Tradition Scénario-Buzzesque oblige, voici le bilan de mon année cinéma. Je n’ai aucune prétention d’avoir un goût universel, ni de pouvoir graver dans la pierre quels sont les meilleurs ou les pires films de l’année, loin s’en faut. Mais puisqu’un blog sert avant toute chose à partager, je voudrais revenir sur mes gros coups de cœur, quelques jolies surprises… et grosses déceptions de 2015.
Petit rappel à l’usage de mes lecteurs de fraiche date: chaque année on me demande pourquoi ne figurent que des films étrangers, ou presque, dans ma sélection annuelle. Que les choses soient claires, je ne méprise aucunement le cinéma hexagonal, bien au contraire, c’est lui qui me fait gagner ma croûte, hein. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il serait très mal venu de critiquer le travail de tel ou tel confrère, if you see what I mean… Lorsqu’on connait l’envers du décor de la création cinématographique made in France, que l’on sait quel parcours du combattant il faut traverser pour voir un projet de film finalement à l’écran et quel sort est réservé au scénario, on se dit que certains films, même imparfaits, ont le grand mérite d’exister. 😉
Ceci étant dit, 2015 a été une année charnière. En réintégrant Paris intra muros je me suis munie d’une carte illimitée, ce qui a fait exploser ma présence en salles. Mais surtout, j’ai noté un contraste saisissant: je n’avais jamais vu autant de bons films français, des films qui ont une vraie identité, sur le fond comme sur la forme, pour autant de films hollywoodiens décevants, insipides, même (et c’est encore plus triste) émanant de cinéastes dont j’apprécie habituellement le travail.
C’est carrément génial, allez vous me dire, le cinéma français se porte bien, il est concurrentiel! Je vous répondrai qu’hélas, tant que notre politique de diffusion/promotion ne sera pas repensée, des tas d’excellents films hexagonaux continueront de ne sortir qu’une semaine et dans trois salles, dans l’indifférence générale…
Bon, trêve de blabla, roulements de tambour et bilan de cette cuvée 2015 qui, en bien ou en mal, ne m’a vraiment pas laissée de marbre:
Mes gros coups de cœur:
Je ne débrieferai pas de films français donc, impossible cela dit de ne pas évoquer le superbe Mustang de Deniz Gamze Ergüven tant il m’a bouleversée en tant que spectatrice, mais aussi qu’auteure/filmmakeuse. Coup de foudre atomique pour cette oeuvre subtile mais sans concession co-signée par Alice Winocour dont le Maryland m’a lui aussi beaucoup impressionnée. Et pour finir avec cette parenthèse francophone, grosse baffe aussi devant La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil de Joann Sfar.
En terme de cinéma international, deux films se partagent la première place dans mon coeur. Le poignant Songs My Brothers Taught Me de Chloé Zhao, tout d’abord. Je crois que ce film cristallise tout ce que j’aime au cinéma, tant sur le fond que sur la forme: cinématographie esthétique mais sobre, narration archi subtile mais qui prend aux tripes, le tout sur un fond social qui ne plombe jamais le récit. Très beau moment de cinéma qui se partage la première place du classement avec l’envoutant Crimson Peak de Guillermo del Toro, vu trois fois en deux mois, hem… Si cette romance gothique m’a transportée en tant que spectatrice, elle m’a beaucoup fait cogiter en tant qu’auteure. Le scénario est vraiment sans surprises et pourtant il fait mouche, parce qu’il remplit à merveille le cahier des charges, à la croisée de plusieurs genres cinématographiques. Et puis, la narration repose sur deux très beaux personnages féminins, un vrai travail d’orfèvre.
Même constat pour le dernier volet de la saga Star Wars: j’ai adoré The Force awakens alors que son scénario est archi prévisible, car oui, calqué sur celui de l’épisode 4. Mais d’une part, le film renoue avec la magie de la trilogie initiale et, d’autre part, les nouveaux personnages sont particulièrement réussis/attachants. Vraiment hâte de découvrir la suite!
