Triste début d'année 2016 avec la disparition d'un énorme acteur. Michel Galabru est décédé dans son sommeil ce lundi 04 janvier 2016 à l'âge de 93 ans.
Né en 1922 au Maroc, où son père ingénieur aux Ponts et Chaussées participe à la construction du port de Safi. De retour en France il grandit dans la maison familiale de Bousquet-d'Orb dans l'Hérault. Il a deux frères, l'ainé est décédé à l'âge de 18 ans de la tuberculose et son cadet, Marc dont la mort en 2014 qui la marqua particulièrement.
Le jeune Michel rêvait d'abord de devenir footballeur pro, digne supporter du Stade Olympique Montpelliérain. Finalement petit à petit il se dirige vers le théâtre, notamment en se prenant de passion pour Tino Rossi (dont il adopte la coupe de cheveux !) et Sacha Guitry dont le passé de cancre lui convient naturellement. Il dira d'ailleurs : "J'ai été mis dehors de sept écoles différentes. Guitry a été viré douze fois. Ca prouve bien qu'il avait plus de talent que moi."
Après le collège à Montpellier il monte à Paris au Lycée Saint-Louis de Gonzague à Paris 16ème. Ensuite il passe en fac de droit pour obéir à son père avant d'être requis par le STO. Il est envoyé alors dans un camp de travail en Autriche puis en Yougoslavie (comme forgeron) où il est libéré par les troupes de Tito.
Revenu à Paris il prépare son entrée au Conservatoire National d'Art Dramatique. Après trois ans d'études couronné par un premier Prix du Conservatoire il intègre la Comédie Française en 1950.
Si il se destine au théâtre il début sur grand écran pour une petite apparition comme sapeur-pompier dans le film "La bataille du feu" (1948) de Maurice de Canonge. Réalisateur qu'il retrouve encore deux fois (soit 3 films sur ses 5 premiers) avec "Dernière heure - édition spéciale" (1949) et "Trois de la Canebière" (1955).
Au théâtre il débute sur les planches en 1950 avec "George Dandin ou le mari confondu" et "Barabbas". Il reste à la Comédie Française jusqu'en 1957 où il y jouera les grands auteurs de Shakespeare à Molière en passant par Feydeau, Marivaux ou encore Courteline.
Outre ses apparitions dans les films de Canonge, Michel Galabru se voit offrir son premier grand rôle dans le film "Ma femme, ma vache et moi" (1951) de Jean-Devaivre. La voie s'entr'ouvre pour le cinéma et accumule les petits rôles dans des films mineurs mais petit à petit il se fait une place et obtient des rôles de plus en plus conséquent.
Citons surtout "L'Eau à la bouche" (1959 - ci-dessus) de Jacques Doniol-Valcroze, "Un soir sur la plage" (1961) de Michel Boisrond, "La Fayette" (1961) de Jean Dréville, "Tartarin de Tarascon" (1962) de Francis Blanche et surtout le populaire "La Guerre des Boutons" (1962) de Yves Robert.
Après avoir croisé Fernandel et Gilles Grangier (réalisateur) pour "Le Voyage à Biarritz" (1963) et "La Cuisine au Beurre" (1963) Michel Galabru voit sa carrière prendre un virage important avec le succès populaire et intemporel de la comédie "Le Gendarme de Saint-Tropez" (1964 - ci-dessus et ci-dessous) de Jean Girault dans lequel il interprète l'adjudant-chef Gerber. Si la star est Louis De Funès le succès permet à Galabru d'entrer par la grande porte dans le coeur du public français. Il sera de toutes le suites de la saga...
L'acteur est connu pour ses comédies plus ou moins réussies, plus ou moins gauloises. Après son petit rôle dans "Angélique et le Roy" (1965) de Bernard Borderie il accumule les comédies avec "La Bourse et la vie" (1966) de Jean-Pierre Mocky, retrouve De Funès pour "Le Petit Baigneur" (1968) de Robert Dhéry et "Jo" (1971) de Jean Girault (réal qu'il retrouve encore après "Un drôle de colonel" (1968), "La grande Maffia" (1971) de Philippe Clair, "Quelques messieurs trop tranquilles" (1971 - ci-dessous) de Georges Lautner...
Il ets aussi docteur dans "Le Viager" (1972) de Pierre Tchernia, suivi de "Elle cause plus, elle flingue" (1972) de Michel Audiard et retrouve Tchernia pour "Les Gaspards" (1973).
S'il est toujours omniprésent dans diverses comédies il joue aussi dans des films beaucoup lus sérieux comme dans "Section Spéciale" (1974) de Costa-Gravas, et surtout dans le chef d'oeuvre "Le Juge et l'Assassin" (1976 - ci-dessus) de Bertrand Tavernier pour lequel il gagne le César du meilleur acteur 1977 (ci-dessous). La consécation et le reconnaissance de son talent quasi inattendue pour ce qui reste un de ses meilleurs rôles.
