Béliers

BéliersBlanc c'est blanc... il n'y a (plus guère) d'espoir
Dans une île au bout de l’Europe et perdue dans l’Océan, l’Islande, une vallée isolée et loin de toute civilisation ; ici, c’est la patrie des éleveurs de moutons. Deux frères bourrus, barbus vivent à 50m l’un de l’autre ; et depuis leurs naissances, ne s’adressent plus la parole depuis 40 ans. Dans ce pays rude constitué de taiseux, les rancunes ont la dent dure. Il faudra un drame collectif pour toute la communauté pour que petit à petit les deux hommes renouent le dialogue. Et le cœur du drame mais aussi de la réconciliation sera ce qui seul a de l’importance pour eux : les moutons.
Présenté dans la section « Un certain regard » à Cannes, le choix était judicieux. Pour un premier long métrage, l’islandais Grimur Hakonarson affiche une belle maitrise. Scénario, mise en scène, réalisme des situations et travail autour de la psychologie des personnages ; tout est réussi avec en toile de fond un superbe décor austère filmé avec talent. Entre drame et comédie, le film souffle le chaud et le froid, car derrière les vacheries des deux frères persistent constamment une humanité. Cela permet des scènes originales et cocasses dont l’idée comique et osée de la scène avec la pelleteuse. Plans fixes en cinémascope, lenteur des situations ; ce western nordique pépère pourrait effrayer par sa singularité tous les amateurs de films dynamiques. Mais cette langueur dans le déroulé de l’histoire permet à Hakonarson de conserver une cohérence global de son récit. Dans ce pays où tout va lentement, ce cinéma avance à pas feutrés tout en affinant ses enjeux intelligemment tout au long du film jusqu’au bouquet final émotionnel. Ce rythme posé et inéluctable est juste parfois longuet, le seul reproche que l’on peut faire à un très bon premier film. A suivre.
Dommage que l’affiche aux accents graveleux ne représente que si peu un drame rural où la comédie est juste présente en filigrane.
Sorti en 2015
Ma  note: 15/20