Un grand merci à Pathé pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le bluray du film « Pour la peau d’un flic » d’Alain Delon en version restaurée.
« Lui ça va... Il est mort ! »
Histoire aux multiples rebondissements d'un privé, ancien flic, qu'une vieille dame charge de retrouver sa fille aveugle, Marthe, qui a disparu. La vieille dame est assassinée... Aidé par son associé, Haymann, commissaire en retraite, et sa secrétaire, Charlotte, le privé Choucas tente de dénouer les fils d'un imbroglio où divers services de police et des trafiquants de drogue sont mêlés. Chemin faisant, Choucas subit l'agression d'un certain Pradier, il le retrouve dans l'appartement de la victime et le tue, le complice, lui, parvient à s'enfuir... De retour à son logis, Choucas échappe au piège tendu par un dénommé commissaire Madrier et le tue. Résultat, Choucas est recherché par une bande mystérieuse et par la police officielle... Une cascade d'événements mouvementés s'ensuit...
« Si vous m’expliquez les règles du jeu, j’arriverai peut-être à y prendre un peu de plaisir »
Pour Alain Delon, les années 70 sont prolifiques et synonymes de succès : il joue des grands rôles, dans des grands films et pour les plus grands réalisateurs du moment (« Le cercle rouge » de Melville, « Borsalino » de Deray, « L’assassinat de Trotsky » et « Monsieur Klein » de Losey, « La veuve Couderc » de Granier-Deferre, « Mort d’un pourri » de Lautner ou encore « Deux hommes dans la ville » de Giovanni. Pourtant, en cette fin de décennie 70, plusieurs films de Delon déçoivent, ne parvenant pas à atteindre les succès escomptés. Jusqu’à « Trois hommes à abattre », adaptation d’un roman de Jean-Patrick Manchette signée Jacques Deray, qui devient l’un des plus gros succès français de l’année 1980. Fort de ce succès, Delon décide pour son film suivant d’adapter un nouveau roman de Machette, en l’occurrence « Que d’os ! » qui deviendra « Pour la peau d’un flic ». Le film marque également les début de Delon à la réalisation, expérience qu’il renouvellera sur « Le battant » deux ans plus tard.
« La peau d’un flic ne vaut pas cher. Surtout quand il s’agit d’un ex flic. »
Si pour Delon les années 70 sont des années de gloire, elles sont aussi marquées par sa rivalité avec l’autre poids lourd du box-office français, en l’occurrence son ami Jean-Paul Belmondo. En la matière chacun son style : Bébél fait ainsi dans la cascade et la gaudriole quand Delon lui préfère les rôles de flics mystérieux et mutiques. L’exubérance de l’un s’opposant à l’austérité de l’autre. Toutefois, en cette fin de décennie, Delon se renouvelle et abandonne peu à peu le style complet/imperméable pour une tenue résolument plus moderne jean/blouson en cuir. Sans doute est-il alors influencé par les succès des polars américains, portés par une nouvelle génération d’acteurs décomplexés - tels que Clint Eastwood, Steve McQueen ou encore Burt Reynolds - et qui impose un nouveau style plus nerveux, plus brutal et plus décontracté dont le meilleur exemple reste la saga de « L’inspecteur Harry ». Avec « Pour la peau d’un flic », Delon s’offre donc un polar décomplexé, à l’américaine et dans l’air du temps (il suffit de voir la scène d’ouverture où Delon s’exerce au ralenti à dégainer et tirer comme un cowboy pour s’en convaincre). Prenant appui sur une intrigue plutôt bien bâtie, le film trouve un bon équilibre entre action (à l’image de cette belle course poursuite à contresens sur le périphérique) et second degré (notamment grâce à l’apport du personnage féminin interprété par la débutante Anne Parillaud). De plus, Delon s’entoure parfaitement de seconds rôles de qualité (Michel Auclair, Jean-Pierre Darras, Daniel Ceccaldi) qui viennent donner un peu d’épaisseur à l’ensemble. Force est de constater que la recette fonctionne. Et même si « Pour la peau d’un flic » n’est pas un grand film, il n’en demeure pas moins un divertissement de qualité, sans prétention et particulièrement jouissif.
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