Les Voyages du Gulliver
De Dave Fleischer
Cinéma d’animation, à partir de 5 ans
USA, 1939, 1h17
Date de reprise en version restaurée 2 décembre 2015
Synopsis
Une nuit de forte tempête, un navire coule et Gulliver, l’un des marins, réussit à atteindre une plage où il s’endort épuisé. Tout Lilliput se mobilise pour ficeler le géant et le transporter jusqu’au palais. Mal accepté au début, Gulliver deviendra finalement l’allié des Lilliputiens. Il réussira à faire échouer l’attaque menée par le roi Bombo. Il réconciliera les deux peuples et le mariage prévu entre les deux enfants royaux aura finalement lieu. Gulliver repartira sur un bateau flambant neuf.
A propos du film
En 1939, un an après Blanche-Neige et les sept nains, les frères Max (producteur) et Dave (réalisateur) Fleischer offrent au monde le deuxième long-métrage animé de l’histoire du cinéma. Comme celui de Walt Disney, le film des frères Fleischer s’inspire d’un classique de la littérature : Les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift (1927).
Plus encore que leur confrère californien, ces New-Yorkais offre une adaptation très libre de l’œuvre originale. Les frères Fleischer se concentrent sur les aventures de Lemuel Gulliver à Lilliput. Leur lecture est quelque peu édulcorée du récit original. En effet, de la satire sociale de l’Angleterre du XVIIIe siècle, il ne reste malheureusement pas grand-chose dans ce long-métrage qui mise avant tout sur les situations comiques et scènes spectaculaires. Mais avec quel allant !
Les Voyages de Gulliver est réalisé dans l’urgence. En effet, après le succès de Blanche-Neige, Paramount Pictures pressent les frères Fleischer de livrer un long-métrage avant la sortie de Pinocchio. Sauf que les moyens ne sont pas les mêmes: 4 ans et 1,5 millions de dollars pour Disney, 18 mois et 500 000 dollars pour Les Voyages de Gulliver. Pris par le temps, la moitié des animateurs (au total de 200) n’ont pas d’expérience, ce qui va rendre impossibles à tenir les exigences de la Paramount. 640 000 dessins, 16 tonnes de papier et 12 000 litres de peinture ne suffisent pas à produire le succès escompté et c’est le début de la chute du studio, qui fermera en 1942.
Depuis Les Voyages de Gulliver est devenu un classique des films d’animation. Il est l’une des meilleurs adaptations de l’œuvre de Swift jusqu’à ce jour.
Les frères Fleischer
Dave Fleischer (1894/1980) et Max Fleischer (1883/1972), originaires d’Autriche, commencèrent dans le dessin éducatif et scientifique que, mais très vite, ils se tournèrent vers le cartoon. Leur premier personnage fut Koko, un clown blagueur sorti d’un encrier (1919 – 1929), suivi par Bimbo, un chien sympathique (1931). Puis ce fut Betty Boop (pas loin de 100 courts métrages entre 1932et 1939), véritable bombe sexuelle, reconnaissable grâce à sa célèbre robe noire, sa jarretière et sa non moins célèbre ritournelle. Les ligues de vertu finirent par avoir raison de cette « bimbo » avant l’heure et elle dut disparaître des écrans.
Mais l’histoire se souviendra surtout de Popeye le marin, tiré d’une bande dessinée signée Segar, personnage invincible grâce aux kilos d’épinards qu’il ingurgite à longueur d’images et ardent défenseur d’Olive contre le méchant Bluto. On le retrouve dans plus de 100 courts et moyens métrages réalisés entre 1933 et 1942. Il sont aussi à l’origine de la première série Batman.
Leur succès est en grande partie du à la rotoscopie, procédé mis au point par Max Fleischer.
© Gebeka Films
La rotoscopie
En 1915, Max Fleischer invente le rotoscope, une table transparente sous laquelle est projetée des images et sur laquelle, recouverte d’un calque, le dessinateur en redessine les contours. Après quelques expérimentations, il s’allie avec son frère Dave, clown de métier pour fonder les studios Fleischer et à l’aide de cette techniques ils produisent leur court métrage
Cette technique permet de reproduire le mouvement humain en dessinant ses contours sur des images réelles, projetées sur un écran. On les met ensuite en mouvement et l’on peut ajouter à cette reproduction dessinée de la réalité de multiples éléments au crayon. C’est en quelque sorte l’ancêtre de la motion capture, où des capteurs infographient les moindres déplacements d’un acteur en mouvement. Etablie par les studios Fleischer et utilisée pour Les Voyages de ulliver, elle a été popularisée au cinéma par Walt Disney, qui l’utilisa pour dessiner Blanche Neige et les sept nains.