La Mouche Noire (Monstrueuse téléportation)

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Genre : horreur, épouvante 
Année : 1958
Durée : 1h34

L'histoire : Suite à une négligence, un savant se retrouve, le temps d'une expérience, enfermé dans une machine à désintégrer en compagnie d'une mouche. Le résultat de l'expérience qu'il effectuait sur lui-même est qu'il se retouve moitié homme, moitié mouche. 

La critique :

Réalisateur, scénariste et producteur américain d'origine allemande, Kurt Neumann débute sa carrière cinématographique à partir du début des années 1930. Très vite attiré par les genres fantastiques et horrifiques, Kurt Neumann est même pressenti pour tourner L'Homme Invisible et La Fiancée de Frankenstein. Les deux films seront finalement réalisés par James Whale.
Kurt Neumann devra patienter jusqu'au milieu des années 1940. Cette fois-ci, le cinéaste se spécialise dans l'aventure avec Tarzan et les Amazones en 1945 et Tarzan et la chasseresse en 1947. Dès 1950, le réalisateur retourne à son genre de prédilection, la science-fiction, avec Vingt-quatre heures chez les Martiens. Néanmoins, son film le plus notable (et notoire) reste indubitablement La Mouche Noire, sorti en 1958.

A l'origine, le long-métrage est l'adaptation d'une nouvelle de George Langelaan. En 1986, le film de Kurt Neumann est l'objet d'un remake, La Mouche, de David Cronenberg. Aujourd'hui, on connaît davantage le film de Cronenberg, par ailleurs très différent de son modèle, même s'il reprend les grandes lignes du scénario. Mais j'y reviendrai... Au moment de sa sortie, La Mouche Noire terrorise les spectateurs dans les salles obscures. Fort de ce succès, la firme Twentieth Century Fox produira deux nouveaux épisodes : Le Retour de la Mouche et La Malédiction de la Mouche.
La distribution du film réunit Vincent Price, David Hedison, Patricia Owens et Herbert Marshall. Attention, SPOILERS ! Un savant inventeur, André Delambre (David Hedison) a un horrible accident après avoir utilisé une machine servant à la téléportation

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Durant l'expérience, une mouche est entrée avec lui dans la machine. L'ordinateur fusionne l'homme et l'insecte volatile. Devenu monstrueux, André demande l'aide de sa femme Hélène (Patricia Owens) qui doit retrouver la mouche, repartie dans la nature avec une tête d'humain. Ainsi, il pourra retourner dans l'appareil avec la mouche et tenter de renverser le processus.
Mais Hélène, après d'intenses recherches, ne la retrouve pas. Désespéré, son mari se suicide après avoir détruit sa machine. Hélène est accusée de meurtre et arrêtée par la police. Elle demande l'aide de son beau-frère François Delambre (Vincent Price
) afin de l'aider à prouver qu'elle dit la vérité. Le cinéma d'épouvante s'est toujours passionné pour les savants azimutés.

Cependant, contrairement au Professeur Frankenstein, André Delambre est un scientifique affable, sociable, marié, père de famille et parfaitement intégré dans la société. Le scénario de La Mouche Noire s'inscrit également dans la dynamique des films de science-fiction des années 1950. Un homme est victime des radiations et des exactions de la science moderne.
C'était déjà le script de L'Homme qui rétrécit (Jack Arnold, 1954). Dans La Mouche Noire, Kurt Neumann se focalise davantage sur les expériences menées par André Delambre. 
Pourtant, le réalisateur élude habilement la profusion d'effets spéciaux au profit d'une ambiance anxiogène, qui se transforme peu à peu en huis clos. 

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Kurt Neumann se montre assez laconique concernant les recherches de son éminent professeur. D'ailleurs, à aucun moment, le film n'évoque le terme de "téléportation". En outre, il est plutôt question du transport de la matière dans l'espace. Sur ce dernier point, André Delambre apparaît comme le nouvel Albert Einstein des Temps Modernes. Hélas, cette courbure spatio-temporelle va se retourner contre sa propre chair. Dans un premier temps, c'est une petite coupole qui sert d'expérience.
Ensuite, c'est un félin qui est fourvoyé dans une porte spatio-temporelle. Pourtant, ces nombreuses admonitions ne vont pas décourager le scientifique. Il essaie finalement l'appareil sur lui-même. Le film se transforme alors en tragédie. Certes, La Mouche Noire a bien souffert du poids des années. Pour une fois, l'excellent remake réalisé par David Cronenberg se révèlera supérieur à son modèle.

Néanmoins, La Mouche Noire possède encore un certain charme et devrait ravir les amateurs de films d'épouvante. A moins d'être totalement réfractaire à ce genre de pellicule vieillissante, le spectateur devrait logiquement apprécier cette histoire un brin fuligineuse, tout du moins dans sa première partie. Détail plutôt original : le long-métrage commence par l'assassinat d'André Delambre.
Ensuite, le scénario fonctionne par flash-back. C'est l'épouse (ou plutôt la veuve) Delambre qui expose les faits qui l'ont conduit au meurtre de son mari. Finalement, le même André Delambre est rapidement oblitéré au profit d'un autre acteur charismatique : Vincent Price. Pour une fois, l'interprète joue un personnage normal, à des années lumière de ses rôles habituels au cinéma. 

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L'intrigue se déroule alors dans une maison bourgeoise au sein d'une famille sans histoire. Certes, Kurt Neumann va directement à l'essentiel et vulgarise certains concepts scientifiques au profit d'une enquête policière parfois alambiquée. Ensuite, La Mouche Noire peut également s'appuyer sur plusieurs séquences solidement troussées : la mort du chat de la famille et surtout le visage monstrueux du scientifique qui se dévoile sous les yeux ulcérés et effrayés de sa femme.
Toutefois, le film n'est pas exempt de tout reproche et souffre inévitablement de la comparaison avec le chef d'oeuvre de Cronenberg. La Mouche Noire se montre beaucoup trop lapidaire sur les expérimentations du scientifique. Le long-métrage contient plusieurs scènes assez embarrassantes, notamment la recherche de la mouche scientifique, et bien sûr la conclusion finale, hilarante malgré elle.
Considéré aujourd'hui comme un film culte et un classique du cinéma horrifique, La Mouche Noire justifie néanmoins son visionnage. Le thème de la métamorphose sera repris et amélioré par le même David Cronenberg, lui aussi fasciné par les mutations humaines.

Note : 14/20

sparklehorse2 Alice In Oliver