Genre : horreur, épouvante, science-fiction (interdit aux - 12 ans)
Année : 1979
Durée : 1h56
L'histoire : Le vaisseau commercial Nostromo et son équipage, sept hommes et femmes, rentrent sur Terre avec une importante cargaison de minerai. Mais lors d'un arrêt forcé sur une planète déserte, l'officier Kane se fait agresser par une forme de vie inconnue, une arachnide qui étouffe son visage. Après que le docteur de bord lui retire le spécimen, l'équipage retrouve le sourire et dîne ensemble. Jusqu'à ce que Kane, pris de convulsions, voit son abdomen perforé par un corps étranger vivant, qui s'échappe dans les couloirs du vaisseau.
La critique :
Dès son tout premier long-métrage, Les Duellistes en 1977, Ridley Scott obtient déjà la reconnaissance du noble Septième Art. En effet, le métrage est salué et même récompensé au festival de Cannes. Paradoxalement, Les Duellistes se solde par un échec commercial lors de sa sortie au cinéma. Dépité, Ridley Scott a alors pour projet d'adapter un opéra, Tristan et Isolde.
Parallèlement, le réalisateur découvre et admire le travail de George Lucas sur Star Wars : La Guerre des Etoiles. Ridley Scott décide à son tour de réaliser un film de science-fiction. Ce sera Alien : le huitième passager, sorti en 1979. Le long-métrage doit être la fois la réponse et l'antithèse de Star Wars. Ambitieux, Ridley Scott veut réaliser un film qui mélange science-fiction, huis clos et horreur.
Ridley Scott l'ignore encore. Mais Alien : le huitième passager va devenir un véritable phénomène et inspirer à la fois plusieurs suites et de nombreux succédanés. Au moment de sa sortie, le long-métrage obtient un immense succès. Même la presse cinéma et les critiques sont unanimement panégyriques. Néanmoins, Ridley Scott décide de laisser la saga en déshérence.
Pas James Cameron qui réalisera une suite, Aliens : le retour, quelques années plus tard. Suivront deux nouveaux épisodes, puis deux ersatz avariés (Alien Vs Predator et Alien Vs Predator : Requiem). A ces films, s'ajoutent de nombreuses séries B dérivées : Alien : la créature des abysses, Evil Aliens, Planète Hurlante ou encore Contamination, pour ne citer que ces exemples.
Il faudra attendre 2012 pour que Ridley Scott réalise Prometheus. Initialement prévu et/ou conçu comme une préquelle, le film évolue finalement vers une histoire indépendante. A l'origine, c'est Walter Hill qui devait réaliser Alien : le huitième passager. A l'époque, Ridley Scott ne fait pas encore partie des priorités de la 20th Century Fox. D'autres cinéastes seront approchés : Robert Aldrich, Peter Yates et Jack Clayton refusent poliment l'invitation pour des raisons diverses.
Le producteur David Giler a beaucoup apprécié le travail de Ridley Scott sur Les Duellistes lors de sa présentation au festival de Cannes. David Giler décide de faire confiance à ce réalisateur encore méconnu à la fin des années 1970. Ridley Scott accepte évidemment le projet.
Pour le scénario d'Alien, le cinéaste possède plusieurs influences, notamment 2001 : l'Odyssée de l'Espace (Stanley Kubrick, 1968) et Star Wars : La Guerre des Etoiles (que j'ai déjà cité). Vient également s'ajouter une série B de science-fiction et d'horreur beaucoup plus obscure. Son nom ? La planète des Vampires (Mario Bava, 1965) qui raconte le voyage puis l'arrivée d'un équipage d'astronautes sur une planète hostile et peuplée d'extraterrestres aux intentions bellicistes.
Pour Ridley Scott, c'est une révélation. Avec l'aide de son équipe technique et des effets spéciaux, Ridley Scott souhaite concevoir une créature terrifiante, longiligne et dotée de crocs acérés et rétractables. Le monstre doit être à la fois le produit d'une mutation et d'une contamination. Thème sur lequel nous reviendrons.
