[CRITIQUE SÉRIES] : BALLERS : Graine de Footballeurs

Par Fuckcinephiles

(Critique de la saison 1).
Sur de nombreux points, on pourrait décemment considérer la nouvelle sitcom estivale de la chaîne à péage HBO, comme une série familiale; et plus directement issu de la grande famille/bande « Wahlbergienne ». On s'explique.
L'acteur et producteur Mark Wahlberg est un habitué des productions HBO, lui qui a déjà mis ses billes pour plusieurs grosses séries de la chaîne, de Boardwalk Empire en passant par En Analyse et plus directement How To Make it America et Entourage, plus ou moins inspirée de sa jeunesse dans la jungle hostile Hollywoodienne. Ballers, diffusée par HBO, est une création signée par Stephen Levinson, un habitué de l'écurie Wahlberg puisqu'il a justement travaillé sur les trois séries précédemment citées, mais également sur le thriller Broken City – dans lequel Marky Mark joue les vedettes. Autre point appuyant cette thèse, la présence derrière – et partiellement devant – la caméra de Peter Berg, réalisateur chouchou de l'acteur (ils ont tournés ensemble Du Sang et des Larmes et se retrouveront bientôt pour Deepwater Horizon), qui s'était déjà penché sur les coulisses du football américain à travers le film, puis la merveilleuse série Friday Night Lights.

Pour finir, en vedette on retrouve Dwayne «The Rock »  Johnson, acteur hautement bankable mais surtout sportif accomplit, ancien catcheur professionnel mais également ancien footballeur (il aurait même pu prétendre à une carrière professionnel sans une vilaine blessure), qui a déjà joué sous la direction de Berg (la jouissive série B Bienvenue dans la Jungle), et partagé la vedette aux côtés de son ami Mark Wahlberg dans deux longs métrages jonglant entre comédie et action – Very Bad Cops mais surtout No Pain No Gain de Michael Bay. Levinson, Berg, Wahlberg et Johnson, une affaire de bande qu'on vous dit, et pas la moins talentueuse du petit écran ricain. Ambitieuse sur le papier, Ballers se voulait, à l'instar de L'Enfer du Dimanche de l'immense Oliver Stone, comme un nouveau regard sur les coulisses du sport de haut niveau, le tout sous fond de satire humoristique et bling-bling à la facture très cinématographique, rendant de facto la filiation d'avec Entourage encore plus probante.

Spencer Strasmore est une légende du football américain, une ancienne star de la NFL - la ligue de fooball US -, qui est désormais retiré des terrains. Si sa carrière de sportif est derrière lui, il n'a pas pour autant l'intention de quitter le milieu qui l'a fait devenir une star, puisqu'il travaille aujourd'hui comme conseiller financier dans un cabinet huppé, ou il s'efforce de conseiller aussi bien les nouvelles vedettes de la discipline, que les jeunes retraités comme lui. Comptant sur la popularité de l'ex-athlète, son patron espère de gros résultat et met une grande pression sur ses pourtant larges épaules. Néanmoins, Spencer peut décemment compter sur le soutien indéfectible de Joe, son collègue/supérieur hiérarchique qui a goût particulièrement prononcé pour la fête. Entre ego surdimensionnés, négociations ardues avec les sportifs et la nécessité de gérer tout débordement de ceux-ci en-dehors du terrain, Spencer va très vite réaliser que son nouveau métier est aussi exténuant et semer d’embûches que le précédent...

Jouant en terrain connu mais joliment décomplexée - liberté d'une chaîne du câble oblige -, tout en étant très drôle, volontairement machiste et testostéronée à l'extrême, la série est une incarnation parfaite du divertissement estival aussi léger qu'il est diablement prenant et addictif, bien aidé en cela par un humour intelligemment dosé et une durée limitée - 10 épisodes de 26 minutes) -, permettant de pleinement retenir l'intérêt de son spectateur, qu'il soit amateur de sports ou non (la série se jouant finalement bien plus en dehors que sur les terrains). Comédie légère, le show n'en est pas moins fascinant tant il se transforme au fil des épisodes comme une satire pertinente du monde du sport professionnel, notamment de par son regard profond sur la notion de sportif de haut niveau.
Ainsi, Ballers narre autant le pendant du joueur via le personnage de Ricky Jerret (son statut au sein d'un club, l'image qu'il représente aux yeux de tous, allant presque au-delà même de ses propres performances sportives ; sa vie affective trouble, star-système oblige) que son après, par le biais du personnage de Charles Greane (jeune retraité qui peine à passer à autre chose) mais également et surtout, celui de Spencer campé par un Dwayne Johnson crédible en ex-joueur de footballeur - ce qu'il est réellement, au fond - tout autant que dans les nombreuses joutes verbales que lui offre Levinson et sa plume.

Profondément empathique et charismatique à souhait, tout en retenu et une fois encore très à l'aise dans l'humour il porte sur ses larges épaules le show au milieu de seconds couteaux triés sur le volet : John David Washington, Omar Benson ou encore Rob Corddry (déjà de No Pain No Gain), encore une fois excellent, à la limite du cabotinage. Rien que pour la présence électrisante de The Rock (et improbable, tant il est incroyable de voir un acteur aussi bankable attiré par le petit écran), cette nouvelle comédie HBO vaut amplement le coup d’œil, un touchdown clairement transformé – facile – au casting convaincant et au propos réellement captivant.
A tel point que l'on crève déjà d'envie de refaire le match de la saison 2, qui s'annonce pour le coup fortement prometteuse...
Jonathan Chevrier