Si vous cherchez un scénario époustouflant en revanche, je vous conseille l’excellentissime Regression d’Alejandro Amenábar, non mais la baffe quoi!
Etant une inconditionnel de Larry Clark, il m’était difficile de résister au charme vénéneux-foutraque de The Smell of us. En plus je suis fan de skate, bref, j’étais foutue d’avance. 😉
Et au rayon documentaire, coup de foudre enfin pour le Amy d’Actif Kapadia, bel exercice de style que de réaliser un film à base d’archives tout en faisant naitre l’émotion du spectateur à ce point…
Les films que j’ai aimés mais un peu moins:
Etant passionnée de photographie et archi fan d’Anton Corbijn comme de son sujet, James Dean, j’attendais Life avec frénésie et le film a répondu à mes attentes, même s’il lui manque le petit supplément d’âme du superbe Control…
Comme mes fidèles lecteurs le savent, je suis une grosse consommatrice de films d’horreur, et j’ai franchement souffert cette année, que de daubes me suis-je infligées! Deux belles surprises en la matière toutefois, avec l’ingénieux et glaçant It follows de David Robert Mitchell et le retour (enfin!) en grande forme de M. Night Shyamalan. Son dernier film, The visit, est peut-être fauché mais il fonctionne à merveille (et sa série Wayward Pines n’est pas dégueu non plus mais c’est une autre histoire), comme quoi quand le melon rétrécit… 😉
Woody Allen a livré lui aussi un opus plus que respectable, j’ai savouré le cynisme d’Irrational Man, même si le film manque hélas un poil d’humour.
Petite forme pour Noah Baumbach cette année, son While we’re young ne manque pas de charme mais il a un arrière-goût de « pantouflisme », à l’instar de ses personnages. ^^ J’ai très hâte de voir Mistress America cela dit…
C’est d’émotion que manque le Cobain, montage of heck de Brett Morgen en revanche, même si ce documentaire est passionnant de part en part.
Même constat pour The Martian de Ridley Scott, mais quel pied que cette immersion spatiale…
La vingt-quatrième aventure cinématographique de l’agent 007 nous en met plein les mirettes, bravo une fois de plus, monsieur Mendes. Je n’en dirai pas autant à ses scénaristes, la caractérisation des personnages féminins de Spectre a l’épaisseur de papier à rouler, même pour un James Bond, ce qui n’est pas peu dire!
Enfin, au rayon pop-corn movies, belle surprise que ce Antman que tout le monde (moi y compris) pensait fichu avec le « départ » d’Edgar Wright! Ca faisait longtemps que je n’avais pas kiffé un film Marvel (on en reparle plus bas). Très bon moment passé devant American Ultra itou.
Les déceptions:
Oh la la quelle souffrance devant le Macbeth de Justin Kurzel! La prétention de sa mise en scène, et de l’interprétation de sa lady Mcbeth, ont réussi à me gâcher le double délice Shakespeare/Michael Fassbender, yerk!
On ne peut pas dire que Trainwreck soit mauvais, loin s’en faut, mais j’attendais tellement mieux du tandem Judd Apatow/Amy Schumer, d’autant que cette comédie pourtant portée par une figure du féminisme a des relents bien réac, pour ne pas dire misogynes…
Ennui et irritation devant Mia Madre. Que de facilités, voire de paresse dans l’écriture, monsieur Nanni Moretti, vous vous avez habitués à tellement mieux.
Et la palme d’or du Nanar…
…goes to Avengers, age of Ultron, non mais sérieux quoi?! Tonton Whedon en a chié sur ce film, et s’est largement exprimé à ce sujet dans la presse. Etait-ce une raison pour nous infliger cette purge? 😉
Voilà, la liste n’est pas exhaustive, j’ai vu PLEIN d’autres films, quand même, en 2015, notamment de très beaux films français donc, mais voici ceux qui m’ont marquée, en bien ou en mal.
Copyright©Nathalie Lenoir 2015