Comme d'habitude, il n'y pas eu énormément d'articles sur ce blog cette année. Pour compenser j'ai décidé d'y publier mon top 10 des meilleurs films que j'ai vus cette année, accompagnés d'une petite critique. Oui c'est pas grand chose et c'est un peu facile, mais c'est déjà ça !
Pour compléter cet article, vous pouvez retrouver ici mon top 20 des meilleurs films de 2015 (sans critiques).
1. Mad Max : Fury Road réalisé par George Miller
Pas très original ? Peut-être mais bon si tout le monde est à peu près d'accord, c'est qu'il y a une raison. À 70 ans, George Miller nous fait la proposition de cinéma la plus intéressante de l'année. Le nouveau Mad Max est une course-poursuite continue de 2h où tout est presque parfait. D'un scénario simple (mais dans le bon sens) brassant des thèmes divers (capitalisme, radicalisation religieuse, féminisme, etc.) à une mise en scène magnifique ayant un sens du rythme exceptionnel, en passant par des personnages fascinants (Furiosa et Max en tête) et une musique bourrine de Junkie XL, on ne voit pas trop ce qu'on peut reprocher à ce film. En somme Mad Max : Fury Road est un chef d'œuvre du cinéma moderne, le mélange parfait entre blockbuster ultra-divertissant et film d'auteur intelligent ancré dans l'actualité.
2. Vice-Versa réalisé par Pete Docter et Ronnie del Carmen
En parlant de " mélange parfait entre blockbuster ultra-divertissant et film d'auteur intelligent " en voilà un autre du même genre. Vice-Versa, c'est le retour attendu et gagnant du studio d'animation Pixar. Une idée de base très intéressante (Et si on regardait dans la tête d'une enfant pour voir les différentes émotions qui y cohabitent ?) très bien développée, associée à une technique d'animation toujours au top et à un humour qui fonctionne à tous les coups, c'est la recette pour obtenir un grand beau film mélancolique sur ce qu'il se passe dans nos têtes quand ça ne va plus. On pourra reprocher au film sa palette de couleurs un peu simple et pas toujours jolie, mais c'est un parti-pris visuel qui a un intérêt, comme beaucoup d'autres.
3. Citizenfour réalisé par Laura Poitras
Cette année, on a encore eu droit à pas mal de films d'épouvante à la con de plutôt mauvaise qualité ( Poltergeist, Paranormal Activity 5, Annabelle, etc.) mais aussi à quelques bons ( It Follows, The Visit). Mais le meilleur, ça reste celui-là. Citizenfour est le film le plus flippant que j'ai vu cette année. Paranoïaque, oppressant et cruellement réaliste, on suit dans ce documentaire un Edward Snowden espionné de partout car il a lui-même révélé des secrets d'espionnage des Etats-Unis. Laura Poitras suit de très près son ressentie et ses tourments autour de cette situation, réussissant grâce à sa mise en scène à nous faire réaliser que c'est bien notre monde que l'on voit à l'image, un monde où tout le monde est espionné et où personne n'est jamais vraiment à l'abris.
4. Ni le Ciel ni la Terre réalisé par Clément Cogitore
Film un peu passé sous le radar, Ni le Ciel ni la Terre est néanmoins pour moi ce que le cinéma français a fait de mieux cette année. Un genre de The Leftovers version militaire, où des soldats disparaissent soudainement sans qu'on ne sache jamais pourquoi. On y retrouve d'ailleurs les même thèmes comme la folie ou la spiritualité. Construit comme un crescendo qui laisse un peu dubitatif au début, le film ne fait que prendre de l'ampleur pour se terminer de façon magnifique. De très bon jeunes acteurs, une mise en scène sublime et une histoire dont on ne comprend pas tout mais qui touche profondément.
5. Love réalisé par Gaspar Noé
Celui-là, il n'est pas passé inaperçu, notamment grâce à une projection nocturne à Cannes et à des problèmes de visa d'exploitation. Mais derrière tout ce bruit, il y a un très bon film. Visuellement splendide (merci Benoît Debie) Love est un film d'amour hors du commun. On y retrouve le gout de Gaspar Noé pour la provocation, mais une provocation justifiée car la proposition qu'il nous fait est très intéressante. Et si on faisait un film d'amour avec de vrais scènes de sexe ? Ça fonctionne, non seulement car ces fameuses scènes sont réussis, mais aussi car l'histoire d'amour entre Murphy et Electra est déchirante et servie par un montage intelligent.
