LA VIE TRÈS PRIVÉE DE MONSIEUR SIM : inégal et solitaire ★★★☆☆

Jean-Pierre Bacri constitue probablement le seul intérêt du film.

la vie privée de monsieur sim

Après le succès critique et public du Nom des gens, on attendait beaucoup de Michel Leclerc. Dans La Vie très privée de M. Sim , le réalisateur adapte à l’écran le roman éponyme de Jonathan Coes. Il s’intéresse donc à la vie de François Sim (Jean-Pierre Bacri), divorcé, déprimé, au chômage, et un brin ennuyeux. On suit alors une période de sa vie où il semble, en apparence, reprendre pied.

La narration du film fait la constante analogie avec un navigateur, Donald Crowhurst, dont la solitude lors d’une longue course autour du monde a rendu fou. Cette solitude, M. Sim la connaît, en profondeur et dans ses grandes largeurs, qu’elle soit quotidienne ou lors de déplacements professionnels. « Vous savez, je suis en pleine dépression depuis six mois ! » sort le personnage de but en blanc. Le problème, c’est que le spectateur devient de plus en plus déprimé lui aussi.  Les séquences s’enchaînent, s’accolent pourrait-on dire, sans fluidité, donnant ainsi au film un rythme parfois pesant. La réalisation s’embourbe dans un faux rythme qui manque au final d’intérêt. Pourtant la solitude de All Is Lost, fascinante et quasi muette, produisait une intensité particulièrement prenante. La solitude pousse ici M. Sim à parler… tout le temps… à n’importe qui… voire à n’importe quoi ! Tel le navigateur solitaire, il dérive, se noie.

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Quelques dialogues causasses ponctuent plaisamment La Vie très privée de M. Sim, et il émane une loufoquerie distrayante de quelques actes du personnage (la chasse à la patate par exemple !). Le film devient malheureusement trop bavard. « Si tu savais comme j’ai envie d’un peu de silence. » chantait Dalida. Trop de paroles finissent par évincer le propos du film. Au final, la vie de M. Sim n’est ni vraiment intime, ni vraiment privée. Les dialogues comme toutes les situations dans lesquelles il se retrouvera confirmeront sa maladresse dans les rapports humains, avec les femmes en particulier (SA femme et sa fille), jusqu’à en devenir pesant. La mise en scène aurait peut-être demandé plus de retenue pour être complètement convaincante.

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Souvent seul à l’écran, de tous les plans ou presque, Jean-Pierre Bacri porte le film. Parfois burlesque, jamais râleur, il parvient à trouver l’humanité du personnage avec beaucoup de justesse. Mais à l’ouest rien de nouveau. Son rôle ressemble terriblement à celui d’On connaît la chanson ou du Goût des autres, film dans lesquels, déjà, l’homme qu’il jouait était au bord du gouffre, à la croisée des chemins de sa vie. Ici pareil. C’est donc avec un air de déjà vu et beaucoup moins d’intérêt qu’on voit Bacri évoluer au gré de scènes plus ou moins bien écrites. La plus grande maladresse réside finalement dans une fin illogique et/ou surprenante, qui aurait pu composer le vrai sujet du long-métrage. Comme s’il n’assumait pas vraiment le chemin emprunté pendant tout son film, Michel Leclerc tente une pirouette et en complet décalage avec le parcours de son personnage. Dommage ! Voir Jean-Pierre Bacri parler de moules frites dans l’excellente séquence d’ouverture était de si bonne augure !

La Cinéphile Éclectique (http://carnetscritiques.over-blog.com/)

Réalisé par Michel Leclerc, avec Jean-Pierre Bacri, Mathieu Amalric, Valeria Golino…

Sortie le 16 décembre 2015.