Genre : gore, trash, extrême (interdit aux - 18 ans)
Année : 2008
Durée : 1h09
Amis blogueurs, en premier lieu, cette petite parenthèse personnelle si vous le permettez. J’aimerais que vous sachiez que je ne recule devant rien pour essayer de vous offrir le meilleur du gore, du trash et de l’extrême cinématographique. Comme vous le savez (ou pas), chez moi pas de téléchargement, ni de streaming, ni de torrent. Mes sources proviennent de bons vieux dvd, quand ce n’est pas d’authentiques vhs. J’ai besoin de ce contact physique, presque charnel avec l’accessoire. C’est certainement dû à mon grand âge ! Et puis, je suis un collectionneur de longue date.
Forcément, ça biaise un peu les données. Personnellement, je n’ai rien contre les nouveaux modes de consommation audiovisuels et j’ai bien conscience que c’est le seul moyen, pour des jeunes qui n’ont pas encore de revenus, d’accéder à une large palette d’œuvres plus ou moins rares. Cependant, personne ne m’ôtera de l’idée que le fait de posséder un bel objet, longtemps recherché et durement acquis, est mille fois plus jouissif que de procéder à un banal stockage sur une triste clé USB.
Vous comprendrez donc aisément que les films que j’ai l’honneur de vous présenter régulièrement coûtent chers, parfois même horriblement chers. Comme celui dont nous allons parler aujourd’hui, par exemple. Peu importe, j’ai une fois de plus cassé ma tirelire afin d’honorer mon « contrat moral » avec Cinéma Choc.
L'histoire : Une famille de satanistes perpétue une tradition ancestrale en essayant d’ouvrir l’une des sept portes de l’enfer. Pour cela, elle s’allie avec un psychopathe incontrôlable. Chacun va alors s’adonner à d’inqualifiables actes de violence sur d’innocentes victimes.
La critique :
Voici donc The Gateway Meat, un terrifiant thriller satanique signé Ron DeCaro assisté à la réalisation par Fred Vogel, le créateur de l’infâme trilogie August Underground. Autant dire que les démons les plus ignobles se sont penchés sur le berceau de cette œuvre outrancière. Le film a d’ailleurs acquis depuis sa sortie en 2008 une très grosse réputation auprès de nombreux fans, notamment sur Internet. Nécrophilie, viols brutaux, déviances extrêmes, sexe explicite et par-dessus tout un étalage démentiel de gore ultra réaliste. The Gateway Meat s’annonçait d’ores et déjà comme une tuerie monumentale. Le verdict ? Réponse à la fin de cette chronique.
Mais déjà, pour vous donner un aperçu, ce film c’est un peu la rencontre ultime entre la très grosse boucherie et des situations extraordinairement malsaines. Autant dire que nous avons à faire ici à une véritable symphonie de brutalité, un concerto trash majeur. Il faut dire qu’avec deux réalisateurs poids lourd du cinéma extrême à la baguette, on était en droit de s’attendre à un déluge d’atrocités.
Pourtant, hormis une première scène écœurante (un homme se découpe un bout de langue et l’introduit dans la bouche d’une femme qui l’arrache avec les dents avant de le déguster goulûment), les trente premières minutes du film se déroulent en mode « cruise control », le temps pour DeCaro de mettre en place son histoire et de présenter en détail les différents protagonistes. Cette première demi-heure écoulée, le réalisateur lâche enfin les chevaux et un infernal tsunami de violence envahit l’écran jusqu’au générique final. Attention, SPOILERS !
L’histoire part du postulat de l’assassinat du Président des Etats-Unis qui aurait été commis en 2006 par un extrémiste religieux (on ne précise pas la religion de l’intéressé). Ainsi, la population américaine, notamment la jeunesse, rejetant en bloc les idéaux d’amour et de paix, s’est réfugiée dans un sectarisme primaire.
Nous faisons alors la connaissance de Markus et de sa petite famille : Lizzy, son épouse aimante et Sophia, leur adorable fillette de cinq ans. Dans son joli pavillon de banlieue, ce petit monde paraît mener une vie normale et harmonieuse. Un léger détail cependant. Ce sont des satanistes complètement dégénérés dont le seul but dans l’existence est de permettre l’ouverture des portes de l’enfer pour faciliter le retour du Diable sur Terre. Pour cela et comme leur maître l’exige, ils devront perpétrer le plus d’abominations possibles en massacrant d’innocentes victimes.