La distribution du film réunit Sigourney Weaver, Tom Skerritt, Veronica Cartwright, John Hurt, Yaphet Kotto, Ian Holm et Harry Dean Stanton. Attention, SPOILERS ! Le vaisseau commercial Nostromo et son équipage, sept hommes et femmes, rentrent sur Terre avec une importante cargaison de minerai. Mais lors d'un arrêt forcé sur une planète déserte, l'officier Kane se fait agresser par une forme de vie inconnue, une arachnide qui étouffe son visage. Après que le docteur de bord lui retire le spécimen, l'équipage retrouve le sourire et dîne ensemble. Jusqu'à ce que Kane, pris de convulsions, voit son abdomen perforé par un corps étranger vivant, qui s'échappe dans les couloirs du vaisseau.
La chasse à l'extraterrestre peut commencer. A moins que ce ne soit l'inverse...
Certes, en apparence, le scénario d'Alien : le huitième passager peut paraître simpliste et laconique. Pour réaliser ce futur classique du cinéma d'horreur et de science-fiction, Ridley Scott s'est abreuvé de séries B (voire Z) de SF des années 1950. En outre, le cinéaste devra même supporter les longues séances de "nanardise" de It ! The Terror from beyond Space (Edward L. Cahn, 1958).
Alien : le huitième passager doit aussi symboliser cette rupture rédhibitoire avec Star Wars. Fini le space opera avec ces batailles spatiales et ces sabres lasers ! L'univers ne doit plus être le centre d'une guerre ou plutôt d'une dichotomie entre le bien et le mal, mais un espace étriqué et corseté par une créature à l'aura comminatoire. La grande force du film repose évidemment sur cet extraterrestre de cauchemars.
Ridley Scott joue avec les nerfs du spectateur et se garde bien de révéler le design et l'étrange complexion de son monstre espiègle. Ce dernier trouve ses origines sur une planète en déshérence, plus précisément dans d'énormes cocons dégageant un épais brouillard et recélant des arachnides aux tentacules oblongues. Un des membres de l'équipage, Kane (John Hurt), est nûment assailli par une ces créatures protéiformes. L'Alien se mute alors en épidémie virale.
Les chasseurs vont devenir peu à peu les chassés. Pis, l'Alien se montre d'une intelligence retorse et redoutable. La créature se mure dans le silence, guette patiemment sa proie, se farde dans des couloirs obliques et labyrinthiques, avant d'apparaître pour ne laisser que quelques gémissements et traces de sang derrière elle.
Mais l'Alien ne se contente pas d'assassiner, de muter et de tortorer. Ses victimes deviennent à leur tour des produits de substitution et surtout de fécondation. Cette fois, le monstre surgit des entrailles. Il ne ressent aucune peur, aucun stress, aucune émotion. Il est la parfaite machine à tuer, cette nouvelle égérie de la guerre que le capitalisme voudrait exploiter à des fins pernicieuses et militaires.
Le scénario du film prend alors une autre tournure. Bien des siècles après notre ère, le monde humain n'a pas tellement changé, semble nous dire Ridley Scott. La priorité n'est donc plus de survivre, mais de rapatrier la créature à ces marchands d'armes, ces margoulins et ces capitalistes à la logique vénale et fallacieuse. Evidemment, le film peut s'appuyer sur de nombreuses séquences de frousse solidement troussées : l'attaque d'un membre de l'équipage sous le regard hébété d'un félin, la mort du capitaine Dallas (Tom Skerritt) dans les coursives vespérales du Nostromo, et bien sûr la conclusion finale.
Bref, on tient là "le" classique du cinéma d'horreur et de science-fiction, en tout cas une nouvelle référence en matière de terreur et de frayeurs.
Note : 19/20