Ioana Flora, Ionuț Bora, Vlad Ivanov
Né en 1971 à Bucarest, Radu Muntean est diplômé en Réalisation à l'Université de Théâtre et de Cinéma. Depuis 1996, il réalise plus de 600 publicités pour des agences de renom qui raflent tous les prix dans des festivals nationaux et internationaux de films publicitaires.
En 1999, il rejoint le département Réalisation de l'Université où il a étudié.
Son premier long-métrage,
Rage, a été présenté dans plusieurs festivals internationaux.
Son deuxième film
Le papier sera bleu réalisé en 2006 est diffusé dans 40 pays et dans plus de 60 festivals internationaux. Il ouvre la compétition du Festival de Locarno et remporte de nombreuses récompenses à travers le monde.
Boogie est sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 2008.
Son quatrième film
Mardi après Noël fait l'ouverture d'un Certain Regard à Cannes en 2010.
Radu Muntean est considéré comme l'un des réalisateurs phares de la nouvelle vague du cinéma roumain.
Entretien avec Radu Muntean relevé dans le dossier de presse.
Je souhaitais tout mettre en oeuvre pour qu'une identification avec le personnage soit possible. C'est pour cela que le scénario repose sur des moments extrêmement concrets du quotidien. Sur des gestes banals. C'est pour moi une façon d'inclure le spectateur dans l'action. De le faire travailler d'une certaine manière. Il vit l'histoire en même temps que le héros, ayant en temps réel
comme lui les informations. Je trouve que c'est trop facile de se reposer sur les dialogues pour expliquer une situation ou comme ici un dilemme intime. Les livres sont faits pour cela. Pas le cinéma qui est un autre langage. Celui de l'image, des corps... c'est tout cela qui, à mon sens, doit raconter l'histoire.
C'est le résultat de tout ce dont nous venons de parler. Pour construire cette tension il ne faut jamais finir ou conclure les choses. Y compris à la fin. J'aime que chaque séquence s'achève non pas sur une explication ou une résolution mais sur une ambiguïté. Un doute qui dérange, obsède, intrigue. J'ai toujours travaillé de cette manière.
Au coeur de cette histoire il y a une image manquante : celle du crime... Cette image manquante est le coeur du dilemme du héros. Il n'a rien vu. Cependant il est convaincu à 99% que son voisin est coupable. Mais c'est le 1 % d'incertitude qui est important. Et qui explique qu'il ne va pas à la police. Et j'espère que c'est la même chose pour le spectateur. Car quel jugement a-t-on le droit de porter quand il existe une part de doute, même infime ?
Ce pouvoir de séduction est une autre façon pour moi de déstabiliser Pătrașcu. J'ai voulu que Vali soit, pour le héros comme le spectateur, impossible à cerner réellement. Au premier regard, on peut le voir comme un type normal, sans histoire. Et subitement, à partir d'un rien, d'un léger mouvement ou d'une simple expression sur son visage, il peut se transformer. Comme si quelque
chose le dévorait de l'intérieur. Cette ambivalence m'intéresse doublement car elle est le miroir de celle de Pătrașcu qui normalement devrait réagir, dénoncer ce qu'il a entendu et pourtant ne fait rien. J'aime l'idée que dans le film, peu à peu, leurs culpabilités se répondent.
C'est une manière de provoquer cette identification qui est au coeur du film. Et de susciter naturellement et sans l'appuyer l'empathie que vous pouvez avoir pour lui. Et que j'espère l'on ressent. Etre avec lui de façon organique.
Éprouver ce qu'il ressent.