La carrière de David O’Russell est décidément pleine de surprises. Après un retour en fanfare avec Fighter, ayant consacré Christian Bale d’un Oscar du meilleur second rôle, il a enchaîné avec Happiness Therapy qui a valu à Jennifer Lawrence un Oscar de la meilleure actrice. Bref, ses films sont devenus des machines à Oscars attisant la sympathie de l’Académie et des journalistes. Sa remontée en puissance prend un nouveau tournant avec Joy, biopic d’une célèbre inventrice dont les produits ont fait le bonheur du téléachat pendant des années. Il retrouve ici le trio de ses 2 films précédents (Jennifer Lawrence donc, mais aussi Bradley Cooper et Robert de Niro) pour raconter ce portrait de femme hors du commun… Mais que vaut donc Joy ? Réponse…
Synopsis :
Inspiré d’une histoire vraie, JOY décrit le fascinant et émouvant parcours, sur 40 ans, d’une femme farouchement déterminée à réussir, en dépit de son excentrique et dysfonctionnelle famille, et à fonder un empire d’un milliard de dollars. Au-delà de la femme d’exception, Joy incarne le rêve américain dans cette comédie dramatique, mêlant portrait de famille, trahisons, déraison et sentiments.
Critique :
S’il y avait un lien entre Happiness Therapy et American Bluff, ce serait l’hystérie qui se dégage de tous les personnages de ces films. Une hystérie vite fatigante qui plombait complètement American Bluff et faisait redouter ce visionnage de Joy, surtout avec sa bande-annonce vendant un film au rythme nerveux et aux querelles de famille nombreuses. Autant le dire : oui il y en a des querelles de famille dans Joy. Mais O’Russell livre un résultat final étonnamment sage, qui malgré quelques envolées typiques de son cinéma et une BO de qualité (incluant notamment un morceau d’Alabama Shakes datant de 2015 alors que le film se déroule il y a plusieurs décennies) reste sobre dans ses dialogues et sa mise en scène posée.
Cette sobriété regagnée, elle contamine aussi Jennifer Lawrence, remarquable dans ce rôle de femme géniale mais écrasée par les conventions sociales et la pression familiale. L’actrice signe sa meilleure prestation depuis Winter’s Bone, et c’est un soulagement de la voir débarrassée de la crispation qui contaminait son jeu depuis plusieurs films. Il faut avouer que le long-métrage repose entièrement sur ses épaules ; elle est quasiment de tous les plans et de toutes les scènes. Le reste du casting semble alors un peu fade, en particulier De Niro, pourtant si génial dans Happiness Therapy.
Le gros problème de Joy vient de sa structure. On comprend bien l’intérêt du réalisateur de vouloir s’attarder sur la vie de notre héroïne avant qu’elle ne devienne, après moult épreuves, une femme d’affaire accomplie, géniale et respectée. Mais cette partie prend 40 minutes et est bien trop longue. On n’arrive plus vraiment à s’immerger dans le film car sa première invention semble être un élément anodin du film comme toutes les péripéties qui se sont produites avant. Il ne se produit pas de réel bouleversement, le rythme du film reste le même, et sans que l’on s’ennuie, il manque une étincelle pour que l’on soit vraiment conquis.
C’est paradoxal à dire, mais à trop vouloir retrouver une certaine sobriété dans les rapports humains qu’il décrit, O’Russell perd en fin de compte beaucoup plus que ça. Car malgré quelques scènes qui surnagent, Joy est finalement un biopic classique dans tous les sens du terme, abordant à peine quelques thèmes que l’on se serait attendus à voir (la place de la femme dans la société et ses rapports avec le monde très masculin des affaires, notamment).
En bref : Beaucoup de choses veulent être évoquées, au final trop peu de choses sont approfondies. Joy reste alors un film superficiel, un mignon film de Noël mais qui n’enthousiasme jamais autant que l’on pourrait le souhaiter.
3/5
Critique rédigée par Océane Z.
Joy de David O. Russell avec Jennifer Lawrence, Robert De Niro, Bradley Cooper… En salles le 30 décembre 2015.