Genre : drame, guerre, fantastique, inclassable (interdit aux - 12 ans)
Année : 1990
Durée : 1h52
L'histoire : Jacob Singer, un employé des postes new-yorkaises, est assailli par de nombreux cauchemars durant ses journées. Il voit des hommes aux visages déformés et se retrouve dans des lieux qu'il ne connaît pas. Jacob est victime des flashbacks incessants de son premier mariage, de la mort de son fils et de son service au Vietnam. Jours après jours, Jacob s'enfonce dans la folie en essayant de comprendre ce qui lui arrive avec l'aide de Jezebel, son épouse.
La critique :
Producteur et réalisateur britannique, Adrian Lyne accède à la gloire et à la notoriété dès son second long-métrage, Flashdance en 1983. Il enchaîne alors les succès au cinéma avec 9 semaines 1/2 (1986) et Liaison Fatale (1987). En 1990, Adrian Lyne s'investit dans une oeuvre plus personnelle, L'Echelle de Jacob, sans aucun doute son meilleur film.
Paradoxalement, le long-métrage n'obtient qu'un succès d'estime au moment de sa sortie. Les spectateurs ne se précipitent pas spécialement dans les salles. Pourtant, L'Echelle de Jacob est unanimement salué par les critiques et la presse cinéma. Avec Angel Heart d'Alan Parker qui sort la même année, L'Echelle de Jacob impose un nouveau style : le film à twist final.
Au fur et à mesure des années, L'Echelle de Jacob va devenir un véritable phénomène. Certains fans jubilent et parlent même d'un film culte. Aujourd'hui, L'Echelle de Jacob est répertorié parmi les meilleurs thrillers de toute l'histoire du cinéma. Il est classé dans la liste des dix films les plus effrayants de tous les temps par de nombreux sites internet.
Reste à savoir si sa réputation est bel et bien justifiée. Réponse dans les lignes à venir... En vérité, difficile de ranger le long-métrage dans une catégorie particulière. L'Echelle de Jacob se situe à la frontière entre le fantastique, le drame, le film de guerre, l'épouvante et le thriller. La distribution du film réunit Tim Robbins, Elizabeth Pena, Dany Aiello, Matt Craven, Pruitt Taylor Vince, Jason Alexander, Erik La Salle, Ving Rhames et Macaulay Culkin (dont c'est la première apparition au cinéma).
Attention, SPOILERS ! Jacob Singer (Tim Robbins) est un employé des postes vivant à New York avec une compagne qu’il n’aime pas vraiment. Ce dernier est constamment harcelé par ses souvenirs de la guerre du Vietnam où il fut gravement blessé. Jacob est également hanté par la vie qu’il menait auparavant, lorsqu’il était professeur d’université et heureux père de famille, jusqu’à ce qu’un accident lui arrache la vie de son jeune fils et brise sa vie de couple.
Tandis que les différentes périodes de sa vie se mélangent dans son esprit, Jacob est poursuivi par d’étranges et grotesques apparitions, l’amenant jusqu’aux confins de la folie. En vérité, il est difficile de parler de L'Echelle de Jacob sans révéler les éléments essentiels d'un scénario souvent labyrinthique et nébuleux.
Donc attention, ce qui va suivre révèle les grande lignes de l'intrigue ! L'Echelle de Jacob revisite à sa manière L'Enfer, la première partie de La Divine Comédie de Dante Alighieri, qui se divise elle-même en deux parties : le Purgatoire et le Paradis. En outre, L'Echelle de Jacob s'apparente à une allégorie de cette première section. Avant d'exhaler son dernier soupir, un homme, Jacob Singer, est condamné à (re)vivre plusieurs moments importants de sa vie sous la forme de cauchemars morbides.
Certes, au détour de plusieurs séquences et rebondissements, Adrian Lyne propose une succession de fausses pistes. A l'instar de ses compagnons d'infortune, Jacob Singer a vécu l'enfer au Vietnam. De retour chez lui, il est victime d'hallucinations terrifiantes.
Les réminiscences de la guerre refont surface, mais Jacob ne parvient pas à comprendre le sens de ses hallucinations terrifiantes. Il est même épié et poursuivi par ce qui semble être une mystérieuse organisation. Ses anciens amis souffrent des mêmes symptômes. Alors folie, cauchemar ou réalité ? Jacob mène sa propre enquête. Hélas, son périple schizoïde se transforme en véritable paranoïa.
Lui et ses anciens comparses du Vietnam auraient été les victimes d'expériences scientifiques pendant la guerre. Le gouvernement et l'armée chercheraient donc à éliminer ces cobayes du passé. Jacob se heurte alors à une sorte de mur incoercible et rédhibitoire. Bref, vous l'avez compris. A l'instar de son héros principal (l'excellent Tim Robbins), le spectateur est lui aussi promené dans une série de dédales fantasmatiques.
Adrian Lyne propose alors une sorte de périple hallucinatoire en forme d'autoscopie mentale. Le spectateur est nûment convié à sonder le cerveau malade de cet ancien soldat en proie à des délires paranoïdes. Le scénario du film est pour le moins déconcertant. Néanmoins, impossible de ne pas y voir une oeuvre personnelle et (presque) eschatologique. Adrian Lyne nous entraîne dans un huis-clos anxiogène dans lequel il est question évidemment de la mort, de psychasthénie mentale, mais aussi d'un univers onirique en proie à ses propres contradictions et impasses.
Autre thématique abordée par le film : le trauma et ses corollaires avec tous ces soldats confinés dans la solitude, la dépression et l'oubli. Evidemment, la révélation finale, le fameux twist, a le mérite de dissiper les doutes d'un scénario souvent retors et sybillin. Seul petit bémol, Adrian Lyne se montre parfois un peu trop gourmand au niveau de la mise en scène et multiplie les flash-back et les fausses pistes à profusion, ce qui pourra peut-être décontenancer les plus téméraires d'entre vous.
Mais ne soyons pas trop sévères, on tient là une petite pépite du cinéma fantastique (pas seulement par ailleurs) et une véritable expérience cinématographique.
Note : 16.5/20