The affair : dommage!

Par Amandine97430

De: Sarah Treen et Hagai Levi.

Avec: Dominici West ( The Wire, Le sourire de Mona Lisa), Ruth Wilson ( Jane Eyre, Luther), Joshua Jackson ( Dawson, Fringe), Maura Tierney ( Urgences, The Good Wife).

Synopsis Allociné: Un beau jour, au début de l’été, Noah, un homme marié et père dévoué de quatre enfants, fait la rencontre d’Alison, une femme mariée elle aussi, qui pleure la mort récente de son enfant. Dès le premier regard échangé, le coup de cœur est instantané et partagé. Commence alors une relation adultérine qui détruira leurs mariages respectifs et aura des conséquences dramatiques pour chacun des membres de leurs familles…

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The Affair est une série qu’on  ne présente plus aussi bien sur la blogosphère que dans la presse. Et s’il vous fallait une preuve de ce que j’avance, la série a déjà remporté deux Golden Globes cette année: celui de meilleure actrice pour Ruth Wilson et celui de la meilleure série dramatique.

Malgré ce succès, reste que certains se demandent encore de quoi elle parle. D’adultère certes oui mais pas seulement. Mais avant de vous dire quoi, autant annoncer la couleur de suite: je n’ai pas aimé cette série.

Tout d’abord, j’ai retrouvé son format très redondant et particulièrement ennuyeux. Quel est l’intérêt de voir le point de vue des amants à chaque épisode? Même si les deux différents à un point tel qu’on se demande si toute cette histoire n’est pas le prochain roman du protagoniste principal, Noah.

Là où le choix de la narration aurait été intéressant ça aurait été celui des conjoints trompés. Malheureusement, il faudra attendre la saison 2 pour cela ( sans moi donc) histoire d’emmener un peu de suspens dans une tension qui déjà n’a rien d’insoutenable. Vraiment, j’aurai cru au beau père ( dont je croyais qu’il était le père de Noah) assassiné tant son personnage est exécrable. De plus, un de ses petits fils refuse d’aller chez lui depuis l’été dernier; ce qui me laissait supposer des attouchements voir plus. Ça aurait fait un bon mobile en tout cas.

Ce qui m’amène à un autre point négatif de la série: la sensation tenace de prendre cette série en cours de route et ce, dès le premier épisode. J’avais eu la même sensation avec Top of The Lake ( même photographe ici d’ailleurs). Je sais que ce genre de procédé est légion en ce moment; les non dits sont roi et le spectateur doit aller lui-même à la pêche aux informations. Pas tant que je sois fan d’avoir toute l’intrigue et les enjeux servir sur un plateau d’argent mais quand même.

Pour ma part, j’ai trouvé que l’ensemble ressemblait à du papier glacé. Rien ne m’a ému, les personnages peinent à toucher et à se révéler notamment les deux amants. J’ai eu beaucoup de mal avec Noah; quelque chose faisait que je n’y croyais pas. Son sourire Colgate peut-être; et son infidélité chronique aussi peut-être ( la faute à Mona Lisa!). Un jour, il est le père désavoué au sein de sa propre famille; le lendemain, le pire des salops. Pas que ça soit incompatible mais ça manque cruellement de développement.

Mais, le summum c’est Alison. Déjà, j’ai beaucoup de mal avec ( sa moue) ce qu’elle transmet (ou non) à l’écran. Selon les versions, c’est une nymphomane et une croqueuse d’hommes. D’ailleurs, je me suis dit à un moment que tout ça allait finir comme dans Liaison Fatale avec un lapin domestique cuit dans une cocotte minute. Cependant, ne comparons pas l’incomparable non plus parce que Michael Douglas et Glen Glose excellaient dans leur rôle. D’autres fois, le personnage de Ruth Wilson est une mère éplorée qui lit Peter Pan sur la tombe de son fils décédé (note: il a fallu attendre longtemps pour avoir cette information).

Trop rarement, la série arrive à nous offrir des instants de grâce comme cette soirée où Alison et Noah finissent par aller sur la plage. Avec lucidité, Noah dit à sa future maitresse (non à cette instant-là, ils n’ont toujours pas consommés) qu’il aurait dû attendre de découvrir qu’il est avant de se marier. Cruel et tragique ce genre de réflexions assez tardive aussi bien pour lui que pour sa famille. La désillusion du mariage sans doute; et ce rabaissement perpétuel dont il est l’objet au sein de sa belle famille. Et, ce mirage de l’homme qu’il aurait pû être si les choses s’étaient déroulées autrement. Libre et heureux, le croit-il.

Celle d’Alison a aussi ses limites. Sa belle famille m’a fait penser à ces familles italiennes ( et mafieuses) qui ont la main mise sur tous ses membres et sur la ville. Et une fois prise dans ses filets, difficile d’en sortir. Comme si la famille même était un contrat engagé au même titre que celui du mariage: pour le pire et le meilleur jusqu’à la mort. Et puis, dans un autre registre, je n’ai pas compris pourquoi une certaine porte devait rester fermée à la gare. Que cache-t-elle? Ou bien est-ce un faux mystère de plus?

Concernant les époux trompés, ils ont le beau rôle c’est certain. Ils ont aussi un certain charisme qui fait défaut aux amants; liés à leur filmographie respective et au potentiel sympathique qu’on les voue depuis leurs débuts aussi bien pour Joshua Jackson que Maura Tierney.

Le plus secret des deux est sans doute Cole tant les versions divergent. Quant à Helen, elle nous apparait comme une femme active, débordée, assaillie par ses responsabilités familiales et professionnelles délaissant quelque peu son mari en pleine crise de la quarantaine. Comme beaucoup d’enfants, elle a voulu une autre vie que ses parents mais ironiquement les choix de chacun et les aléas de la vie vont la rattraper.

The Affair m’aurait sans doute séduite si le point de vue adopté était moins subjectif et donc impartial. Cela aurait permis également un traitement des personnages plus juste, une meilleure vision de l’ensemble et de façon générale, quelque chose de plus lisible et d’énergique.

8 SUR 20