Sortons un peu des sentiers battus aujourd'hui. Point de ciné actu, point de science fiction ni d'action, point de top 2015-2016, de rétrospective sous acide. Ici, du terroir, et du frais.
Ça y est, ce bonhomme est parti, lui qui en rêvait... Galabru, assommé par les critiques, maintenu en vie par son amour inconditionnel du théâtre de boulevard, laisse derrière lui un parcours riche de 250 films. Alors oui on le connaît surtout pour la saga du Gendarme, mais notre Michel national, c'était surtout une carrière incroyablement fournie en nanars intergalactiques qui tachent. Mais on l'excuse, et on en redemande presque, car qui dit film alimentaire, et comédie franchouillarde, dit Panthéon de la pellicule hypnotisante.
Alors j'ai envie de parler de lui, cet "acteur" de cinéma mythique, qui détestait le cinéma, jusqu'à la moelle (on se souviendra de la passion torride qu'il a pu entretenir avec sa scène-hommage de Bienvenue Chez Les Ch'tis, l'affligeant de cette "réplique à la con", comme il a pu si bien le dire, motivée uniquement par un "salaire doublé"). Et peu importe, car Galabru reste un monument de la comédie à la française, et se dresse comme l'une de ses trognes mythiques ! Passons donc la chronique usée d'une saga trop célèbre, et attaquons un morceau d'un film carrément barré de l' adjudant Gerber : Les Vacanciers, de Michel Gérard, sorti en 1974. Cette chronique n'adoptera pas la forme habituelle, et sera traitée sous forme d'épisodes, car je compte bien éplucher cette perle. Et n'en doutez point, elle s'étalera légèrement, en parallèle des hommages formatés de TF1. Pour quoi faire finalement ? Pour vous faire découvrir une autre facette du comédien, voire vous faire découvrir un ancien cinéma bien français comme on n'en fait plus (quoique...), et vous donner envie, si vous êtes bien fous comme je le suis, de mater cette bobine de plus de quarante ans.
Passons les détails techniques, ce film embaume le Ricard. Aux côtés d'un Paul Préboist en forme, Galabru va multiplier les improvisations burlesques et ultra nanardes pour le plus grand bonheur des amateurs de bonne bouffe à la franquette. Ici ni scénario, ni direction d'acteurs, on sent le film de potes, et c'est entraînant de What the Fuck. J'adore Michel Galabru, et j'aimerais lui rendre hommage en chroniquant ici l'un de ses films méconnus, qu'il aimait oublier.
On commence avec une Citroen DS (wouhou !) sur les routes campagnardes d' Alsace (double wouhou dans ta tête !!!). Et le ton est donné sans attendre.
Doooouze mois par an de vacaaaaances, et tout le reste pour récupéreeeer !
À peine le générique entamé qu'il suffit de fermer les yeux pour se croire en pleine journée spectacle de Dimanche après-midi dans la cour de la salle des fêtes de Paumé-en-Brie. Enfin oui, il suffit de fermer les yeux et d'oublier que la musique est carrément coupée dès que la caméra passe à l'intérieur de la caisse blanche, pour laisser place à quelques dialogues d'utilité publique et tout à fait réalistes.
(Notons qu'ils sont à 5 minutes de leur hôtel Alsacien)
Maman : - Mon chéri ?! T'es content d'être en vacances avec nous !
Fils : - Non pas du tout.
(La Maman se retourne tout sourire ce qui est tout à fait normal)
Ou encore le cultissime :
Fille : - Maman, dit à Philippe de fermer sa fenêtre !
Fils : - Maman, dit à Charlotte qu'elle est grooooosse.
Pour terminer frais comme un gardon fourré à la meth bleue avec :
Maman (s'adressant à Préboist qui conduit) : - Tu dors ?!
Préboist : - Booooooooooooooooooh (coupure montage)
Vous voyez le genre ?
Qu'à cela ne tienne, le générique est terminé, et nous voilà transporté dans l'action.
Comme un cheveu sur la soupe, une camionnette de la Gendarmerie apparaît derrière la Citro, provoquant sans raison une peur de toute la famille (si des gendarmes roulent derrière vous en pleine journée, mieux vaut filer droit, dixit Philippe). Notons d'ailleurs l'absence de la-dite camionnette sur tous les plans précédents.
Pas une minute à perdre ! Franchissons la ligne continue et garons nous sur le bas-côté pour attirer messieurs les gendarmes Jean-Claude Moustachu et Claude François 'aka' brushing ringue. Ils sont pas contents les hommes de loi, mais oh ! Une jolie fille sur le siège arrière ! Laissons la place à quatre gros plans visages et trois notes de love-synthé, et terminons sur la gueule d'amour et sa réplique en sucre : " Pour cette fois je ferme les yeux ". Allez on sait que tu veux la pécho, mais dommage pour toi je suis sûr qu'on te verra plus une seule fois dans le reste du film. Et dire qu'elle avait l'air totalement in-love de ta tignasse, elle va jusque s'en mordre la lèvre inférieure !
OH !!! Et on repart sur "Dooooooouze mois par aaaaan de vacaaaaaances [...]"
Chouette !
Bon on arrête les bêtises, ils arrivent chez leur hôte, qui se trouve être un Galabru vendeur de vin/maire/alsacien à l'accent pas alsacien/pas au courant qu'il a des clients.
Et c'est parti pour notre premier gag ! Attachez vos ceintures ! Et oui ! Et oui ! C'est un beau crochet de tendeur pris dans le visage par un Paul Préboist aux aguets !!! " Ouïe Aïe "
Et le second round n'attend pas puisque 10 secondes exactement suffisent pour reproduire le gag à l'identique !!! C'est une ruée vers la comédie ! MDR.
Oh ! Attendez ! Le film n'a pas dit son dernier mot !!! Paul Préboist se fait bousculer quelques secondes après !!! FINISH HIM. Le spectateur est hilare.
Non je me moque mais c'est amusant tellement c'est étrange. Même les acteurs se marrent parce qu'ils font tomber des objets du décors. En plus je viens de remarquer que Philippe et sa sœur sont habillés carrément pareil (une espèce de tenue entièrement typée LSD seventies, on ne lésine pas sur les costume chez Michel Gérard).
Et voilà Galabru qui sort accueillir ses non-clients ! Non vraiment là ça me fait taper des barres, je kiffe sa voix, à chaque fois sa manière de parler me tue de rire. P*tain vraiment, je suis genre fan.
En plus il s'appelle M. Frankensteinmulh mais WHAT ?! Et cette famille que l'on suit en voiture depuis la première minute, c'est la famille Chaton ! Sincèrement, j'aimerais retrouver et collectionner le bout torchon où ont été écrits ses noms quand les scénaristes étaient torchés au pastis, parce que c'est collector. Je suis plié, c'est whoa, je suis hypnotisé.
Mais voilà, malheureusement je vous laisse sur cette euphorie de noms de famille (il est genre minuit et demie), ce premier épisode est terminé. Quittons nous sur une présentation des plus incroyables :
La Maman, à Galabru : - Nos deux enfants, Philippe et Charlotte. Philippe à cause du Maréchal, et Charlotte à cause du Général. (rire de fierté quant à l'humiliation)
Sur ce Galabru s'énerve, et moi je vous dis à la prochaine !