Genre : science-fiction
Année : 2005
Durée : 1h52
L'histoire : Ray Ferrier est un docker divorcé et un père rien moins que parfait, qui n'entretient plus que des relations épisodiques avec son fils Robbie, 17 ans, et sa fille Rachel, 11 ans. Quelques minutes après que son ex-femme et l'époux de cette dernière lui ont confié la garde des enfants, un puissant orage éclate. Ray assiste alors à un spectacle qui bouleversera à jamais sa vie.
La critique :
Publié en 1898, le roman La Guerre des Mondes d'H.G. Welles reflète à la fois l'angoisse de l'impérialisme et de l'époque victorienne. Quarante ans plus tard, Orson Welles, artiste aux multiples facettes, retranscrit l'opuscule de manière personnelle à la radio et défraye la chronique. Des petits hommes verts seraient déjà sur Terre ! Leur but ? Détruire notre planète ! A la veille de la Seconde Guerre Mondiale, tout le monde fonctionne dans la supercherie !
En 1953, en pleine Guerre Froide, Byron Haskins s'ébaudit lui aussi de cette paranoïa ambiante avec un film homonyme (donc La Guerre des Mondes, au cas où vous n'auriez pas suivi...). Le film de Byron Haskins est la parfaite retranscription de plusieurs peurs archaïques et indicibles : la guerre nucléaire et une invasion communiste.
Bienvenue dans la science-fiction des années 1950 ! Mais en l'espace de plus d'un demi-siècle, le contexte politique a changé. 11 septembre 2001 : quatre attentats suicides sont perpétrés aux Etats-Unis et visent des bâtiments symboliques de l'Oncle Sam. L'Amérique connaît probablement sa période la plus noire de son histoire. Le monde entier est sous le choc.
Désormais, plus personne ne scrutera le ciel de la même façon. Telle est la dialectique de La Guerre des Mondes version 2005, réalisé par Steven Spielberg. Sur le fond, le film n'est pas vraiment un remake du chef d'oeuvre de Byron Haskins, mais plutôt une adaptation libre, qui vient confirmer une nouvelle peur contemporaine : le terrorisme. Comme un symbole, Steven Spielberg, réalisateur émérite et accompli, qui a triomphé avec d'autres films de science-fiction, entre autres Rencontres du Troisième Type et E.T. L'Extra-Terrestre, n'est plus ce visionnaire du passé.
Son regard sur l'avenir a profondément changé. Contrairement à E.T. L'Extra-Terrestre et à Rencontres du Troisième Type, deux films de SF exaltant le pacifisme à satiété, La Guerre des Mondes propose une toute autre vision de nos aliens macrocéphales. Cette fois-ci, fini les courses à vélo dans un ciel lunaire. Place désormais à la guerre, à la dépression et à un monde condamné à la déliquescence.
La distribution du film réunit Tom Cruise, Dakota Fanning, Justin Chatwin, Henry Jane Watson, Miranda Otto, Tim Robbins, Rick Gonzales et Yul Vasquez. Après le tournage, Steven Spielberg déclarera qu'il ne réengagerait plus jamais Tom Cruise pour un film. En effet, durant la promotion, l'acteur glose, pérore et fait surtout l'apologie de la scientologie. Ce qui aura le don d'agacer le réalisateur.
La polémique gonfle et certaines critiques considèrent presque La Guerre des Mondes comme une oeuvre de propagande à la gloire de la scientologie. Accusation évidemment démentie par Steven Spielberg. Le long-métrage ne contient aucun discours religieux, encore moins scientologique. Attention, SPOILERS ! Ray Ferrier (Tom Cruise) est un père divorcé vivant dans le New Jersey, en banlieue de New York.
Un matin, son ex-épouse lui confie la garde de leurs deux enfants, Rachel (Dakota Fanning) et Robbie (Justin Chatwin), le temps de quelques jours. Mais le soir-même, un orage éclate et déclenche d'étranges phénomènes comme l'arrêt total des véhicules. Bientôt, d'énormes engins mécaniques surgissent de sous terre et désintègrent les êtres humains dans le chaos le plus total.
Ray et ses enfants pensent trouver refuge chez son ex-épouse, mais celle-ci est déjà partie pour Boston et la maison est inoccupée. Durant la nuit, un Boeing 747 se crashe dans le quartier. Au milieu des débris, une équipe de journalistes leur apprend que des créatures extra-terrestres sont à l'origine des événements et que le monde est déjà en ruines. Ray, Rachel et Robbie décident de se rendre à Boston, traversant une série d'épreuves qui va à la fois les réunir et les séparer.
Depuis Minority Report, le cinéma de Steven Spielberg s'est visiblement radicalisé. Le cinéaste n'est plus ce réalisateur à oscars qui recherche à tout prix la gloire et la célébrité. Dans Minority Report, "Spielby" constatait les effets délétères d'une société américaine obnubilée par le crime.
Dans La Guerre des Mondes, un nouveau fléau s'est peu à peu transmuté. Désormais, les attentats terroristes sont appelés à devenir le quotidien d'un monde en décrépitude. Ici point de héros américain triomphant de vils extra-terrestres. Ray Ferrier est un père de famille divorcé totalement impuissant et condamné à s'esbigner devant les attaques destructrices des aliens.
Steven Spielberg assure largement le spectacle avec toute une série de déflagrations, ces immenses appareils aux tentacules oblongues qui sourdent de la terre, ne laissant derrière eux que ruines et désolation. Face à cette nouvelle guerre, les populations vivent dans la terreur. L'armée se révèle elle aussi impuissante. Quant aux survivants humains, soit ils sont kidnappés par les machines extra-terrestres, soit ils s'entretuent eux-mêmes.
Là aussi, point de solidarité. Le discours de Steven Spielberg est résolument pessimiste et d'une noirceur totale. Dans ce monde chaotique condamné à la paupérisation, c'est le retour aux méthodes expéditives. C'est aussi le témoignage d'un monde qui tourne à l'envers. En outre, notre technologie moderne ne parvient même pas à égratigner les robots-alien.
A partir de là, Steven Spielberg s'approprie le roman d'H.G. Wells. C'est la nature même, cet atome ou plutôt cette bactérie primordiale qui va triompher de cette civilisation hostile et belliciste. Paradoxalement, le film n'est pas exempt de tout reproche, tout du moins de contradictions. Alors que Spielberg nous emmène sur un chemin escarpé, il conclut ce remake de façon surprenante. Bien étrange happy-end que ces retrouvailles familiales dans un contexte martial, rappelant étrangement nos instincts les plus barbares et primitifs. Contre toute attente, le cinéaste euphémise son propos, jusque-là radical.
Dommage car on tenait probablement là le ou l'un des plus grands chefs d'oeuvre du réalisateur...
Note : 15/20
Alice In Oliver