Etonnament s'en suit plusieurs films sans intérêts, des nanards oubliés avant de jouer dans le succès "La Cage aux folles" (1978 - ci-dessous) de Edouard Molinaro et "Flic ou Voyou" (19787) de Georges Lautner. Il retrouve les uns dans "La Cage aux folles II" (1980) et les autres pour "Le Guignolo" (1980).
Il joue dans le drame policier "Le Choix des Armes" (1981) de Alain Corneau avant de retrouver pour une énième et denrière fois son comparse dans le dernier film (et le plus mauvais !) de Louis De Funès avec "Le Gendarme et les gendarmettes" (1982).
Il fait partie du "film qui a coûté plus cher que le débarquement" (à cause de son casting impressionnant), "Papy fait de la résistance" (1983 - ci-dessus) de Jean-Marie Poiré dans lequel il devait retrouver Louis de Funès décédé peu avant le tournage. Ce dernier devait jouer le rôle du demi-frère de Hitler (joué ensuite par Jacques Villeret), et non pas le rôle de Papy (Galabru) comme on peut le lire encore.
Il enchaine avec un chef d'oeuvre, le drame "L'Été Meurtrier" (1983 - ci-dessous) de Jean Becker où il est le père malheureux de Isabelle Adjani.
Il retourne à plus léger avec "Réveillon chez Bob" (1984) de Pierre Granier-Deferre avant de retourner à des films plus sombres comme "Notre Histoire" (1984) de Bertrand Blier et "Subway" (1985) de Lub Besson.
Jouant toujours très régulièrement au théâtre, il passe un cap en 1984 en rachetant le théâtre délabré du Conservatoire Maubel pour sa fille Emma. Après travaux il prendra le nom de Théâtre Montmartre Galabru.
En 1985 il rachète aussi le théâtre de 10 Heures pour en faire un trempin pour de jeunes talents mais cette fois il ne pourra tenir que 4 années sur ce projet.
Il crée le festival "Les Estivales de Malaucène" dans le Vaucluse qui accueille jusqu'à 50000 spectateurs avant de cesser au bout de 8 années. Dans le même temps il donne des cours de théâtre.
Michel Galabru tourne beaucoup, il semble ne pas savoir dire non. Il tourne une multitude de comédies entre quelques chef d'oeuvres et Grands films. La fin des années 80 est oubliable jusqu'au film historique "La Révolution Française" (1989) de Robert Enrico et l'excellent "Uranus" (1990) de Claude Berri.
Les années 90 voit une baisse de régime, sans doute la première décennie à tourner aussi peu et dans aussi peu de bons films. Il se rappelle au Grand Public avec le succès de "Astérix et Obélix contre César" (1999 - ci-dessus) de Claude Zidi où il incarne le chef Abraracourcix.
Il retrouve aussitôt le réalisateur Bertrand Blier pour son hommage dans "Les Acteurs" (2000). Il accepte ensuite de se raser le crâne pour la comédie policière oubliable "San Antonio" (2003) de Frédéric Auburton et participe à l'expérience comique et sous-estimé "Les Clefs de Bagnole" (2003) de Laurent Baffie.
Il se lance aussi dans le doublage voix pour les films d'animation "La prohétie des grenouilles" (2001) et "Le Manège enchanté" (2004), et plus tard pour "Hôtel Transylvania II" (2015) dont Vlad sera son denrier rôle sur grand écran !
Ces dernières années on l'a vu dans "La Jeune fille et les loups" (2007) de Gilles Legrand, "Bouquet Final" (2007) de Michel Delgado, "Neuilly sa mère" (2008) de Gabriel Julien-Laferrière, et surtout dans le succès énorme "Bienvenue chez les Ch'tis" (2008 - ci-dessus) de Dany Boon dans lequel son apparitions de seulement quelques minutes est restée dans les mémoires.
Il joue ensuite dans le drame "Un poison violent" (2010 - ci-dessous) de Katell Quilévéré avant de retourner à la comédie familiale avec l'adaptation "Le Petit Nicolas" (2010) de Laurent Tirard.
Omniprésent au cinéma, il l'a toujours été également sur les planches. Il obtient le Molière du meilleur comédien à 85 ans, en 2008, pour son rôle dans "Les Chaussettes - opus 124". Il jouera de nombreuses fois les pièces de Marcel Pagnol, allant jusqu'à rejouer "La femme du boulanger" en 2012.
Il jouera sur scènes son texte autiobiographique "Cancre" jusqu'en août 2015, à la mort de sa femme.
La mort de son frère en 2014, suivi de son épouse cet été a considérablement affaibli l'acteur.
Michel Galabru a joué plusieurs centaines de rôles dont près de 250 films (sans compter les téléfilms, séries tv, pièces de théatre... etc...). Quand on tourne et qu'on joue autant il y a inévitablement un nombre certain de nanards et autres navets que sa modestie et sa franchise ont toujours su tirer profit. Néanmoins il ne faut pas oublier aussi ses performances dignes des plus grands dans plusieurs grands films.
Michel Galabru est à l'image de sa bonhommie impayable. Un acteur exceptionnel et terriblement touchant... Il nous manquera...Michel Galabru est décédé ce lundi 4 janvier 2016 pendant son sommeil à l'âge de 93 ans...