Thanga Magan, le deuxième film du réalisateur indien Velraj, connu pour être un directeur de la photographie à la filmographie pléthorique, est une petite romance traversée par des préoccupations typiquement indiennes, notamment la corruption qui gangrène les institutions. Sorti récemment en salle dans les cinémas français, Thanga Magan est une vraie comédie, à la fois tendre et légère. On ne peut en sortir que le cœur léger.
Thamizh (Venkatesh Prabhu Kasthuri Raja) est un jeune homme sans histoire qui travaille avec son père, Vijayraghavan (K. S. Ravikumar). Ce dernier est fonctionnaire dans la répression des fraudes. Alors que Thamizh a entamé une idylle avec Hema D’Souza (Amy Jackson que l’on a vu dans I), une fille d’un autre quartier qu’il a rencontré au temple, son père perd la mémoire. Refusant de s’installer avec elle sans prendre ses parents sous leur toit, il met fin à leur relation. On marie alors Thamizh à Yamuna (Samantha Ruth Prabhu). Leur mariage, heureux contre toute attente, va éclipser Hema de sa vie jusqu’à ce que son cousin l’épouse et que son père se suicide sans explications.
Thamizh (Venkatesh Prabhu Kasthuri Raja) et Yamuna (Samantha Ruth Prabhu)
Thanga Magan revêt plusieurs aspects. C’est avant-tout une comédie romantique mais Inde oblige, on échappe pas aux traditionnelles séquences chantées ni à quelques bastons plus ou moins bien chorégraphiées. Cependant, c’est le type même de film indien qui restera accessible aux novices, se rapprochant malgré tout des standards occidentaux. Ainsi, les scènes chantées sont peu nombreuses et ne sont pas chorégraphiées, servant plutôt de support pour illustrer le temps qui passe. L’aspect dramatique du récit est orienté autour du mirage du premier amour, de la perte du père et de l’honneur perdu. Les malheurs de Thamizh viennent principalement d’un fonctionnaire corrompu. Dans Thanga Magan, ce sujet est abordé quasiment comme si de rien n’était, comme si la corruption était la chose la plus ordinaire du monde. Malgré tout, le scénario condamne sans appel l’appât du gain comme seul ambition terrestre. À ce mal moderne, il y substitue la force de l’amour, valeur ô combien supérieure et réellement créatrice. Dans le long-métrage de Velraj, l’argent n’apporte que du malheur à ceux qui la possèdent exagérément tandis que les héros et les héroïnes trouvent dans leur droiture une récompense et un soutien face à toutes les épreuves de la vie.
Hema (Amy Jackson) et Thamizh (Venkatesh Prabhu Kasthuri Raja)
Personnage un brin surjoué, souvent drôle malgré lui, Thamizh est surtout un garçon attachant et fiable qui atire immédiatement l’adhésion du public. Son idylle de jeunesse est l’occasion de se forger surtout une belle amitié mettant ainsi ce sentiment réciproque au même niveau de considération que l’amour charnel. Comment la relation entre deux amants peut durer sans que naisse une amitié solide ? C’est pourquoi, il pourra compter sur le soutien de ses amis fidèles Hema et Kumaran (Sathish Krishnan). En parrallèle, les liens du sang ne sont pas mis en avant par Thanga Magan. Pour ce qu’ils peuvent avoir parfois de fictifs, tronquant les relations de personne à personne par le biais d’une solidarité que l’argent peut rompre aisément, cela est un mal pour un bien. Ici, on relativise le cercle familial pour l’élargir aux amis, parfois plus dignes de confiance. Les médiocres, laissant la cupidité prendre le dessus sur les vertus de l’amitié et de l’amour, sont tournés au ridicule. Fidèle au genre, ils prennent de vraies raclées, au sens propre comme au figuré, lorsque, en contradiction totale avec son personnage très calme, Thamizh se transforme en champion d’art martiaux pour le plus grand plaisir de nos zygomatiques.
Accessible, drôle et tendre, ne s’abstenant pas de dénoncer (gentiment) une perte de valeur qui s’inscrit en plein dans le capitalisme débridé et la corruption d’État qui l’accompagne, Thanga Magan est une petite comédie à ne pas rater si l’occasion se présente.
Boeringer Rémy
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