Jaime Vadell, Alejandro Goic, Marcelo Alonso
En 2007, Pablo Larraín dirige son second film, En 2011, il réalise son quatrième long-métrage, En juin 2012 débute le tournage de la deuxième saison de Pablo Larraín est né à Santiago du Chili en 1976. Il est le co-fondateur de Fabula, société qui se dédie à la production de cinéma, télévision et publicité.
En 2005, il réalise son premier long-métrage, Tony Manero qu'il coécrit avec Mateo Iribarren et Alfredo Castro. Le film est sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes de 2008.
Santiago 73, Post Mortem, son troisième long-métrage, est sélectionné en compétition au Festival International de Venise en septembre 2010. Fuga. No, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes de 2012, et nommé à l'Oscar du Meilleur Film Étranger.
Prófugos, dont la diffusion commence en septembre 2013.
En 2010, Pablo Larraín réalise Prófugos, la première série de télévision produite au Chili par HBO.
remporte l'Ours d'Argent du Festival International du Film de Berlin en 2015.
et sera le représentant du Chili aux Oscars 2016
En Patagonie, près d'un petit port de pêche du Chili, quatre prêtres, marginalisés par les autorités ecclésiastiques, vivent reclus dans une maison isolée et
Ils sont placés sous la direction d'une ancienne soeur, Mère Mónica . Leur équilibre précaire est bientôt perturbé par l'arrivée d'un nouveau pensionnaire. À peine a-t-il été présenté à ses colocataires qu'à l'extérieur de la maison un vagabond l'accable avec véhémence de bien des exactions. Paniqué, le nouveau venu se suicide.
Entretien avec le réalisateur relevé dans le dossier de prese.
Effectivement, mais les films sont des accidents. J'ai eu envie de reprendre une idée très ancienne qui avait surgi il y a 6 ou 7 ans. J'étais alors tombé sur une photo, je ne sais plus si c'était dans un journal ou sur internet. Elle représentait un prêtre chilien accusé d'abus sexuels sur mineurs qui, avant que la justice ne le juge, avait été envoyé par l'Église dans une maison, en Allemagne, une très belle maison dans les alpages, tout droit sortie d'une publicité pour le lait, le chocolat. Cela m'avait indigné que cet homme ait pu ainsi fuir la justice et vivre dans un cadre idyllique. J'étais sidéré, scandalisé, et fasciné. Je me demandais ce qui se passait dans cette maison, comment ses pensionnaires occupaient leurs journées. Cette maison appartient au
mouvement apostolique Schoenstatt, mais j'ai appris que ce type de maisons existait un peu partout dans le monde, et en particulier au Chili. L'Église ou toutes sortes de congrégations, d'ordres religieux, effectue ce type de pratiques qui consiste à envoyer ou abriter des hommes afin de les soustraire à la justice civile. La maison dont il est question dans le film dépend du Vatican.
Dans , les prêtres en villégiature ont tous la conscience tranquille. Parmi ceux qui vous ont parlé, certains ont-ils fait amende honorable ?
Il a été abusé mais ne se transforme pas en juge. Il a été tellement abusé qu'il finit par ne plus voir l'anormalité de ces abus. Il y a quelques années, alors que ce projet me trottait dans la tête, j'ai écrit une pièce de théâtre, un monologue où un homme raconte tous les abus qu'il a subis, lorsqu'il était enfant ou au cours de sa vie d'adulte. Le personnage de Sandokan est le prolongement de celui de la pièce, et il est interprété par Roberto Farías, l'acteur qui le jouait sur scène. Je l'ai intégré dans le film avec mes deux co-scénaristes,
Guillermo Calderón et Daniel Villalobos.
Lorsque j'ai écrit cette pièce, j'ai parlé avec nombre d'abusés. Ils n'ont aucune pudeur, ils décrivent ce qu'on leur a fait de façon précise, graphique, mécanique, comme s'ils détaillaient une recette de cuisine ou je ne sais quelle technique. Ces mots crus, dérangeants, il est indispensable de les entendre, il me semble plus important de les entendre que de voir l'acte, de le montrer... Au cinéma il faut dire certaines choses, il faut obliger le spectateur à entendre ça. Lui faire entendre autant de fois nécessaires pour qu'il comprenne ce qu'est cette vérité.
On cherche toujours à avoir une image qui donne sens au récit, à créer une synchronie entre l'état d'esprit et l'esthétique. On a tourné tôt le matin ou en fin de journée, au crépuscule, uniquement en lumières naturelles
(sauf pour les plans de nuit), et avec des lentilles soviétiques des débuts des années 60, et des filtres, les mêmes qu'utilisait Tarkovski. Avec l'intention de lutter contre la haute définition qui est un virus : à cause d'elle tous les films se ressemblent.
Des musiques sacrées, de Bach ou de compositeurs contemporains comme
Arvo Pärt.
Un scénario parfaitement écrit et documenté met en avant l'hypocrisie des dignitaires de l'Église catholique face à ses représentants. Ici, au Chili.
Sous la surveillance d'une "religieuse" bienveillante, des anciens prêtres, coupables du pire, semblent se plier au règlement imposé, tout en se livrant à la lucrative course de lévriers.
La photographie est noyée dans une brume permanente. Elle n'en sert que mieux le propos. Il en va de même pour la bande son d'Arvo Pärt, associée aux musiques sacrées de Bach. Les silences sont pesants, les dialogues tout autant.
L'ensemble du casting est remarquable.
Pablo Larraín réussit, avec un incroyable brio de captiver l'attention en dépit de l'horreur du propos. Grand prix du Jury à la Berlinale 2015, le film est nommé pour les prochains Golden Globes. El Club serait en lice pour représenter le Chili aux Oscars 2016.
"Je crois aux choix responsables de chacun, que la lumière peut succéder aux ténèbres. C'est un film sur la liberté de conscience", a déclaré Pablo Larraín en réalisant ce long-métrage dérangeant, courageux et parfaitement réussi.