Après Stanley Kubrick et Tim Burton, c’est au tour de Martin Scorsese d’avoir droit à son exposition à la Cinémathèque Française. Un honneur pour le cinéaste et un plaisir pour le public de revisiter son oeuvre de manière encore plus palpable.
De ses débuts dans les années soixante avec le court-métrage the Big Shave jusqu’à son dernier film fou Le Loup de Wall Sreet en passant par la palme d’or de Taxi Driver, les cultissimes Affranchis et Casino ou l’oscarisé les Infiltrés, Martin Scorsese marque en toute indépendance le cinéma américain de son empreinte. Auteur accompli avec une parfaite maîtrise de la caméra et révélateur des talents de Robert De Niro et Leonardo DiCaprio qui incarnent ses pensées et obsessions à l’écran, le réalisateur italo-américain a toujours été fidèle à lui-même dans un système où il est de plus en plus compliqué de s’accomplir. Une aura assez unique dont le seul autre réalisateur qui peut se targuer d’avoir ainsi survécu à la tombée du nouvel hollywood et aux dictas des studios est Steven Spielberg. Il n’en fallait pas moins que la Cinémathèque Française accueille en grande pompe l’exposition consacrée à Scorsese jusqu’au 14 février.
Au 5e étage du temple parisien du cinéma, la visite nous plonge d’emblée dans l’univers du réalisateur avec des extraits de ses films diffusés à 180°. Puis le chemin commence et, contrairement à de nombreuses expositions, nous n’aborderons pas le cinéaste de manière chronologique ni film par film, mais par thématiques, par les sujets qui traversent son oeuvre et la rendent parfaitement cohérente. Chaque thème est alors servi par des extraits diffusés sur toile, des extraits de scénario, de story board, photos de tournages et quelques autres petites surprises. Rare seront par contre les objets ayant servi au tournage, généralement appréciées des fans. En dehors de la robe de Cate Blanchett dans Aviator, du costume de DiCaprio dans Gangs of New York, de la Palme d’Or de Taxi Driver ou de la marionnette de Hugo Cabret, pas beaucoup de reliques à se mettre sous la dent.
Mais cela est largement compensé par le voyage que nous faisons dans l’esprit de Scorsese, passant des thèmes de la famille (avec extrait du documentaire sur sa famille), de la relation fraternelle, des femmes (qui quoi qu’on en dise sont bien présentes dans le cinéma de l’italien), de la religion, de son rapport à la culture cinématographique (appuyé par de nombreuses correspondances avec d’autres cinéastes), sa science de la caméra ou encore du montage (story board et extrait de Raging Bull à l’appui). Mais on saluera particulièrement 2 tableaux de l’exposition : New York où l’on peut vraiment partir sur les traces de ses films dans Hell’s Kitchen et Little Italy, et le volet musique où l’on se retrouve sur un vinyl en retrouvant le rock des Stones à l’écran.
Evidemment, les cinéphiles et personnes qui ont déjà lu de nombreuses choses sur le cinéastes n’apprendront finalement pas grand chose pendant ce voyage dans les méandres de l’oeuvre scorsesienne, d’autant plus que les différents films du réalisateurs parlent déjà beaucoup pour lui et il reste alors relativement facile de comprendre les obsessions qui le traversent de film en film. Mais il est toujours intéressant de voir de plus près son rapport au cinéma avec des documents inédits qui rendent ce que l’on savait bien plus palpable, tout en trouvant de nouveaux angles aux films que l’on connaissait déjà. Et pour ceux qui ne connaissent pas bien son oeuvre, c’est une occasion de trouver plusieurs angles pour s’y intéresser de plus près.
En 1h30 de visite environ (nous avons visité l’expo lors de la nocturne du jeudi soir, attendez-vous donc à y passer au moins 2h si il y a du monde), nous avons donc bien retrouvé tout le cinéma de Scorsese à la Cinémathèque et encore mieux saisi l’importance et fascinante complémentarité de son oeuvre. Une seule chose à faire à la sortie, revoir l’ensemble de sa filmographie, ce qui est loin d’être un désagrément.