Un grand merci à TF1 Vidéo pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le dvd du film « L’amant de cinq jours » de Philippe De Broca.
« C’est merveilleux d’attendre. C’est la moitié de l’amour. »
Madeleine, directrice d'une maison de haute couture, et Claire, mariée, deux enfants, sont très bonnes amies. Antoine, amant de Madeleine et homme entretenu, vient à rencontrer Claire. Claire et Antoine entament une relation clandestine bientôt découverte par Madeleine. Cette dernière décide d'organiser une petite vengeance en conviant Claire et son mari ainsi qu'Antoine à une petite soirée. Claire et Antoine vont tous les deux se voir d'un œil différent.
« Quand on se moque du mari, on se moque aussi de l’amant »
Pour le grand public, le nom de Philippe de Broca reste intimement lié à celui de Jean-Paul Belmondo. Il faut dire que les deux compères ont signés quelques-uns des plus grands films d’aventures du cinéma français : « L’homme de Rio », « Les tribulations d’un chinois en Chine », « Cartouche », « Le magnifique »… On en oublierait presque qu’après avoir appris le métier en qualité d’assistant de Claude Chabrol ou de François Truffaut, De Broca commença sa carrière en réalisant des comédies. Et que sa première muse fut le très élégant Jean-Pierre Cassel, qu’il fit jouer dans quatre de ses six premières réalisations : « Le farceur » et « Les jeux de l’amour » en 1960, « Un monsieur de compagnie » en 1964. Et donc « L’amant de cinq jours » en 1961.
« Je ne veux pas de cage pour toi. Tu es faite pour l’air. Et tu es toujours si belle quand tu rentres »
Avec « L’amant de cinq jours », adaptation d’un roman de Françoise Parturier, Philippe De Broca s’essaye au vaudeville. Un genre dans lequel on ne l’attendait a priori pas. Son film est donc surprenant à plus d’un titre. D’une part, par la modernité dont il fait preuve pour son époque. En effet, aussi charmant et séduisant soit-il, son personnage masculin principal demeure un personnage faible de dandy entretenu par une femme d’âge mûr tombant amoureux d’une jeune femme mariée qui finira par se lasser de son immaturité. On l’aura compris, De Broca donne ici le beau rôle à la gente féminine et dresse à cette occasion deux beaux portraits de femmes modernes, libres et émancipées. Des femmes qui assument leur pouvoir (de séduction pour l’une, financier et social pour l’autre), leurs désirs et leur sexualité, sous le regard complice du réalisateur qui ne porte jamais sur elles de jugement réprobateur. D’ailleurs ce sont les hommes qui courent après les femmes dans le film et non le contraire. Le film surprend également par sa tonalité. La première moitié du film se fait légère comme du champagne et la fantaisie de De Broca s’exprime parfaitement dans les facéties d’un Jean-Pierre Cassel élégant et sautillant, passant d’une chanson à la guitare à un numéro de danse parfait. Sans parler des gags potaches (les accidents de col). Avant que le film ne soit traversé d’une étonnante gravité, les amoureux trompés étant moins dupes que prévu et faisant preuve d’une belle magnanimité malgré leur lucide amertume. Et même lorsque l’on comprend avec déchirement l’impossibilité de ces amours clandestines, De Broca parvient encore à éviter la mièvrerie grâce à l’élégance de son scénario et de sa réalisation. Il faut reconnaitre également le mérite de son quatuor d’acteurs : Jean-Pierre Cassel et Jean Seberg sont étincelant de séduction quant Micheline Presle et François Perrier interprètent avec une belle subtilité les perdants magnifiques. Avec son ton « entre deux », mêlant légèreté et gravité, le film fait un peu penser, de loin, à certaines productions américaines de la même époque, sorte de lointain cousin de « Diamants sur canapé » ou de « Elle et lui ». Même s’il s’agit d’un De Broca mineur, le film possède en lui une forme d’innocence qui le rend particulièrement touchant.
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