Pour cette mission, Markus s’allie les services de Roland, un tueur psychopathe alcoolique, fidèle compagnon de ses beuveries. Cet homme bedonnant passe l’essentiel de son temps à sniffer des rails de verre pilés ou à faire l’amour à sa femme morte et refroidie (et accessoirement enceinte) depuis longtemps, dont le corps ensanglanté gît toujours sur le lit conjugal. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’association de la famille tarée et du serial killer va faire des ravages…
Avec un scénario aussi épais que le fil à couper le beurre, The Gateway Meat n’a pas pour vocation de se faire apprécier pour la profondeur de son message ni pour ses qualités artistiques. Tourné en underground et à la limite de l’amateurisme, le film de Ron DeCaro représente un immense défouloir dans lequel l’amateur de sensations fortes vient assouvir, sans culpabiliser le moins du monde, ses instincts les plus avilissants. D’autant que DeCaro n’est vraiment pas avare en images chocs et en scènes scabreuses.
En effet, le film regorge de séquences non seulement gorissimes mais aussi de situations malsaines et immorales, propices à installer le spectateur dans un climat de malaise permanent. Le ton extrêmement réaliste utilisé par le réalisateur, l’ambiance poisseuse dans laquelle se déroule la plupart des exactions, la participation d’une fillette à des événements moralement condamnables, les effets spéciaux bluffant, tout cela n’est évidemment pas étranger à l’inconfort notoire que l’on ressent lors de la projection. A tel point que l’on a la désagréable impression par instants d’assister à un véritable snuff movie. Les connaisseurs feront remarquer qu’il se dégage de cette œuvre comme un air de déjà-vu.
Surtout et en particulier avec le triptyque August Underground. Eh bien, justement non. Ça serait plutôt le contraire, à vrai dire. Bien que Vogel soit de la partie, The Gateway Meat se démarque nettement du style de l’infâme trilogie. Mis à part des dialogues fleuris qui parsèment le film de « fuck » ou « bitch » (dialogues désormais inhérents au cinéma extrême), tout oppose les August Underground au film de Ron DeCaro. Ce dernier propose des images nettes, quelques plans apaisants (mais oui !) et sa caméra ne donne en aucun cas le tournis. Quant aux acteurs (qui certes ne remporteront pas l’Oscar d’interprétation), ils ne donnent pas dans la surenchère hystérique.
D’ailleurs, comme dans le cinéma underground, tout le monde met la main à la patte par souci d’économie, le réalisateur s’est octroyé le premier rôle du film à l’instar de ses collègues Olaf Ittenbach ou Brian Paulin. Sur le fond et bien que beaucoup de scènes affichent une ultra violence totalement gratuite, The Gateway Meat a le mérite d’établir le constat peu reluisant d’une société américaine et de la jeunesse en particulier, en pleine déliquescence des mœurs.
Le réalisateur cogne (au sens propre comme au sens figuré) d’ailleurs allégrement sur cette jeunesse avachie et léthargique qui se perd dans l’alcool et les substances illicites pour oublier la vacuité de son existence. Bien que traitée trop superficiellement, l’initiative du réalisateur s’avère louable. Rassurez-vous, je n’oublie pas le gore. Impossible en l’occurrence d’énumérer toutes les scènes sanglantes tant elles sont nombreuses.
Retenons tout de même une énorme scarification à la lame de rasoir, un égorgement spectaculaire avec extraction de la langue au travers du gosier sectionné ou encore un homme complètement carbonisé par une pince d’allumage électrique accrochée à son pénis.
Mais les scènes les plus choquantes demeurent sans conteste celles qui piétinent la décence et font voler en éclats toute moralité. Petit florilège : Roland le psychopathe boit amoureusement le sang qui dégouline du cadavre de sa femme ; Sophia (la fillette de cinq ans) se délecte elle aussi du sang des victimes projeté sur les murs ; Markus et son épouse se livrent à un coït frénétique au-dessus d’une baignoire remplie de morceaux humains.
Et pour finir en beauté, il y a ce pervers qui regarde un film pornographique sur son ordinateur portable, film dans lequel on voit un homme introduire sa tête dans le vagin ultra dilaté de sa partenaire ! Quant à la séquence finale où Markus met un revolver dans les mains de sa gamine, puis appuie sur la détente pour dégommer deux victimes, elle se passe de commentaire. Visages tuméfiés, plaies béantes, chairs meurtries, Ron DeCaro ne nous épargne rien et nous accable par une horreur quasi paroxystique.
En se complaisant dans ces situations sordides, le réalisateur n’opère jamais la distanciation nécessaire pour alléger son métrage d’une atmosphère glauque et nauséabonde au possible. Et c’est là finalement toute la force du film. Pour une fois, il n’y a pas eu tromperie sur la marchandise. The Gateway Meat est bien la bombe annoncée. De plus, le film s‘avère être une excellente surprise au niveau de la qualité cinématographique, toute proportion gardée évidemment.
Il est bien dommage que Ron DeCaro ait depuis disparu des radars de l’underground (un seul court-métrage, Emancipation en 2011) car ce cinéaste américain avait le potentiel pour aller titiller les maîtres absolus de l’art extrême que sont les réalisateurs japonais. En conclusion et au vu de ses qualités, je pense pouvoir affirmer que ce film s’impose comme la nouvelle référence du cinéma trash américain.
Note : 17/20