6. Life réalisé par Anton Corbijn
Extrait de ma critique (ici en entière) :
" En somme Life est un biopic qui n'en est pas vraiment un, ce qui lui va bien. La combinaison entre une mise en scène soignée sans être extraordinaire et une histoire intéressante faite d'une amitié fascinante en font un très bon film, que je conseille à toute personne s'intéressant à la photographie. "
7. Le Fils de Saul réalisé par Laszlo Nemes
Le Fils de Saul est un film unique qui s'attaque à un sujet sensible de façon frontale : la Shoah. On y suit un homme, Saul, qui tente de donner une sépulture honorable à un jeune garçon qu'il pense être son fils. Je n'ai pas été très sensible à cette trame narrative, même si elle donne lieu à quelques beaux moments. Non pour moi, tout l'intérêt du film est dans sa volonté de recréer un camp d'extermination dans lequel le spectateur errerait aux côtés du personnage principal. Travail sur la profondeur de champ, reconstitution détaillée, mixage sonore angoissant, tout les éléments de la mise en scène sont utilisés pour nous faire croire que nous y sommes. Presque comme dans Gravity, mais avec ici Auschwitz à la place de l'espace, ce film est un genre de simulation réaliste " comme si vous y étiez " nous laissant complètement abasourdi et posant des questions morales importantes sur le monde d'images qui est le notre.
8. A Young Patriot réalisé par Du Haibin
A Young Patriot est un film dont vous n'avez sûrement pas entendu parlé. J'ai eu la chance de le découvrir aux ateliers du Festival Premiers Plans d'Angers cet été. C'est un documentaire où l'on suit pendant plusieurs années Zhao Changtong, un jeune chinois admirateur de Mao et très patriotique. A travers son histoire, Du Haibin fait un portrait critique de la Chine d'aujourd'hui et de ses idéaux. Néanmoins le réalisateur n'est pas là pour se moquer de ce jeune patriote mais bien au contraire pour le comprendre, appréhender ses motivations et les conséquences de ses actions. Et au-delà de cette analyse de la société chinoise, le film se révèle encore plus intéressant dans sa deuxième partie. Quand Zhao, qui devient adulte, commence à comprendre que tout ce qu'on lui a dit et qu'on a essayé de lui faire croire depuis sa naissance, n'est peut-être qu'une illusion.
9. Valley of Love réalisé par Guillaume Nicloux
On a pu entendre que Valley of Love n'était que la confrontation entre deux géants du cinéma (Gerard Depardieu et Isabelle Huppert). C'est le cas, mais heureusement le film est aussi bien plus que cela. Guillaume Nicloux nous parle ici de deuil et plus particulièrement de celui très particulier de deux parents qui viennent de perdre leur enfant. A travers les grands espaces de la vallée de la mort aux Etats-Unis, le film nous montre les questionnements de ces deux parents qui ont du mal à accepter la vérité. Comme dans Ni le Ciel ni la Terre, on est ici à la limite du surnaturel et c'est dans ces moments de doute que le film trouve une émotion très forte, qui touchera ou non le spectateur.
10. Back Home réalisé par Joachim Trier
Dans Back Home, la mort d'une mère de famille jouée magistralement par Isabelle Huppert (encore elle) a laissé dans la tourmente un mari et deux fils. Nous les retrouvons deux ans après cet événement tragique, essayant tant bien que mal de s'en remettre. La grande force du film est d'avoir 4 personnages principaux tous aussi importants et riches les uns que les autres. Il y a d'abord les deux enfants, l'un vivant une adolescence difficile et l'autre venant d'avoir un enfant. Puis il a le père, qui ne sait comment gérer l'héritage de sa femme ainsi que le mal-être de son fils .Et enfin la mère, très présente dans de nombreux flash-backs. Grace à un montage intelligent et original, une très belle mise en scène, d'excellents acteurs et un scénario réussi, Back Home est un beau film sur le deuil et beaucoup d'autres thèmes difficiles qui réussi à être néanmoins radieux et dynamique.