaquer le projet de son choix : Joy.

Ou le biopic de Joy Mangano, inventrice du balai à vapeur, une jeune femme parti de rien qui va gouter aux douces saveurs de l'American Dream, non sans avoir rencontré plus d'une embuche durant son périlleux parcours vers la réussite (et le bonheur).
Étalée sur 40 ans, Russell s'échine à démontrer au sein de sa dramédie la destinée d'une femme farouchement déterminée à réussir, en dépit de son excentrique et dysfonctionnelle famille, et à fonder un empire d’un milliard de dollars.
En vedette, Jennifer Lawrence, à peine sortie de la franchise lucrative Hunger Games et qui retrouve le David pour la troisième fois de suite.
A ses côtés, Bradley Cooper (avec qui elle tourne pour la quatrième fois) et Robert De Niro, qui eux aussi tournent pour la troisième fois d'affilée pour le cinéaste après Happiness Therapy et American Bluff; mais également le mésestimé Edgar Ramirez.
Sur le papier, le papa des Rois du Désert avait donc tout bon avec son casting d'habitués trois étoiles et son portrait de femme forte sur plusieurs décennies, un portrait fascinant et au féminin comme le septième art contemporain en manque cruellement ces derniers temps.
Sur pellicule en revanche, la péloche laisse un arrière gout des plus mitigé tant il incarne à la fois une épopée tragi-comédie passionnante tout autant que l'un des films les moins maitrisés par son metteur en scène.

Regard tendre et bienveillant sur une battante intègre et au courage exceptionnel, luttant autant contre la dureté/réalité de la vie de son époque (l'Amérique bien pensante, portée par l'idée que la femme ne peut être qu'une femme au foyer) et de sa condition (famille dysfonctionnelle et polluante à la clé), pour mener à bien sa quête du bonheur et la réalisation de ses ambitions, ode optimiste au self-made woman déterminée à croquer à pleine dent dans le rêve américain - peut importe les sacrifices -; Joy est d'une richesse et d'une ambition folle tant il rassemble tous les attributs pour être le film somme de David O. Russell, sans ne jamais  atteindre ce sommet de qualité et de charme qui faisait la magie de ses précédents essais.
Victime de son ton trop équilibriste (jonglant pas toujours adroitement entre comédie un brin décalé - comme Happiness Therapy -  et drame poignant) et de son rythme assez bancal, le film souffre avant tout et surtout de la volonté, louable mais frustrante, de son réalisateur à vouloir traité avec gourmandise d'une multitude de thématiques qu'il entasse avec confusion sur un tout petit peu plus de deux heures; durée décemment trop courte vu l'ampleur du récit, qui n'est pourtant pas exempt de quelques longueurs et passages à vide.
Biopic plaisant, divertissant et généreux mais trop convenu et poussif pour pleinement convaincre, Joy semble tout du long se chercher tout autant que son propre personnage principale.

Reste qu'il nous offre une nouvelle fois la possibilité d'y découvrir le talent immense de Jennifer Lawrence, extraordinaire en muse inspirée de O. Russell, qui tire le métrage vers le haut avec une prestation bouleversante et habitée de Joy Mangano, femme hors du commun qui prend son destin en main pour offrir à ses enfants une vie différente de la sienne, une femme ordinaire capable de l'extraordinaire.
Une Cendrillon des temps moderne, véritable astre lumineux autour de laquelle tourne en orbite quelques seconds couteaux plutôt bien sentis (Bradley Cooper mais surtout Robert De Niro, en père/boulet ambulant et coureur de jupons).
Même si la concurrence sera des plus rudes, David O. Russell aura au moins eu le mérite, à défaut de ne pas nous laisser sur notre faim, de permettre à J-Law de briguer une potentielle nouvelle nomination aux oscars.
Jonathan Chevrier